Parmi les établissements les moins bien classés par l’ABE figurent Lloyds Banking Group, Barclays, RBS et Deutsche Bank.
Les banques allemandes et britanniques ont révélé leur vulnérabilité face à une potentielle crise économique après les tests dévoilés vendredi par l’Autorité bancaire européenne (ABE), qui vante toutefois une meilleure résistance globale du secteur bancaire européen.
Cet exercice, le quatrième du genre orchestré par l’ABE (EBA en anglais), confrontait 48 banques de l’Union européenne (UE) et de Norvège à un scénario pessimiste alliant récession, bond du taux de chômage, chute des prix immobiliers, le tout couplé à des risques économiques liés au Brexit.
Au sortir de l’épreuve, «les efforts déployés par les banques pour solidifier leur base capitalistique ces dernières années ont renforcé leur capacité à résister à des chocs importants», a commenté Mario Quagliariello, directeur de l’analyse économique et des statistiques de l’ABE.
Même constat du côté de la Banque Centrale Européenne, qui dans la foulée des conclusions diffusées par l’ABE, a indiqué dans un communiqué que les 33 banques qu’elle supervise directement sont «désormais plus résistantes aux chocs financiers».
Toutefois, le niveau général de «résilience» atteint par les banques de la zone euro ne doit pas occulter «des difficultés» et le «travail à faire» pour améliorer leur modèle économique et gérer le lest du passé, note la BCE, en allusion aux stocks de créances douteuses qui avoisinent encore 650 milliards d’euros dans la région.
La surprise est venue des banques allemandes et britanniques dont les ratio de fonds propres durs (CET1), qui correspond aux apports des actionnaires et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis, ont chuté après avoir été malmenés par ces hypothèses économiques difficiles.
Parmi les mauvais élèves ressortent de grandes banques systémiques comme Deutsche Bank, fragilisée par la crise financière de 2008 et en perte depuis trois années consécutives, et la britannique Barclays.
Selon le scénario catastrophe imaginé, celles-ci verraient leur ratio de fonds propres durs chuter, à 8,14% pour Deutsche Bank et à 6,37% pour Barclays en 2020, soit en-dessous du minimum de 7% requis par les normes bancaires internationales pour un établissement de son importance.
«Notre profil de risque est solide», a répliqué dans un communiqué le directeur financier de Deutsche Bank, James von Moltke, affirmant que le superviseur avait artificiellement aggravé le résultat de la banque en partant du principe que les pertes exceptionnelles du passé se reproduiraient chaque année et sans tenir compte des décisions stratégiques prises par la direction.
Par ailleurs, Barclays et Deutsche font partie d’un groupe de 25 banques qui, dans le pire des scénarios, seraient tenues par les autorités de réglementation de cesser de verser des dividendes pour renforcer leurs fonds propres. Font également partie de ce groupe, la Britannique HSBC, l’Allemande Commerzbank, l’Espagnole Santander, les Françaises BNP Paribas, Société Générale, ainsi qu’ING (Pays-Bas) et Unicredit (Italie).
En Allemagne, d’importantes banques régionales du pays, comme Landesbank Hessen-Thüringen, Bayerische Landesbank et Norddeutsche Landesbank verraient aussi leurs capacités de résistance sérieusement éprouvée.
Outre-Manche, les britanniques Lloyds Banking Group, RBS et même HSBC perdraient aussi une tranche importante de leurs capitaux.
«Les banques moins performantes ont tendance à avoir une rentabilité inférieure donc peu de revenus supplémentaires pour couvrir leurs pertes. Beaucoup de banques moins performantes ont de faibles bénéfices. La rentabilité reste le principal défi des banques européennes», a analysé un expert du secteur, souhaitant conserver l’anonymat, sollicité par l’AFP.
Si à l’issue de ces tests, il n’y a pas de banques perdantes ou gagnantes à proprement parler, ces résultats constituent un élément précieux pour les superviseurs afin de calibrer leurs exigences réglementaires.
La BCE veut ainsi intégrer les résultats de ces tests dans sa campagne en cours d’évaluation des banques, dont le terme est fixé à janvier 2019.
En 2016 lors de la dernière édition des tests de résistance, la banque italienne Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) avait été la lanterne rouge des banques européennes, avec des fonds propres durs tombés en territoire négatif, plongeant le secteur bancaire italien dans la tourmente. Six mois après, l’établissement avait été recapitalisé par l’Etat italien.
Cette fois, les banques italiennes, objet de toutes les inquiétudes alors que le gouvernement populiste a engagé un bras de fer budgétaire avec Bruxelles, s’en sont plutôt bien sorties.
Le ministre italien de l’Economie, Giovanni Tria, a pris «acte avec satisfaction du résultat des stress test (...) sur l’état de santé du système bancaire italien».