Le point sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, 124e jour

AWP

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Alors que le G7 s’engage à soutenir le pays militairement et financièrement «aussi longtemps qu’il le faudra», l’armée de Poutine frappe un centre commercial «très fréquenté» à Krementchouk.

Une frappe russe sur un centre commercial a fait dix morts lundi dans le centre de l’Ukraine, pays que le G7 s’est engagé à soutenir militairement et financièrement «aussi longtemps qu’il le faudra», parallèlement à l’extension des sanctions contre Moscou.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signifié aux dirigeants du G7 réunis en Allemagne que «le moment de la négociation» n’était pas encore venu, les exhortant à intensifier leur appui pour arrêter puis repousser les forces russes.

Après plus de quatre mois de guerre, la poursuite des opérations devrait obliger la Russie à puiser encore davantage dans ses réserves, indique le ministère britannique de la Défense, relevant que malgré une pénurie d’effectifs, «le commandement reste probablement réticent à ordonner une mobilisation générale».

L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) considère que le Kremlin se livre de fait à une «mobilisation dissimulée». Il cite un amendement à la loi sur le service militaire, examiné mardi par le Parlement, permettant l’enrôlement de jeunes hommes sans passer par la conscription.

Voici un point de la situation au 124e jour de la guerre à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

Frappe meurtrière dans le Centre

Au moins dix personnes ont été tuées et plus de 40 ont été blessées par une frappe de missile russe sur un centre commercial «très fréquenté» à Krementchouk, selon le gouverneur régional Dmytro Lounine, qui a dénoncé un «crime de guerre» et un «crime contre l’humanité».

L’armée ukrainienne a affirmé que le centre commercial avait été touché par des missiles antinavires tirés de bombardiers à long rayon d’action Tu-22, depuis la région russe de Koursk.

Le Premier ministre britannnique Boris Johnson a estimé que cette frappe était une nouvelle preuve de «la cruauté et la barbarie» du président russe Vladimir Poutine. «Le monde est horrifié», a réagi le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

Poussée russe dans l’Est

Dans le bassin du Donbass, déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014, les forces russes, après s’être emparées samedi de haute lutte de la ville stratégique de Severodonetsk, bombardaient lundi la ville voisine de Lyssytchansk, selon les autorités régionales ukrainiennes

Elles ont poursuivi «leurs attaques contre la périphérie sud de Lyssytchansk et ont consolidé leur contrôle de Severodonetsk et des localités environnantes», selon l’ISW.

Les troupes russes mènent des opérations à l’est de Bakhmout pour conserver le contrôle de l’autoroute vers Lyssytchansk et ont lancé «des assauts terrestres infructueux au nord-ouest de Sloviansk», précise l’ISW.

La prise de Severodonetsk a représenté «un coût significatif pour les Russes» en effectifs, a déclaré lundi un haut responsable militaire américain.

Regain dans le Nord-Est

De nouveaux bombardements russes sur Kharkiv, deuxième ville du pays, ont fait quatre morts et 19 blessés dont quatre enfants, a annoncé le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.

«Bien que la poche Severodonetsk-Lyssytchansk demeure la principale concentration opérationnelle de la Russie, une semaine entière de pilonnage intensif suggère qu’elle tente de reprendre l’initiative sur le nord de l’axe d’Izioum», au sud-est de Kharkiv, souligne le ministère britannique de la Défense.

Détermination affichée du G7

Le G7 soutiendra l’Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra», selon la déclaration issue du sommet au château d’Elmau (sud de l’Allemagne).

Les Etats-Unis envisagent de fournir à l’Ukraine un système sophistiqué de missiles sol-air de «moyenne et longue portée», a indiqué lundi la Maison Blanche.

Parallèlement, ces chefs d’Etat et de gouvernement vont continuer «d’accroître la pression sur Poutine», a promis le chancelier allemand Olaf Scholz, à travers notamment une nouvelle salve de sanctions ciblant l’économie russe.

Elles viseront tout particulièrement l’industrie de défense russe, selon un haut responsable de la Maison Blanche.

Moscou nie un défaut de paiement

Le président Poutine va effectuer mardi au Tadjikistan, pays ex-soviétique et allié d’Asie centrale, son premier déplacement depuis le lancement de l’offensive en Ukraine, a annoncé le Kremlin.

Il est ensuite attendu mercredi à un sommet des pays riverains de la mer Caspienne au Turkménistan, autre ex-république soviétique autoritaire d’Asie centrale.

Moscou a par ailleurs récusé toute idée de défaut de paiement dû aux sanctions, mais a reconnu que deux versements n’étaient pas parvenus à leurs créanciers à la date limite dimanche.

Dizaines de milliers de morts

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d’un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquent quelque 20.000 morts.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15.000 à 20.000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev.

Aucune statistique indépendante n’est disponible.

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de 7 millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 8 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié en Pologne.

Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait 37 millions d’habitants sans compter notamment la Crimée, annexée par la Russie en 2014.

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