USA: contre l’inflation, la route va être «longue, voire cahoteuse», avertit le patron de la Fed

AWP

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Invité de l’Economic Club de Washington, Jerome Powell prévient que si l’économie reste trop forte, de nouvelles hausses de taux seront nécessaires.

Le patron de la banque centrale américaine Jerome Powell a averti mardi que la route serait «longue, voire cahoteuse» pour retrouver une inflation basse et il a prévenu que si l’économie restait trop forte, de nouvelles hausses de taux seront nécessaires.

Invité de l’Economic Club de Washington, le président de la Réserve fédérale (Fed) a déclaré: «si les données économiques devaient continuer d’être plus fortes que prévu (...) nous augmenterions certainement davantage les taux».

Les chiffres de l’emploi en janvier aux Etats-Unis publiés vendredi ont en effet surpris par leur vigueur, montrant plus d’un demi-million d’embauches quand les analystes en attendaient moins de 200’000.

Le taux de chômage est, lui, tombé à 3,4%, son niveau le plus faible depuis mai 1969.

Avant sa prochaine décision monétaire le 22 mars et surtout ses nouvelles projections sur le niveau final des taux, la Fed disposera de deux rapports mensuels supplémentaires sur le marché de l’emploi et de plusieurs nouvelles mesures d’inflation.

La hausse des prix à la consommation se situe actuellement à 5,0% sur un an, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed, qui veut la ramener autour de 2%.

«Son message, c’est qu’il y a encore du pain sur la planche», a résumé Chris Low, l’économiste en chef de FHN Financial commentant les propos de M. Powell qu’il a trouvé «particulièrement franc».

La désinflation a commencé

M. Powell s’est félicité, comme il l’avait fait à l’issue de la réunion monétaire la semaine dernière, du fait que le processus de «désinflation a commencé». «C’est une bonne chose de voir le début d’une désinflation sans voir le marché du travail faiblir», a-t-il assuré.

La Fed doit toutefois «faire plus» en relevant encore le coût de l’argent et en conservant «une politique monétaire restrictive un certain temps», a-t-il insisté de nouveau. «Cela va prendre du temps (...). Cela pourrait être cahoteux», a-t-il prévenu.

La Fed attend de voir notamment les prix fléchir dans le secteur des services, ce qui n’est pas encore le cas, a-t-il déclaré.

M. Powell a indiqué prévoir que «l’inflation ralentisse de façon significative en 2023» mais que la hausse des prix ne devrait s’approcher de l’objectif de 2% que «l’année d’après».

A Wall Street, les indices boursiers ont dans un premier temps baissé après l’intervention de M. Powell avant de se retrouver légèrement en territoire positif vers 19H00 GMT.

Lors de sa réunion monétaire le 1er février, la Fed a relevé les taux pour la huitième fois d’affilée mais au rythme moindre d’un quart de point de pourcentage. Ces taux au jour le jour se situent désormais entre 4,50% et 4,75%.

D’après l’évolution des produits financiers à terme, le marché parie à 93% sur une autre hausse des taux de 25 points de base à la réunion du 22 mars. Ensuite, vu les fortes créations d’emplois, il y a maintenant 70% de chances, estiment les marchés, qu’une autre hausse du même ordre intervienne aussi à la réunion du 3 mai.

Et les paris grimpent désormais pour le rendez-vous de juin: 36% des acteurs anticipent une troisième hausse d’un quart de point. Ils n’était que 3% à le penser avant la publication des chiffres du chômage.

Interrogé par ailleurs sur la bataille du plafond de la dette, que les Républicains au Congrès ne veulent pas rehausser, M. Powell a averti qu’il «fallait» que le Congrès le relève.

«Personne ne devrait croire que la Fed a la capacité de protéger les marchés financiers ou l’économie» des conséquences qu’entraînerait le fait de ne pas relever le plafond de la dette à temps, «pour que les Etats-Unis honorent toutes leurs échéances», a martelé le patron de la banque centrale.

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