2022 sous le signe de l’inflation

Fernando Martins da Silva, BCV

2 minutes de lecture

L’économie mondiale va poursuivre sa croissance, mais à quel rythme? Les incertitudes augmentent. Les effets de la hausse des prix, notamment aux USA, seront déterminants.

Après une année 2021 exceptionnelle, 2022 devrait enregistrer un rythme de croissance plus modéré, qui ressemble en fait davantage à ce que l’on a connu dans le passé. Mais cette normalisation n’est pas un simple retour à la situation d’avant l’émergence de la pandémie. L’environnement macro-économique a changé tout comme les enjeux, notamment en raison du retour de l’inflation.

Incertitudes croissantes

L’économie mondiale a pu rebondir de manière spectaculaire en 2021 grâce à l’engagement extraordinaire des autorités politiques et monétaires. Alors que les banques centrales réduisent leur soutien, l’activité devrait pouvoir compter sur les ménages et autres chefs d’entreprise pour assurer le relais. Croissance il y aura pour 2022, reste à savoir à quel rythme?

Les observateurs suivent actuellement attentivement l’évolution du moral des acteurs économiques.

La réponse dépendra notamment de la solidité de l’emploi aux Etats-Unis. Si les perspectives sont encourageantes, l’incertitude a crû en fin d’année. L’évolution du cadre économique reste sous la menace de l’évolution de la pandémie, de la confiance des ménages et de l’inflation.

Si la principale préoccupation lors d’un retour de l’inflation se concentre habituellement dans les mouvements des taux, les observateurs suivent actuellement attentivement l’évolution du moral des acteurs économiques. L’évolution des prix peut en effet venir troubler la croissance en pesant trop sur le revenu disponible des ménages et les marges des entreprises.

L’inflation aux Etats-Unis s’est renforcée en fin d’année 2021. La hausse des prix a été provoquée par la forte reprise de l’activité mondiale dans un monde habitué au «just in time», les goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, le bond des matières premières, les prémices de relocalisation de certaines productions, les changements structurels liés à la transition énergétique et autres sources de renchérissement des coûts de production. Hors énergie et alimentation, elle a atteint près de 5% alors que le coût de l’emploi, dont les salaires, progressait également plus rapidement que n’aurait pu le laisser présager un taux de chômage d’un peu plus de 4%.

Jusqu’alors trop laxiste et loin derrière la courbe des taux, la Fed a modifié son discours en décembre. Tout en restant flexible, notamment en raison de la pandémie, elle a annoncé une réduction plus rapide de ses injections de liquidités et envisage de relever deux à trois fois ses taux en 2022. Si une spirale inflationniste ne figure pour l’heure pas à notre scénario, la Fed parviendra-t-elle à gérer le mouvement sans nuire à la croissance? Une observation attentive des futures des taux donnera le la. Pour l’heure, les marchés affichent leur confiance.

Actions légèrement avantagées

Dans cet environnement, nous maintenons une légère surpondération des actions qui garderont un avantage sur les 12 à 24 mois. Leur expansion devrait se poursuivre, elle devrait cependant rester irrégulière et volatile. Notamment au cours des prochains mois. Les investisseurs garderont un œil sur la croissance et l’inflation, des paramètres cruciaux pour l’évaluation des bénéfices des entreprises. Ils y sont d’autant plus attentifs que les évaluations des actions sont élevées.

Les marchés suisses et américains constituent une source d’opportunités.

Les portefeuilles gagnent à couvrir le meilleur des thèmes offensifs et le meilleur des thèmes défensifs. Des secteurs qui peuvent bénéficier de la hausse des taux longs, comme les bancaires, notamment américaines. Des secteurs qui ont suffisamment de pricing power pour transmettre la hausse de leurs coûts de production à leur clientèle, notamment dans l’industrie. Ou des secteurs qui peuvent bénéficier des investissements attendus dans l’énergie, les infrastructures ou la santé.

Les marchés suisses et américains constituent une source d’opportunités. Que ce soit dans la pharma, les technologies liées à la transition climatique ou, dans un but de diversification, dans les petites et moyennes entreprises bien positionnées. Quant aux marchés émergents, ils dépendent des travaux en cours à Pékin pour réorienter le modèle de croissance chinois. Hors actions, une certaine diversification peut se faire dans le crédit, mais avec doigté, car le surplus de risque est peu rémunérateur.

Un franc toujours fort

Les investisseurs en franc gardent un œil sur l’euro dont le potentiel de renforcement semble limité. La politique très accommodante de la Banque centrale européenne ne laisse qu’une faible marge de manœuvre à la Banque nationale suisse. Le franc devrait donc évoluer de manière irrégulière avec un biais plus haussier que baissier contre l’euro.

Ainsi, si la croissance reste à l’ordre du jour pour 2022, les incertitudes ne cessent de l’entourer. A commencer par la pandémie.

A lire aussi...