De l’or, de l’argent, du bronze: les athlètes du monde entier se disputeront ces prix à l’occasion des Jeux olympiques 2024 qui s’ouvrent vendredi à Paris, mais dans le même temps, les marchés des métaux précieux et industriels ont fait grise mine cette semaine.
Médaille d’or
Le cours de l’or a cédé du terrain sur la semaine après ses précédents sommets, malgré un léger coup de collier vendredi avec la publication d’une inflation américaine ralentie.
La baisse du prix du métal jaune est en fait «une correction des prix» après leur récente démesure, avance Barbara Lambrecht, de Commerzbank.
Les investisseurs engrangeaient en effet des bénéfices après une série de records du prix de l’once d’or ces derniers mois, culminant à un nouveau plus haut historique à la mi-juillet, à 2’483,73 dollars.
Le métal précieux s’est quelque peu repris sur la journée de vendredi, après que l’indice PCE de juin a indiqué un léger ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis, à 2,5% sur un an, conformément aux attentes.
La veille, la croissance américaine était ressortie plus vigoureuse qu’attendu.
Le potentiel de repli de l’or a ainsi été limité par ces données américaines qui «suggèrent que les pressions inflationnistes» s’atténuent, «ouvrant la voie à la Réserve fédérale (Fed) pour réduire ses taux» d’intérêt, estime Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
Or l’éventualité d’une baisse de taux aux Etats-Unis affaiblit le dollar et les rendements des obligations d’Etat, actifs qui concurrencent normalement le métal précieux dans le portefeuille des investisseurs.
Vers 15H10 GMT (17H10 à Paris), l’once d’or s’échangeait à 2’382,96 dollars, contre 2’400,83 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Et avec 6 grammes de placage d’or et plus de 500 grammes d’argent, Saxobank a évalué que les matériaux nécessaires à la fabrication de la médaille d’or d’olympique de cette année coûtent 935,89 dollars, soit 170 dollars de plus qu’il y a 12 ans.
Médaille d’argent
Le cours de l’argent a suivi cette semaine une trajectoire similaire à celle de son précieux cousin l’or, perdant haleine face à la perspective d’un affaiblissement de la demande manufacturière, avant de retrouver un peu de souffle vendredi.
Les prix de l’argent «suivent ceux de l’or» en redescendant de leurs récents hauts niveaux et «ont fortement chuté jeudi après une baisse surprise de l’activité manufacturière dans plusieurs pays», relève Frank Watson, de Kinesis Money.
Au Japon en juillet, en zone euro et aux Etats-Unis en juin, l’industrie manufacturière a montré des signes de fatigue.
Or «tout ralentissement du secteur manufacturier» est susceptible de freiner la demande industrielle d’argent, métal «qui trouve un large éventail d’utilisations dans les domaines de l’électronique, des énergies propres, de la santé et de la médecine, de l’aérospatiale et de la purification de l’eau, pour n’en citer que quelques-unes», résume M. Watson.
Le palladium et le platine ont également souffert de ces données.
Vendredi, l’once d’argent se négociait à 27,71 dollars, contre 29,22 dollars une semaine plus tôt à la clôture.
Médaille de bronze
Au pied du podium, le bronze (un alliage de cuivre et d’étain) a perdu de sa valeur cette semaine, les inquiétudes autour de la santé économique de la Chine pesant sur tous les métaux industriels.
Important consommateur de métaux de base et notamment de cuivre, la Chine est toujours en proie à une crise de l’immobilier, une consommation en berne et d’importantes incertitudes économiques, la reprise post-Covid tant espérée ayant été brève et moins robuste qu’escomptée.
Les marchés digèrent d’ailleurs encore le tassement de la croissance chinoise au deuxième trimestre annoncé la semaine dernière, et l’absence de mesures de relance concrètes venant du gouvernement.
En parallèle, Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank, remarque un «fort excédent de l’offre sur le marché du cuivre».
Le Groupe d’étude international du cuivre a confirmé dans son dernier rapport que le marché était amplement approvisionné pour le mois de mai et les cinq premiers mois de l’année en cours.
Sur le LME, la tonne de cuivre coûtait 9’115 dollars, contre 9’310 dollars sept jours plus tôt à la clôture, et celle d’étain s’échangeait pour 29’535 dollars la tonne, contre 31’050 dollars la semaine dernière.
Médaille en chocolat
Et pour les athlètes qui n’auront malheureusement pas décroché de trophées, reste le lot de consolation: la médaille en chocolat. Le prix de son ingrédient principal, le cacao, a légèrement monté sur la semaine.
La disponibilité du cacao en provenance d’Afrique de l’Ouest reste très limitée, selon les analystes.
Les pluies actuelles en Côte d’Ivoire et au Ghana, principaux pays producteurs de fèves, «peuvent aider à la production de la prochaine récolte», tempérant ainsi les prix, note Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group.
Elles inquiètent cependant les observateurs du marché quant au possible développement de maladies, qui avaient déjà propulsé les prix à des niveaux records en réduisant drastiquement la production.
Côté consommation, «la demande est forte pour le cacao et le chocolat», note M. Scoville.
Les chiffres de la transformation du cacao (broyages) pour le deuxième trimestre en Europe et en Amérique du Nord, des indicateurs du niveau de la demande, suggèrent que les prix élevés de ces derniers mois n’ont pas découragé la demande.
A Londres, la tonne de cacao pour livraison en septembre valait 6’480 livres sterling, contre 6’338 livres sterling une semaine plus tôt en fin de séance.
A New York, la tonne pour livraison en septembre valait dans le même temps 7’985 dollars, contre 7’689 dollars vendredi dernier.