Aux bénéfices de confirmer les attentes en 2021

Fernando Martins da Silva, BCV

2 minutes de lecture

Les marchés des actions conservent un potentiel de hausse pour cette année, mais il sera limité par l’incroyable fin de 2020.

Relance synchronisée des banques centrales et des gouvernements, taux bas, arrivée des vaccins. Les soutiens à l’économie mondiale – déjà bien rodés en 2020 – devraient lui permettre de croître de manière assez dynamique en 2021. Certes, le début d’année sera plus amorphe, conséquence des restrictions imposées par la lutte contre le coronavirus, mais la suite de l’exercice devrait se dérouler au rythme du rattrapage de l’activité. La dynamique plus ou moins forte de la croissance dépendra de l’attitude des consommateurs et autres acteurs économiques. Si les campagnes de vaccination tiennent leurs promesses, les stop-and-go de 2021 devraient tout au moins diminuer en intensité à défaut de disparaître complètement.

Justifier les valorisations élevées

Une telle activité économique, soit une croissance sur le plan mondial de 3,8% sur l’année, serait suffisamment robuste pour soutenir une progression des bénéfices d’environ 15% sur douze mois. Les politiques des banques centrales devraient de leur côté contenir la hausse des taux longs – et ainsi justifier le niveau des multiples boursiers. Si l’on prend en exemple le marché américain, les titres s’échangent en moyenne plus de 20 fois les bénéfices attendus – soit au-dessus de la moyenne à long terme de 16x –, cette valorisation élevée se justifie et explique le potentiel de hausse prévu pour 2021 à condition que les bénéfices croissent de 15% en 2021 et que les rendements des bons du Trésor à 10 ans restent en dessous de 1,3%-1,5%.

Nous préconisons une pondération neutre en actions
avec un biais haussier sur consolidation.

Le potentiel de progression des actions est cependant limité à 10% environ, soit en dessous de la progression des bénéfices, car ce scénario est déjà grandement compris dans les prix. L’optimisme ambiant augmente le risque de déception lors de toute mauvaise nouvelle. Dans ce contexte, nous préconisons une pondération neutre en actions avec un biais haussier sur consolidation. Du moins tant que les courbes des bénéfices et des marchés ne s’écartent pas trop, elles qui évoluent de manière plus ou moins synchronisée, mais pas parallèle depuis la reprise estivale de 2020.

Biais cyclique modéré

Tactiquement, les mouvements de baisse devraient permettre d’ajuster la partie cyclique du portefeuille. Si, dans la foulée de 2019, 2020 a fait la part belle aux grosses capitalisations, notamment suisses et américaines, ou à la technologie, le rebond des titres plus sensibles à la conjoncture en fin d’année laisse entrevoir des opportunités pour 2021.

Le match entre les grandes capitalisations, la technologie, les valeurs de croissance et les plus petites sociétés, l’industrie, les banques ou encore les titres Value va se resserrer. Ce qui ne signifie pas de facto que la cyclicité va s’imposer sur le long terme. Ainsi, les petites et moyennes capitalisations américaines, voire suisses, ont l’avantage de présenter une cyclicité que l’on peut qualifier de modérée. Elles comprennent en effet des titres diversifiés qui en atténuent la dépendance à l’évolution de la conjoncture. Elles figurent en bonne place pour bénéficier d’un mouvement de reflation en cas de vaccination à large échelle contre le coronavirus et d’une reprise de l’activité. Leur valorisation actuelle laisse en outre entrevoir un potentiel de rattrapage intéressant surtout en période de baisse de l’aversion au risque.

Entre banques et technologie

Autres thèmes à privilégier dans un tel scénario, les marchés d’Asie du Sud-Est bénéficient de leur proximité avec la Chine, de leur gestion de la crise sanitaire et de leur exposition à la technologie. Les valeurs industrielles et les matériaux apprécient tout rebond de l’activité, notamment en Chine. Les valeurs financières américaines soulèvent également de l’intérêt dans un environnement qui leur sera plus favorable en 2021. Les taux, même s’ils restent bas, devraient progresser outre-Atlantique. Le secteur est en outre moins dépendant des activités d’intérêts et plus sensible à la bonne dynamique des marchés financiers que son homologue européen par exemple.

Les GAFAM sont dans le viseur de plusieurs autorités de la concurrence, ce qui constitue
plus une menace pour les sociétés présentes dans les services de communication.

L’évolution des taux ne sera pas sans conséquence pour la technologie et les valeurs de croissance. Elles ont globalement bénéficié jusqu’alors d’une baisse des taux qui – sauf accident de croissance – ne devrait pas se poursuivre. Les GAFAM sont par ailleurs dans le viseur de plusieurs autorités de la concurrence, ce qui constitue plus une menace pour les sociétés présentes dans les services de communication – puisque c’est dans ce secteur que les Google, Facebook et Cie sont regroupés au sein de l’indice. Mais l’univers technologique ne se résume pas à ces géants. Les semi-conducteurs répondent bien à tout biais cyclique, comme l’a prouvé l’évolution des marchés en novembre dernier. Durant cette même période, les logiciels en revanche avaient sous-performé.

Reste que la période n’est guère favorable aux prévisions, qui plus est à long terme. Déjà vraie en temps plus normaux, l’analyse des indicateurs avancés n’en sera que plus importante en début d’année. L’économie reprend en effet les rênes et les bénéfices – donc la croissance – doivent confirmer l’espoir mis en eux.

A lire aussi...