2021, retour à la normale tant espéré?

Anick Baud, Bruellan

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Le rebond sera plus faible qu’envisagé il y a peu. La croissance du PIB suisse ne devrait être que de 3,0%, contre des attentes de 3,8% en octobre dernier.

Alors que se termine 2020, année durant laquelle la Suisse a vécu la récession la plus sévère mais aussi la plus courte de son histoire, le marché des actions se retrouve peu ou prou à son niveau de début janvier 2020, comme si rien ne s’était passé. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la création de richesse du pays, puisqu’il faudra probablement attendre encore deux ans pour retrouver le niveau d’avant crise, et de certains secteurs de l’économie, qui ont connu des bouleversements susceptibles de remettre en cause de manière durable leurs modèles d’affaires.

La Suisse a plutôt mieux traversé la crise que la plupart de ses voisins et partenaires commerciaux. En effet, même si son PIB reste 2% en deçà de son niveau d’avant crise, la perte globale de valeur ajoutée est globalement plus faible qu’ailleurs. L’impact du choc a certes été immense en termes absolus, mais le pays a pu compter sur un certain nombre d’atouts pour l’absorber. Parmi lesquels, l’ampleur et la rapidité des mesures prises pour aider les entreprises (prêts Covid-19, chômage partiel) mais également la structure de son économie, fortement dépendante des exportations pharmaceutiques, lesquelles ont permis d’absorber une partie du manque à gagner.

Le marché des actions suisses a réussi à récupérer toute la baisse du mois de mars
mais fini même l’année en légère progression par rapport à fin 2019.

Au final, selon le groupe d’experts de la Confédération, le PIB suisse devrait reculer de «seulement» 3,3% en 2020, alors que les estimations d’octobre prévoyaient encore une baisse de 3,8%. De fait, la reprise s’est avérée plus vigoureuse que prévue dès le printemps et même si on constate un fléchissement de certains indicateurs en octobre et novembre, face à une deuxième vague d’infections, ce n’est toutefois pas suffisant pour remettre en cause cette tendance globale. La situation n’est bien entendu pas uniforme en fonction des secteurs d’activité, comme en témoigne l’évolution des exportations helvétiques. Car, quand bien même la reprise a été vigoureuse depuis le mois de mai, la plupart des secteurs d’exportations n’ont toujours pas effacé le choc de la première partie de l’année.

Corollaire d’une année 2020 plus résiliente, mais également d’une épidémie qui n’aura pas complètement disparu l’an prochain, le rebond de 2021 sera plus faible qu’envisagé il y a encore peu. La croissance du PIB ne devrait être que de 3,0%, contre des attentes de 3,8% en octobre dernier. Il faudra également attendre une année supplémentaire, peut-être deux, pour retrouver le niveau de richesse de fin 2019.

Malgré ce contexte conjoncturel difficile, le marché des actions suisses a réussi, en l’espace de quelques mois, à non seulement récupérer toute la baisse du mois de mars mais fini même l’année en légère progression par rapport à fin 2019.

La tendance amorcée cet été en faveur des petites
et moyennes capitalisations devrait perdurer.

Là aussi, la situation est bien contrastée en fonction des sociétés et des secteurs d’activité. Sur les quelques 200 titres qui composent l’indice SPI, 45% ont enregistré une performance positive, tandis que 55% terminent l’année en recul par rapport à 2019. Parmi les meilleures performances, on retrouve sans surprise les entreprises qui ont été les grandes bénéficiaires du confinement et des changements que le virus a induit sur notre vie de tous les jours, à l’image de Logitech ou Swissquote, ou encore celles dont l’activité et les résultats ont été directement stimulés par les besoins liés à la maladie, comme Lonza, Bachem, Tecan ou Sensirion. A l’inverse, dans le bas du tableau des performances, figurent des sociétés dépendantes de secteurs qui ont été bouleversés par les événements (tourisme, service, assurances, etc.).

Du fait du recul des bénéfices, la valorisation des actions suisses atteint, en ce début d’année, des sommets historiques. Pour autant, nous conservons une vue constructive sur cette classe d’actifs. En effet, le manque d’alternatives pour les investisseurs, dans un environnement de taux bas, devrait continuer de soutenir le cours des actions, et plus particulièrement celui des entreprises cycliques. De plus, l’espoir d’un retour à la normale, avec les futures campagnes de vaccinations ainsi que le déploiement de nouvelles mesures de relance qui faciliteront la reconstitution des stocks et une reprise des investissements productifs, devrait permettre un fort rebond des bénéfices au cours des deux prochaines années.

La tendance amorcée cet été en faveur des petites et moyennes capitalisations devrait, par ailleurs, perdurer, portée par une amélioration générale des différents indicateurs de confiance.  

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