USA: le secteur privé a détruit des emplois pour la première fois depuis fin 2020

AWP

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Au cours du premier mois de 2022, 301’000 emplois privés ont été détruits alors que les analystes s’attendaient à des créations de postes.

Les entreprises privées aux Etats-Unis ont été frappées de plein fouet par le variant Omicron en janvier. Résultat: des centaines de milliers d’emplois ont été détruits pour la première fois depuis plus d’un an, un signal négatif avant les chiffres officiels de l’emploi qui seront publiés vendredi.

«La reprise du marché du travail a marqué un coup d’arrêt début 2022 en raison de l’effet du variant Omicron et son impact significatif, bien que probablement temporaire, sur la croissance de l’emploi», a déclaré Nela Richardson, économiste en chef, ADP.

Au cours du premier mois de 2022, ce sont ainsi 301’000 emplois privés qui ont été détruits dans le pays, dont plus de la moitié (154’000) dans les entreprises des secteurs des loisirs et de l’hôtellerie.

D’une part, les entreprises ont licencié en plus grand nombre le mois dernier, comme l’a montré la hausse des inscriptions au chômage. D’autre part, elles ont beaucoup moins embauché, en raison des nombreuses perturbations liées au variant, et au fait que les demandeurs d’emploi ont mis leurs recherches entre parenthèses.

«La propagation du variant Omicron depuis fin décembre (...) a pesé sur l’embauche en réduisant le nombre de travailleurs disponibles, en raison des contaminations et des quarantaines, de la peur de contracter le virus et des perturbations généralisées de la garde d’enfants et de l’école», détaille ainsi dans une note Lydia Boussour, économiste pour Oxford Economics.

Les analystes n’avaient pas anticipé ce retour dans le rouge, et tablaient sur 220.000 créations d’emplois, un rythme qui devait être déjà ralenti par rapport à décembre, mois pour lequel les créations d’emplois ont par ailleurs été révisées en baisse, à 776’000 contre 807’000 initialement annoncées.

«La majorité des secteurs d’activité ont connu des pertes d’emplois», indique Nela Richardson, précisant que «les loisirs et l’hôtellerie ont connu le plus grand recul après des gains substantiels au quatrième trimestre 2021».

Par ailleurs, souligne-t-elle, «les petites entreprises ont été les plus durement touchées par les pertes, effaçant la plus grande partie des créations d’emplois de décembre 2021».

Prévisions divergentes pour les chiffres officiels

Les données d’ADP sont considérées comme un baromètre avant-coureur du rapport sur l’emploi qui sera publié vendredi par le ministère du travail. Un consensus d’analystes attend 180’000 créations d’emplois, secteurs privé et public confondus, soit un peu moins qu’en décembre, et un taux de chômage stable à 3,9%.

Attention cependant, «les chiffres d’ADP ne sont pas un indicateur fiable des chiffres officiels de l’emploi», avertit ainsi Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Il s’attend, lui, à ce que les chiffres de vendredi fassent état de 300’000 emplois détruits par l’ensemble de l’économie en janvier, mais souligne que ces chiffres «ne nous disent rien sur l’état (réel) du marché du travail. Le premier rapport entièrement post-Omicron sera pour mars, et l’histoire récente suggère que tout le terrain perdu ne sera pas récupéré immédiatement».

Lydia Boussour est moins pessimiste, et table sur 45’000 emplois détruits en janvier, secteurs privé et public confondus.

Elle n’anticipe pas un «effondrement de l’emploi», expliquant que l’enquête du département du Travail comptabilise, lui, comme employés les travailleurs qui ont été malades mais ont droit à des congés maladie payés, ce qui est le cas de «près de 80% des travailleurs», souligne l’économiste.

Le manque de main d’oeuvre lié à Omicron est venu s’ajouter à la pénurie de main d’oeuvre que connaissent les employeurs depuis des mois.

Ainsi, 4,3 millions de personnes avaient démissionné en décembre, selon les données publiées mardi par le département du Travail (BLS), un peu moins que les 4,5 millions du mois de novembre, un record historique.

Depuis juillet, la «Grande démission» pousse, chaque mois, plus de 4 millions de personnes à démissionner pour trouver un meilleur emploi, car les employeurs offrent des salaires plus élevés ou de meilleures conditions pour attirer les candidats.

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