Les droits de douane décrétés par Washington à l’encontre de la Suisse ont mis un coup de frein aux échanges avec les Etats-Unis en avril. Les envois de montres ont échappé à la tendance, en raison de la constitution de stocks. La balance commerciale helvétique a, elle, affiché un nouvel excédent record.
Les mois de février et de mars ayant affiché une forte hausse des envois à l’étranger mais aussi des importations, le recul en avril n’est pas surprenant, a commenté l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) auprès de l’agence AWP.
En termes désaisonnalisés, les exportations ont chuté de 9,2% et les importations de 15,6% en avril, selon le communiqué publié mardi par l’OFDF. Les envois à l’étranger ont toutefois totalisé 25,2 milliards de francs, soit le second résultat le plus élevé jamais enregistré.
Chimie et pharma à la peine
Le mois dernier, «le recul à la sortie a entièrement résulté des produits chimiques et pharmaceutiques», a souligné le document. Par rapport à leur niveau record du mois précédent, leurs exportations ont flanché de 3,0 milliards de francs ou de 17,1%. Celles-ci ont principalement souffert de la chute des médicaments de 43,9%, soit -2,9 milliards de francs.
A l’inverse, les livraisons à l’étranger de l’horlogerie ont pris l’ascenseur, en hausse de 16,0%, affichant un pic mensuel record à 2,6 milliards de francs. Le secteur machines et électronique ainsi que celui des instruments de précision ont également progressé.
La baisse des exportations a en grande partie émané d’Amérique du Nord (-34,7%), notamment des Etats-Unis, vers lesquels les envois se sont contractés de 3,2 milliards de francs (-36,1%).
Début avril, la Suisse s’est vue imposer des taxes de 31% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Une mesure ensuite suspendue pour 90 jours. Les produits pharmaceutiques et l’or, qui représentent 65% des exportations, doivent en être exemptés, mais le président américain Donald Trump souhaite faire baisser nettement les prix des médicaments sur son sol. Mi-mai, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a dit espérer trouver rapidement une solution avec les autorités américaines.
Le mois dernier, les envois helvétiques à destination de l’Europe ont fait du surplace. La hausse cumulée de l’Allemagne et de la France n’a pu entièrement compenser la forte dégradation de la Slovénie. L’Asie a présenté une évolution positive, reposant avant tout sur la Chine et le Japon.
Baisse des importations venant des USA
Du côté des marchandises entrant en Suisse, dix groupes d’entre elles sur douze ont enregistré un revers. Les produits chimiques et pharmaceutiques ont - et de loin - le plus pesé sur ce résultat, avec une chute d’un tiers ou de 3,2 milliards de francs. Les importations de produits énergétiques (-13,0%), de véhicules (-3,4%; aéronautique) ainsi que d’instruments de précision (-6,2%) se sont également lourdement altérées. La bijouterie et joaillerie a, quant à elle, affiché une hausse de presque 10%.
Les importations en provenance des trois principaux marchés ont reculé. La baisse a atteint 20% pour l’Europe, où la Slovénie, l’Italie et la France ont fléchi ensemble de 3,4 milliards de francs. Les arrivages des Etats-Unis ont plié de 15,4%. Quant à ceux d’Asie, ils se sont légèrement rétractés, malgré la performance de la Corée du Sud (+66,3%).
Par ailleurs, les importations de Russie se sont chiffrées à 142 millions de francs, dont 138 millions de francs ou 1615 kilos d’or ayant transité par le Royaume-Uni. Les envois vers le pays sous sanctions pour avoir attaqué et envahi l’Ukraine ont atteint 140 millions de francs, essentiellement de la chimie-pharma.
La contraction marquée des entrées a entraîné un nouvel excédent record de la balance commerciale à 6,3 milliards de francs. Au premier trimestre, celle-ci s’établissait à 13,6 milliards.
Reste que le moral des entrepreneurs helvétiques a subi un coup de froid au mois d’avril, tant sur le plan de la situation des affaires que sur celui des perspectives à brève échéance, selon le sondage conjoncturel du KOF paru début mai. Dans la foulée, les économistes de Raiffeisen ont revu à la baisse leur anticipation de croissance du PIB à 0,9%, ajustée des événements sportifs, contre 1,3% auparavant.