En dépit d’une inflation britannique revenue à son objectif, la Banque d’Angleterre (BoE) ne devrait pas abaisser son taux directeur avant les législatives convoquées au Royaume-Uni début juillet, estiment les analystes.
Si le signal de l’inflation semble au vert pour abaisser le levier de l’assouplissement monétaire, les économistes pensent que la banque centrale britannique devrait conserver, lors de sa décision jeudi, son taux d’intérêt directeur à 5,25%, son plus haut niveau depuis 2008.
En mai, l’inflation est tombée à 2% sur un an au Royaume-Uni, selon des chiffres officiels publiés mercredi.
Bonne nouvelle pour le gouvernement conservateur en campagne, la hausse des prix retrouve ainsi le chiffre cible de la BoE pour la première fois depuis trois ans.
Mais «malgré le retour de l’inflation à son objectif, la BoE ne devrait pas réduire ses taux lors de sa réunion» de jeudi, avance James Harte, analyste de Tickmill.
«Compte tenu des prochaines élections législatives britanniques du 4 juillet, le marché s’attend plutôt à ce que la banque réduise ses taux en août», lors de sa réunion suivante, souligne l’analyste.
Dans la foulée de l’annonce des élections, la BoE avait d’ailleurs annulé la quasi-totalité des prises de parole de ses membres, pour ne pas sembler vouloir influencer l’issue du scrutin, pour lequel, d’après les sondages, le gouvernement conservateur de Rishi Sunak accuse beaucoup de retard sur l’opposition travailliste.
Longtemps la plus élevée des pays du G7, l’inflation britannique est désormais inférieure à celles des Etats-Unis et de la zone euro.
La hausse des prix outre-Manche avait déjà fortement ralenti en avril, à 2,3% sur un an, loin des 11% atteint fin 2022, qui avaient généré une forte crise du pouvoir d’achat au Royaume-Uni.
Le ralentissement des prix de l’alimentation est le principal facteur de cet apaisement.
Mais l’inflation dans le secteur des services, légèrement freinée à 5,7% sur un an en mai, contre 5,9% le mois précédent, reste supérieure aux attentes des économistes.
Prix des services tenaces
«L’absence de progrès sur les prix des services de base, qui incluent les coûts des loisirs et de la culture, les repas au restaurant et les séjours à l’hôtel, rend la Banque d’Angleterre prudente lorsqu’il s’agit de réduire les taux d’intérêt», résume Kathleen Brooks, analyste de XTB.
La question porte désormais sur le nombre de coupes envisagées dans l’année par la BoE, au-delà de celle sur laquelle table largement le marché à la fin de l’été
En amont de l’annonce de jeudi, l’analyste comptabilise «un peu moins de deux baisses de taux prévues pour 2024» par le marché.
Plus tôt en juin, la Banque centrale européenne (BCE) a de son côté entamé son cycle de baisse de taux.
Jeudi, dans la matinée, sont également attendues les décisions de politique monétaire suisse et norvégienne.
La Norges Bank devrait maintenir son taux directeur à 4,5%, d’après les économistes, en raison d’une inflation encore tenace dans le pays.
Les économistes sont à l’inverse très partagés concernant la décision de la Banque nationale suisse (BNS), après une légère remontée de l’inflation dans le pays.
En mars, l’institution monétaire helvétique avait surpris les marchés en abaissant son taux directeur d’un quart de point pour le ramener à 1,50%.