MCH: René Kamm démissionne

AWP

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René Kamm, CEO de MCH, organisatrice de Baselworld, a démissionné de ses fonctions après le départ de Swatch du salon horloger. Le président Ulrich Vischer assurera l’intérim au niveau opérationnel.

MCH, société organisatrice de Baselworld, a annoncé vendredi la démission de son directeur général René Kamm. Ce changement à la tête du groupe bâlois intervient après le départ de Swatch du salon horloger, qui chamboule le grand-messe du secteur. Le président Ulrich Vischer assurera l'intérim opérationnel.

Le processus de recrutement du successeur de M. Kamm, qui a passé 19 ans chez MCH dans différentes fonctions, a déjà été enclenché.

«Nous avons chargé un chasseur de têtes international de nous trouver des candidats. J'espère que nous trouverons quelqu'un très rapidement, j'espère d'ici deux à trois mois», a confié à AWP le président, en marge d'une conférence de presse à Bâle.

M. Vischer s'est déclaré «confiant» que les autres grands groupes horlogers participeront à la prochaine édition de Baselworld 2019, sans donner de détail sur les échanges menés avec ces derniers.

Le responsable a souligné que la démission du directeur général intervenait dans de «bons termes» et d'un commun accord. «Nous voulons donner de nouvelles impulsions» au groupe, a-t-il dit.

L'entreprise a vivement remercié M. Kamm pour avoir contribué au développement de salons mondialement réputés comme Art Basel ou Baselworld.

Après le départ annoncé de l'horloger biennois du salon horloger, MCH a réitéré que l'événement «n'était pas fondamentalement remis en question», mais soulevait des interrogations quant aux résultats financiers du groupe bâlois. Le désistement de Swatch aura ainsi des conséquences financières sur les résultats 2019, a souligné MCH qui informera sur ses résultats semestriels le 4 septembre.

Le groupe doit aussi évaluer si d'autres amortissements seront nécessaires sur le site de la foire à Bâle. MCH a précisé être dans une phase de transformation.

«L'impact financier est encore difficile à évaluer pour le moment», a fait remarquer le nouveau directeur financier, Beat Zwahlen.

Le président a en outre réitéré la «déception» du groupe suite au départ de Swatch. Tous les exposants de Baselworld, en particulier les grands groupes horlogers dont Swatch, ont été impliqués dans la transformation que MCH essaye de mettre en place pour répondre aux critiques des marques.

Lors d'une réunion rassemblant tous les exposants début juillet, Swatch s'était encore montré satisfait des changements proposés, conçus en étroite collaboration, a soutenu M. Kamm.

«Les intérêts des exposants sont très différents», ont répété en conférence le patron sortant et le président, pour souligner les défis auxquels les organisateurs doivent faire face. A côté des marques horlogères, le secteur de la joaillerie et des sous-traitants de ces deux secteurs prennent en effet part à cette manifestation, la plus grande en son genre, malgré les nombreux désistements enregistrés ces dernières années.

Difficile de poursuivre la foire

Dévoilée dimanche dans la presse, la décision de Swatch de ne plus prendre part à la grand-messe bâloise a résonné comme un coup de tonnerre. L'absence du numéro un mondial de l'horlogerie - et de ses dix-huit marques - portera un sérieux coup à Baselworld, qui a déjà subi la défection de nombreux exposants et a adapté son concept en partie pour répondre aux griefs des mécontents.

Selon Nick Hayek, patron de Swatch, une foire comme Baselworld n'a plus de sens pour son groupe.

Swatch était jusqu'ici le plus important exposant, devant les marques genevoises Rolex et Patek Philippe ainsi que le groupe de luxe français LVMH. Le groupe biennois déboursait 50 millions de francs à chaque participation à Baselworld, ce qui représente 8% de ses dépenses promotionnelles annuelles, selon la banque Vontobel.

Sans Swatch, il sera difficile de poursuivre, avait estimé Vontobel, qualifiant ce retrait de «surprise».

Directrice de Baselworld durant 15 ans, Sylvie Ritter avait pour sa part annoncé son départ en mai, dans une période de grandes difficultés pour la foire. Lors de l'édition 2018, le nombre d'exposants a dégringolé de plus de moitié sur un an à environ 650, ce qui a poussé MCH à inscrire un amortissement de quelque 100 millions de francs au titre de l'exercice 2017.

Les prix des hôtels à Bâle, de l'entrée au salon, des stands mais également le manque de visibilité et une fréquentation en baisse figurent au centre des critiques, surtout des sociétés exposantes fournissant des composants aux marques horlogères.

La défection du principal exposant de Baselworld a causé la dégringolade de l'action MCH tout au long de la semaine. Mais ce vendredi, le titre a partiellement effacé ses pertes, terminant la séance en forte hausse de 5,7% à 39,20 francs, dans un indice élargi SPI quasiment à l'équilibre (+0,08%).

 

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