L’idée selon laquelle la trajectoire de croissance finirait par retrouver son rythme tendanciel a longtemps été un principe fondamental de l’élaboration des portefeuilles. Nous ne sommes cependant pas dans un cycle économique classique. En 2024, les signaux traditionnels de récession aux Etats-Unis se sont révélés inefficaces: l'inflation a diminué sans que la croissance ne ralentisse.
Deux fois par an, les responsables et stratèges en investissement de BlackRock se réunissent à New York pour analyser en profondeur les perspectives de l’économie mondiale, des marchés financiers et leurs implications sur les stratégies d’investissement. La conclusion des dernières discussions montre que les investisseurs doivent naviguer dans un environnement très atypique où nombre de scénarios sont envisageables.
Cette année, des actifs à long terme, comme les obligations d’Etat américaines à 10 ans, ont montré une plus grande sensibilité aux imprévus de données à court terme.
Le monde est pleine mutation, sous l’impulsion des méga-forces telles que l’intelligence artificielle, la fragmentation géopolitique, les changements démographiques et la transition vers une économie à faible émission de carbone. Ces bouleversements entraînent des répercussions significatives sur la structure économique, rompant avec les schémas historiques. Les voies de transformation sont multiples, marquant une rupture avec l’ère prépandémique où les écarts de tendance étaient modérés.
Cette année, des actifs à long terme, comme les obligations d’Etat américaines à 10 ans, ont montré une plus grande sensibilité aux imprévus de données à court terme. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les marchés continuent d’interpréter les nouvelles informations par le prisme du cycle économique, malgré des changements structurels plus larges en cours.
Nos principaux thèmes d’investissement pour 2025 reposent sur trois idées:
- Les marchés financiers au cœur de la transformation
Les marchés de capitaux, y compris les marchés privés, joueront un rôle clé dans la gestion des transformations en cours. Bien que ces changements structurels entraînent des investissements considérables dans l’économie réelle, comme dans les centres de données et les systèmes énergétiques, les marges de manœuvre de la politique fiscale sont limitées en raison des niveaux élevés des dettes publiques. La satisfaction des besoins énergétiques croissants nécessitera à elle seule environ 3’500 milliards de dollars d’investissements annuels cette décennie. Les grandes entreprises technologiques rivalisent déjà avec le gouvernement américain en termes de dépenses en recherche et développement.
- Repenser l’investissement dans un contexte inhabituel
La transformation en cours pose des questions fondamentales sur la manière de structurer des portefeuilles dans un monde en constante évolution, sans tendance stable à long terme. Les investisseurs auraient tout intérêt à dépasser les classes d’actifs traditionnelles pour adopter des approches thématiques, tout en privilégiant des portefeuilles dynamiques et des vues tactiques.
- Une prise de risque mesurée mais audacieuse
À court terme, nous surpondérons les actions américaines. Les Etats-Unis semblent mieux positionnés que l’Europe dans le développement des infrastructures liées à l’IA, ce qui leur confère un avantage certain. La prudence reste toutefois de mise. Une hausse inattendue des rendements obligataires à long terme ou une intensification du protectionnisme commercial pourrait affecter le moral des investisseurs.
En résumé, 2025 s’annonce comme une année où les investisseurs devront naviguer avec soin dans un environnement en pleine mutation, en s’appuyant sur une réflexion stratégique et une flexibilité accrue.