Ukraine: combats de rue et bombardements russes à Severodonetsk

AWP

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«Severodonetsk, Lyssytchansk, et d’autres villes du Donbass, que les occupants considèrent maintenant comme leurs cibles, tiennent bon», a déclaré Volodymyr Zelensky.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que ses soldats «résistaient» à Severodonetsk, où d’intenses combats de rue se poursuivaient contre les troupes russes, ville stratégique dont dépend le contrôle de l’entière région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

«Severodonetsk, Lyssytchansk, et d’autres villes du Donbass, que les occupants considèrent maintenant comme leurs cibles, tiennent bon», a déclaré M. Zelensky dans une allocution jeudi soir. Le Palais des Glaces, un des symboles de la ville, a été détruit dans un incendie provoqué par les bombardements russes, a annoncé vendredi sur Telegram Sergueiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk.

Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d’une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l’intégralité de cette région frontalière de la Russie, en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014. L’Ukraine pourrait toutefois reprendre Severodonetsk «en deux, trois jours», dès qu’elle disposera d’artillerie occidentale «de longue portée», avait assuré auparavant M. Gaïdaï.

Des «armes lourdes»

Les Ukrainiens ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux de nouvelles armes plus puissantes. M. Zelensky a dit avoir évoqué jeudi avec Emmanuel Macron l’aide militaire de la France à l’Ukraine, y compris en «armes lourdes», a précisé le président français. Ils ont aussi évoqué la candidature de Kiev à l’entrée dans l’Union européenne.

La livraison de systèmes de lance-roquettes multiples, d’une portée d’environ 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et par Londres, mais on ignore quand les Ukrainiens pourront commencer à les utiliser. Kiev déplore chaque jour «jusqu’à 100 soldats» tués et «500 blessés» dans les combats, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov.

Lyssytchansk, voisine de Severodonetsk, reste entièrement sous contrôle ukrainien mais subit des bombardements «puissants», selon M. Gaïdaï, qui accuse les Russes de viser «délibérément» les hôpitaux et les centres de distribution d’aide humanitaire. Les Russes bombardent aussi la région de Donetsk, l’autre partie du Donbass, «sur tout le long de la ligne de front», avec notamment des attaques sur Sloviansk et Bakhmout, selon Kiev.

D’après un rapport de l’armée ukrainienne publié sur Facebook, les Russes ont bombardé plus de vingt localités dans les régions de Donetsk et de Lougansk. Les forces ukrainiennes ont repoussé jeudi sept attaques russes, a-t-on ajouté.

«Mercenaires» condamnés à mort

Dans ce contexte, les autorités séparatistes prorusses ont annoncé jeudi la condamnation à mort de deux Britanniques et d’un Marocain. Les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner et le Marocain Brahim Saadoun, qui vont faire appel, sont accusés d’avoir participé aux combats comme «mercenaires» aux côté des Ukrainiens, a annoncé l’agence de presse officielle russe TASS. Londres a fait part de sa «grave préoccupation».

Quatre militaires volontaires étrangers dont un Français ont été tués en combattant l’invasion russe en Ukraine, selon la Légion internationale pour la défense de l’Ukraine (LIDU), organisme officiel des combattants volontaires étrangers. La Russie a affirmé cette semaine avoir tué «des centaines» de combattants étrangers depuis le début de son invasion le 24 février et avoir endigué le flux de nouveaux arrivants.

Le nombre exact de ces étrangers n’est pas connu. Début mars, peu après le début de l’invasion russe, le président Zelensky avait affirmé que 16’000 étrangers s’étaient portés volontaires, un chiffre invérifiable de source indépendante.

Exclusion de la FAO?

En raison de la guerre, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la flambée des prix des céréales et des engrais devrait avoir pour conséquence en 2022 une hausse dramatique de la facture pour les pays importateurs, qui paieront «plus pour avoir moins». Les exportations de céréales ukrainiennes sont paralysées par le blocage de ses ports par la flotte russe de la mer Noire.

Des pays africains et moyen-orientaux sont les premiers touchés. Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, a appelé jeudi au déminage du port ukrainien d’Odessa et a dit avoir reçu l’assurance du président Vladimir Poutine que la Russie n’attaquerait pas.

M. Sall doit rencontrer vendredi Emmanuel Macron en France. Il compte lui demander la levée de sanctions européennes contre la Russie, en particulier l’exclusion de banques russes du système Swift, messagerie sécurisée et rouage essentiel des transferts de fonds internationaux, a-t-il dit. De son côté, M. Zelensky a demandé jeudi l’exclusion de la Russie de la FAO. Interrogée, la FAO n’a pas immédiatement réagi à cet appel.

Une rencontre mercredi à Ankara entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc Mevlut Cavusoglu pour discuter de «corridors maritimes sécurisés» qui permettraient de reprendre les transports de céréales en mer Noire n’a rien donné.

Inflation record

La hausse des prix touche aussi la Russie, où l’inflation avait connu en avril une hausse vertigineuse jusqu’à battre un record de vingt ans. Malgré un recul en mai, elle atteint 17,1% sur un an, selon des données officielles. L’Institut de la Finance internationale (IFF) prévoit une contraction de l’économie russe de 15% cette année et de 3% supplémentaires en 2023. Pour l’Ukraine, le PIB a déjà chuté de 15,1% au premier trimestre 2022 par rapport à la même période de l’année précédente, selon des chiffres officiels ukrainiens.

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