Antonis Samaras a accusé son successeur de gauche d’être responsable d’un misérable complot politique, dénonçant des accusations «diffamatoires» émises par des «pseudo-témoins».
L’ex-Premier ministre conservateur Antonis Samaras, mis en cause dans l’affaire des pots de vins présumés versés en Grèce par le groupe pharmaceutique suisse Novartis, a porté plainte jeudi pour «diffamation» contre son successeur, Alexis Tsipras.
Cette riposte fait monter d’un cran la tension politique autour de l’affaire, qui a éclaté la semaine dernière avec l’implication de deux anciens Premiers ministres et huit ex-ministres, de l’opposition de droite et socialiste.
M. Tsipras avait dans la foulée enclenché lundi la procédure parlementaire permettant d’examiner les éventuelles responsabilités pénales de personnalités politiques. Dans leur majorité, les figures impliquées ont protesté de leur innocence et dénoncé une «machination».
Annonçant dans un message télévisé sa plainte, ensuite déposée au parquet, M. Samaras a accusé son successeur de gauche d’être «responsable d’un misérable complot» politique, dénonçant des accusations «diffamatoires» émises par des «pseudo-témoins».
Les instigateurs «devront rendre des comptes, j’irai jusqu’au bout», a-t-il lancé.
Premier ministre de 2012 à 2015, il s’est prévalu d’avoir lui-même «frappé efficacement la corruption» en «réduisant de manière radicale la dépense pharmaceutique».
Selon l’OCDE, celle du pays est supérieure à la moyenne en Europe: représentant 23,6% des dépenses de santé en 2006, les dépenses pharmaceutiques ont bondi à 30,7% en 2011, avant de retomber, sous pression des créanciers, à 25,9% en 2015.
Outre M. Samaras, trois ex-ministre de la Santé figurent parmi les têtes d’affiche impliquées: l’actuel commissaire européen aux Affaires migratoire, le conservateur Dimitris Avramopoulos, en poste de 2006 à 2009, et ses successeurs jusqu’en 2015, le socialiste Andréas Loverdos et Adonis Georgiadis, actuel numéro deux de l’opposition de droite.
Leurs noms ont été cités dans une enquête entamée en 2006 par le parquet grec anticorruption après des révélations de la police fédérale américaine FBI sur des cas de concurrence déloyale de Novartis en Grèce.
Selon des extraits du dossier d’instruction qui ont fuité, ils sont nommément accusés d’avoir reçu des pots de vins de Novartis par deux témoins protégés. Leurs noms sont aussi cités dans un dossier transmis par le FBI, dont la version complète n’a pas fuité.
M. Tsipras a également annoncé sa volonté de «récupérer l’argent dont Novartis a privé l’État», via le gonflement présumé de ses ventes et tarifs de 2006 à 2015. Des estimations judiciaires portent à quelque 3 milliards d’euros les pertes qui auraient été infligées aux caisses publiques.