Tribunal pénal fédéral: l’ex-employée de Credit Suisse exprime sa colère

AWP

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L’ancienne sportive d’élite recrutée par la banque en 2004 pour ses connaissances de l’Europe de l’Est et sa maîtrise du bulgare déplore l’impact de la procédure sur sa santé.

Le procès de Credit suisse et de quatre coaccusés a repris mercredi devant le Tribunal pénal fédéral. Lors de son interrogatoire, l’ancienne collaboratrice de la banque a parlé de l’impact de la procédure sur sa santé. La veille, la défense a obtenu que la prescription d’une large partie des faits retenus par l’accusation soit constatée.

Née et élevée en Bulgarie, cette ancienne sportive d’élite a raconté comment elle avait été engagée en 2001 par UBS en raison de ses contacts dans ce milieu. Trois ans plus tard, elle est passée à Credit suisse qui cherchait des collaborateurs connaissant l’Europe de l’Est.

Après son départ de Credit suisse en 2010, elle a poursuivi son activité de conseillère à la clientèle, qu’elle exerce toujours, à 20% seulement en raison d’une grave maladie.

«14 années d’injustice» 

L’accusée a élevé le ton lorsqu’elle a évoqué la dégradation de sa santé en parallèle avec la procédure pénale «durant 14 années d’injustice». Néanmoins, l’ancienne sportive s’est montrée très combative, esquivant certaines questions et insistant sur d’autres points à son avantage.

Durant l’après-midi, Stephan Zenger, président de la Cour des affaires pénales, a poursuivi l’interrogatoire. Il a évoqué en particulier l’assassinat, en mai 2005 à Sofia, d’un de ses clients et lié, selon la presse de l’époque, à un trafic de cocaïne orchestré par un réseau mafieux bulgare.

L’intéressée aurait informé immédiatement son supérieur. Une séance aurait eu lieu avec le directeur risques, suivie d’autres discussions à des niveaux plus élevés.

Voyage en Bulgarie 

L’accusée a été aussi questionnée sur son voyage en Bulgarie moins d’un mois après cet évènement, en compagnie de son supérieur. Juste avant, les héritiers de la victime s’étaient présentés à la banque à Zurich. Le motif principal du séjour était de clarifier la situation mais aussi de visiter les projets immobiliers évoqués par les Bulgares dans le cadre de la procédure de compliance.

Sur place, les affirmations de la presse auraient été démenties. Par la suite, le service private banking de Credit suisse aurait décidé de poursuivre la relation avec Evelin Banev, le chef du réseau, en dépit de ces rumeurs. L’ex-conseillère a nié avoir participé à cette décision: «Vous essayez de me mettre au niveau de mes supérieurs. J’étais alors une débutante.»

La prévenue a dû aussi s’expliquer sur les instructions données par l’un des coaccusés bulgares à la suite de l’assassinat de la mère de la première victime à la veille de sa déposition devant la justice contre Banev. «J’en ai à nouveau référé à ma hiérarchie.» Ses chefs ont demandé si cette femme était une cliente de la banque. Dans la négative, ils auraient conclu: «Quel est le problème?»

Peu formée 

Durant toute cette journée, l’accusée s’est efforcée de minimiser son rôle, en dépit de deux promotions en 2005 et 2007 et de la forte croissance de ses bonus, de 35’000 francs en 2004 à 184’000 francs en 2008. Elle a souligné que la formation limitée qu’elle avait reçue était «centrée sur la promotion de la banque». Elle ne se rappelle pas avoir été sensibilisée «en détail» au blanchiment.

Le président a aussi soumis l’ex-conseillère à une sorte de quizz sur les règles de l’époque. Notamment sur la possibilité d’entretenir une relation d’affaires avec des personnes soupçonnées de faire partie d’une organisation criminelle. Elle a affirmé que, face à de telles situations, elle se serait adressée à ses supérieurs.

En fin d’après-midi, la cour a commencé l’interrogatoire de l’un des deux accusés bulgares sur l’arrestation d’Evelin Banev en avril 2007.

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