Banques responsables!

Serge Ledermann, 1959 Advisors

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La Grande Crise Financière de 2008 ne semble pas avoir freiné de manière significative les mauvaises pratiques.

Je me surprends tous les jours à voir à quel point les dangers environnementaux progressent et combien si peu est entrepris pour les réduire. Même nos vaillants représentants du Conseil National arrivent cette semaine à refuser un projet équilibré visant à réduire les émissions de CO2! Alors quand je lis l’initiative, lancée par 28 banques internationales (dont aucune américaine) sous l’égide des Nations Unies, intitulée «principes de banques responsables», je m’interroge. Cela résonne comme un oxymoron! La Grande Crise Financière de 2008 ne semble pas avoir freiné de manière significative les mauvaises pratiques. Il suffit d’ouvrir quotidiennement la presse financière pour apprendre – souvent par le détail – comment  des banquiers danois, allemands, anglais ou malais se sont arrangés pour contourner les règles et l’éthique dans la conduite de leurs transactions. Ne cherchez pas de message d’hostilité dans les nationalités évoquées, ce sont juste les origines glanées à la lecture des éditions du Financial Times de la semaine dernière…

Chacun développe son approche avec ses moyens et ses convictions,
car il n’y a pas de standard en matière de placement «durable».

La période de consultation pour cette initiative dure jusqu’à mai 2019 et suggère aux banques (et plus largement aux sociétés actives dans le domaine des services financiers) de considérer de manière pratique l’alignement de leur stratégie d’entreprise aux objectifs sociétaux tels que décrits dans les fameux 17 objectifs de développement durable émis par les Nations Unies. Le périmètre d’action est très large puisqu’il couvre aussi bien les questions de justice et d’égalité, de faim dans le monde, que les enjeux énergétiques et environnementaux. Dans ce contexte, les banques sont encouragées à revoir leur stratégie à l’aune des impacts positifs qu’elles peuvent générer tant pour leurs clients, leurs collaborateurs que pour leurs partenaires, tout en préservant le climat. Cela passe également par plus de transparence et un véritable engagement responsable. Poudre aux yeux, illusion, vœux pieux? C’est que certains détracteurs ou conservateurs endurcis prétendent, tant les termes de l’initiative sont vagues ou ouverts à diverses interprétations.

J’aimerais avoir ici une lecture plus optimiste de cette initiative. L’augmentation des exigences vient des utilisateurs des services bancaires. Ceux-ci doivent être plus regardants. Ils doivent exiger plus de transparence sur la manière dont les établissements concernés considèrent les conditions de travail, servent leurs clients, réduisent leur empreinte carbone ou encore choisissent leurs investissements financiers. Ce point me paraît particulièrement d’actualité, dans la mesure où les acteurs de la gestion d’actifs ont désormais reconnu la nécessité d’avoir une politique de placement «durable». Chacun développe son approche avec ses moyens et ses convictions, car il n’y a pas de standard en la matière. Ce que de nombreux gérants n’ont pas encore fait, c’est se poser la question de l’alignement de leurs principes de gestion d’entreprise sur les critères de durabilité de la gestion de leurs investissements. Cette question est absolument essentielle à mes yeux. Comment peut-on aujourd’hui confier ses capitaux en gestion à une entreprise qui ne tient pas compte des principes de «banque responsable» ou qui n’est pas prête à s’exprimer à ce sujet? La transparence est un exercice délicat lorsqu’on l’a peu pratiquée. Je suis convaincu qu’à l’avenir la segmentation du marché va s’opérer de manière croissante à travers ces critères.

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