Quel(le) Européen(ne) pour remplacer Christine Lagarde au FMI?

AWP

2 minutes de lecture

Des noms commencent à circuler dont François Villeroy de Galhau (Bdf), Tidjane Thiam (Credit Suisse) ou encore la Bulgare Kristalina Georgieva (en photo). Mais Mark Carney (BoE) revient avec insistance.

Qui va succéder à la Française Christine Lagarde à la tête du Fonds monétaire international? Très probablement un Européen, mais lequel?

La directrice générale de l’institution de Washington a été choisie mardi pour prendre les rênes de la Banque centrale européenne (BCE). Et avant même la confirmation de son départ pour Francfort, les jeux sont ouverts.

Depuis sa création en 1944, un Européen a toujours été nommé pour diriger le FMI, un Américain à la Banque mondiale.

Quoique aujourd’hui contesté par les pays émergents, ce partage de rôle immuable a récemment porté David Malpass, ancien sous-secrétaire au Trésor américain, à la présidence de la Banque.

Pour le FMI, des noms commencent à circuler dont le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, le franco-ivoirien Tidjane Thiam directeur général de Crédit Suisse, le politicien français Pierre Moscovici ou encore Benoît Coeuré.

Ce dernier, membre du directoire de la BCE, pourrait être contraint de démissionner avec l’arrivée de Christine Lagarde en vertu d’une «règle non écrite selon laquelle il ne peut y avoir deux personnes de même nationalité à la BCE», a expliqué à l’AFP Carsten Brzesk, économiste chez Ing.

Pour le FMI, «il faut que ce soit un Européen», exhorte une source française sous couvert d’anonymat.

«Mon point de vue est que cela devrait être ouvert à quiconque dans le monde», réagit Mark Sobel, un ancien responsable du Trésor américain sous les administrations républicaine et démocrate.

Option bulgare

Pour autant, réaliste, il observe que «la facilité avec laquelle les Etats-Unis ont préservé le duopole (Banque mondiale/FMI) signifie que les Européens voudront certainement garder la main» encore cette fois-ci. Et jusqu’à présent, les pays émergents se sont montrés incapables de faire front commun.

Cinq des onze dirigeants du FMI étaient français. Et, en 75 ans d’existence de l’institution, ce sont eux qui ont servi le plus longtemps.

Au FMI, des voix avancent néanmoins un autre nom, celui de la Bulgare Kristalina Georgieva. «Certes, elle est totalement associée à la Banque mondiale», dont elle a même assuré la présidence par intérim avant l’arrivée de David Malpass, souligne-t-on en interne. «Mais elle est extrêmement respectée, appréciée et pourrait faire consensus».

Si elle était sélectionnée, il s’agirait seulement de la deuxième femme à occuper ces fonctions après Christine Lagarde.

En Europe, le nom du gouverneur de la banque d’Angleterre Mark Carney revient par ailleurs avec insistance. «Il est canadien, irlandais et plus récemment britannique. Il est extrêmement compétent», observe-t-on au sein du FMI. Et son mandat s’achève en janvier prochain.

Le choix d’un non-Français pourrait aussi apaiser les critiques éventuelles selon lesquelles la France s’arroge de trop nombreux postes au sein des institutions prestigieuses.

Pour autant, ce ne serait pas inédit dans l’histoire puisque entre 1991 et 1995, des Français étaient simultanément présents à la tête du FMI, de l’OCDE, de la Commission européenne ainsi que de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Le comité de direction du FMI comprend 24 administrateurs représentant les 189 membres, seuls Washington, Tokyo (6,15%) et Pékin (6,09%) représentant leur pays à eux seuls.

Agustin Carstens, ancien dirigeant mexicain de la banque centrale mexicaine, estime qu’il est «urgent» de réformer le FMI pour donner plus de voix aux pays émergents et améliorer ainsi la légitimité du fonds.

En principe, le processus de sélection d’un nouveau directeur général est «ouvert» et «fondé sur le mérite». Les candidatures de tous les pays membres sont en outre recevables en théorie.

Le bon candidat doit aussi se targuer d’un «parcours professionnel exceptionnel», et faire la preuve de compétences en matière de diplomatie incontournable pour diriger une institution internationale.

Pour l’heure, aucune indication sur le calendrier n’a été donnée.

La candidature de Christine Lagarde à la BCE doit être d’abord formellement validée par les ministres des Finances européens, probablement la semaine prochaine.

Puis Mme Lagarde devra être auditionnée par le parlement européen. Ce qui pourrait intervenir d’ici la fin du mois de juillet avant un feu vert du Conseil européen, en octobre a priori, pour une prise de fonction en novembre.

En attendant l’arrivée d’un nouveau directeur général au FMI, c’est David Lipton, 65 ans, qui officie.

Premier directeur général adjoint depuis le 1er septembre 2011, il avait été notamment assistant spécial du président Obama et travaillé au Trésor américain sous l’administration Clinton, de 1993 à 1998.

A lire aussi...