Plan américain pour limiter les investissements chinois

AWP

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Steven Mnuchin travaillerait sur une série de mesures. Lundi matin, il a qualifié ces informations de «fausses nouvelles».

L’administration Trump pourrait faire grimper d’un cran les tensions commerciales avec la Chine avec la publication prévue en fin de semaine d’un rapport du gouvernement sur d’éventuelles restrictions aux investissements chinois sur le territoire américain.

Cette menace avait déjà été agitée par la Maison Blanche fin mai au nom de la «sécurité nationale» des Etats-Unis pour lutter contre le «vol de propriété intellectuelle» et ce qui est considéré par Washington comme une «concurrence déloyale» de la part de Pékin.

Selon la presse, ces restrictions, qui pourraient être annoncées le 29 juin, visent d’une part à empêcher des entreprises chinoises d’acquérir des entreprises américaines versées dans les technologies. D’autres mesures pourraient aussi bloquer de nouvelles exportations technologiques vers la Chine.

Le Trésor américain prépare de nouvelles règles qui interdiraient à des compagnies détenues à plus de 25% par des capitaux chinois de racheter des entreprises intervenant dans les nouvelles technologies, a affirmé le Wall Street Journal. Cela concernerait des secteurs comme l’automobile électrique, la robotique ou l’espace, selon Bloomberg News.

Mais dans un tweet lundi matin, alors que Wall Street plongeait sur ces nouvelles, le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a assuré que ces informations, dont l’idée avait déjà lancée par la Maison Blanche fin mai, étaient «de fausses nouvelles».

Il a toutefois confirmé qu’il y aurait une annonce qui ne viserait «pas spécifiquement la Chine mais tous les pays qui essayent de voler notre technologie».

Peu de temps après, alors que l’indice Dow Jones, ébranlé par les perspectives d’une escalade dans la guerre commerciale, terminait en forte baisse (-1,33%), le conseiller du président Trump pour le commerce, Peter Navarro est intervenu sur la chaîne CNBC avec des propos semant la confusion.

«Que du ciel bleu»

«Nous ne prévoyons d’imposer à aucun pays des restrictions aux investissements», a-t-il assuré, tout en admettant qu’il avait «été demandé au département du Trésor d’examiner la question des restrictions aux investissements» dans un rapport, d’ici la fin du mois.

«Le marché a sur-réagi», a martelé M. Navarro assurant qu’il n’y avait «que du ciel bleu à l’horizon» pour l’économie américaine.

Après avoir infligé des droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars d’importations chinoise, Washington a menacé de porter à un total de 450 milliards de dollars la valeur des produits chinois qui seraient taxés à leur entrée aux Etats-Unis.

Pékin y a répliqué en annonçant des droits de douane «identiques» et a crié au «chantage» de la part des Etats-Unis.

Selon Martin Chorzempa, expert au Peterson Institute, cette nouvelle offensive américaine comporte des risques de représailles de la part de la Chine.

«Ils ont un énorme éventail d’outils pour faire pression sur les compagnies américaines», a-t-il averti, soulignant combien Apple ou General Motors dépendaient de la Chine.

De multiples mesures de rétorsion sont possibles allant de la rétention de marchandises dans les ports d’entrée aux gels d’autorisations administratives, a indiqué cet expert à l’AFP.

Les taxes frappent Harley-Davidson

Aux Etats-Unis, la nouvelle batterie de restrictions aux investissements étrangers devrait être soumise aux commentaires des industriels avant d’entrer en vigueur. Les milieux industriels commencent en effet à s’inquiéter de l’escalade dans la confrontation commerciale.

Icône d’un certain savoir-faire américain, la célèbre marque de motos Harley-Davidson a annoncé lundi qu’elle était victime de la guerre commerciale - cette fois-ci avec l’Europe - et qu’elle envisageait de transférer une partie de sa production en dehors des Etats-Unis.

Le constructeur de Milwaukee (Wisconsin, nord) qui vend beaucoup de ses motos en Europe (40.000 par an) est frappé de droits de douanes de 25% par l’Union européenne en représailles des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium.

Pour ne pas perdre des ventes alors que les tarifs douaniers renchérissent le prix au détail de ses motos de 2.200 dollars à l’exportation, Harley-Davidson a décidé de déplacer la production des motos destinées à l’Union européenne vers ses usines internationales et d’échapper ainsi aux importants droits de douane.

Le constructeur n’a pas indiqué si sa décision aurait des conséquences sur les emplois du groupe aux Etats-Unis.