Optimisme prudent après l’impulsion conjoncturelle

AWP

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Le Seco a annoncé une progression de 0,7% du PIB au deuxième trimestre par rapport au premier. Réactions des économistes.

Les économistes ont fait état jeudi d’un optimisme prudent après la bonne santé affichée par la conjoncture suisse au 2e trimestre. Après avoir tiré profit en première partie d’année d’une croissance mondiale solide, l’économie helvétique pourrait affronter une seconde partie d’année plus délicate notamment en raison des incertitudes planant sur le commerce international.

«Cette année sera une année remarquable pour l’économie suisse», a estimé Martin Eichler, économiste en chef chez Bak Economics. Selon ce dernier, la croissance en 2018 sera plus forte qu’escompté. «Ce sera une année dynamique», a-t-il dit à AWP. L’institut bâlois table jusqu’à présent sur une croissance 2,3% cette année, mais devrait prochainement relever ses prévisions.

Même son de cloche chez UBS. L’économiste Alessandro Bee s’attend à relever ses prévisions de croissance pour 2018 actuellement établie à +2,4%. La seconde partie d’année s’annonce cependant plus délicate, en raison de l’actuel raffermissement du franc, des litiges sur le commerce international, des problèmes budgétaires de l’Italie et du ralentissement conjoncturel attendu dans l’UE, a-t-il énuméré.

«La Suisse n’est cependant pas touchée directement par les contentieux sur le commerce mondial, qui se concentrent sur les Etats-Unis et la Chine. Les éventuelles conséquences seraient indirectes, par exemple dans le cas d’un ralentissement conjoncturel mondial et d’une aversion au risque qui pourrait encore renchérir le franc», a averti M. Bee.

Accélération au deuxième trimestre

L’optimisme mesuré des spécialistes est basé sur la solide accélération au 2e trimestre du produit intérieur brut (PIB). Ce dernier a crû de 0,7% par rapport au trimestre précédent, a annoncé le Secrétariat d’Etat à l’économie, qui a également revu en hausse le PIB du 1er trimestre à +1,0%, contre +0,6% précédemment.

Sur un an, la croissance conjoncturelle se révèle tout aussi solide, le PIB progressant de 3,4% entre avril et juin, après une expansion de 2,9% de janvier à fin mars (chiffre révisé en hausse).

Le PIB helvétique s’est placé dans le haut de la fourchette des prévisions des économistes consultés par AWP, qui anticipaient une croissance de 0,5% à 0,7% sur un trimestre. Sur un an, l’accélération a même dépassé les attentes qui visaient une hausse entre 2,4% et 2,6%.

Les services du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann ont souligné que la Suisse faisait mieux que la zone euro, son premier partenaire économique. Celle-ci a enregistré une croissance de 0,4% au deuxième trimestre, identique à celle du trimestre précédent.

«L’industrie suisse (est) en pleine croissance», le PIB ayant affiché «pour le cinquième trimestre consécutif une expansion supérieure à la moyenne», a indiqué le Seco. Selon ce dernier, «l’industrie manufacturière, qui connaît une embellie remarquable depuis le printemps 2017, est le principal moteur de la croissance. Les exportations de marchandises ont progressé en conséquence». Ce secteur a ainsi affiché une hausse de 1,5%.

Parmi les autres secteurs, l’hôtellerie-restauration (+1,4%) a fortement progressé grâce à un regain de fréquentation touristique, tout comme celui des loisirs (+10,1%). Les domaines de la santé (+0,5%) et des services aux entreprises (+0,3%) ont crû plus modestement, tandis que le commerce a enregistré une baisse (-0,2%).

Consommation à la peine

La consommation des ménages, autre moteur traditionnel de croissance de l’économie suisse, est par contre toujours à la peine, affichant une progression sur un trimestre de seulement 0,3%, après 0,4% au premier trimestre. Les exportations - sans les objets de valeur et le commerce de transit - ont par contre nettement accéléré à 2,2%, contre +0,2% en début d’année.

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