Le mégaprojet de loi budgétaire de Trump passe une étape-clé au Congrès

AWP/AFP

2 minutes de lecture

Le texte se dirige à présent vers le Sénat, où les élus républicains ont déjà signalé leur intention d’apporter d’importantes modifications.

La Chambre américaine des représentants a adopté jeudi le mégaprojet de loi budgétaire voulu par Donald Trump, qui espère concrétiser certaines promesses phares de campagne comme la prolongation de gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat.

Le texte se dirige à présent vers le Sénat, où les élus républicains ont déjà signalé leur intention d’apporter d’importantes modifications. La navette parlementaire devrait donc se prolonger, sans certitude sur quand ce projet de loi emblématique pour le président américain sera parachevé.

Le chef de la Chambre des représentants, l’élu républicain Mike Johnson, poussait pour passer dès que possible cette «grande et belle loi», comme Donald Trump l’a baptisée. Il avait prévu un vote en pleine nuit à Washington, et la chambre basse, à majorité républicaine, l’a finalement adoptée au petit matin de justesse avec 215 voix pour et 214 contre - dont deux républicains.

«Cette grande et belle loi est la législation la plus importante qu’un parti ait jamais adoptée», a assuré juste avant le vote le «speaker», qui faisait face à de nombreuses dissensions au sein de sa fine majorité.

Pour Donald Trump, l’enjeu est en premier lieu l’extension des gigantesques crédits d’impôt datant de son premier mandat et qui arrivent à expiration à la fin de l’année.

Selon différents analystes indépendants, les prolonger pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2'000 milliards à 4'000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

Medicaid

Le projet de loi prévoit aussi de supprimer l’imposition sur les pourboires, une promesse de campagne du républicain dans un pays où de nombreux travailleurs dépendent de ceux-ci comme principale source de revenu.

Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains ont prévu d’importantes coupes dans certaines dépenses publiques.

Au premier rang desquelles, Medicaid, l’assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes.

Selon l’analyse du CBO, une agence parlementaire non-partisane, les coupes actuellement prévues dans ce programme public menacent de priver d’assurance santé plus de 7,6 millions de personnes d’ici 2034.

Le plus grand programme public d’aide alimentaire, Snap, serait aussi sévèrement touché.

Le CBO prédit ainsi que le projet de loi augmenterait les revenus chez les 10% des ménages les plus aisés, tandis que les 10% des ménages les plus pauvres verraient leurs revenus baisser.

Le projet de loi prévoit aussi la réduction voire la suppression pure et simple de nombreuses incitations fiscales aux énergies renouvelables, adoptées sous Joe Biden.

Les démocrates se sont opposés en bloc au texte, nombre d’entre eux dénonçant une «arnaque fiscale» au profit des Américains les plus riches.

Le texte «représente une attaque sur l’économie, une attaque sur la santé, une attaque sur l’aide alimentaire, une attaque sur l’équité des impôts, et une attaque sur la responsabilité fiscale», a listé dans l’hémicycle tôt jeudi le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.

Déficit

Chez certains élus républicains modérés, on craint que des coupes trop importantes dans ces programmes publics populaires fassent peser un risque électoral trop important, à un an et demi des législatives de mi-mandat.

Mais ce sont surtout les élus ultraconservateurs, partisans d’une réduction de la dette publique, qui s’étranglaient devant les chiffres pharaoniques de la «grande et belle loi» et menaçaient de voter contre.

«Mon inquiétude à propos du déficit et de la dette est énorme», avait déclaré à la chaîne CNN l’élu texan Keith Self, dénonçant un texte qui «nous ferait passer de 36'000 milliards de dollars de dette à 56'000 milliards au minimum en 10 ans».

Après avoir obtenu quelques concessions, ils se sont rangés en grande majorité derrière le texte.

Donald Trump s’était personnellement investi pour les convaincre, se rendant au Capitole pour les rencontrer et lançant au passage une pique envers les «une ou deux personnes qui cherchent à se faire remarquer». Il en avait encore accueilli quelques-uns mercredi à la Maison Blanche.

Le président républicain et le «speaker» Mike Johnson auront finalement réussi leur pari, même si l’épreuve du Sénat attend le texte. Celui-ci pourrait bien revenir avec un tout nouveau visage à la Chambre des représentants.

A lire aussi...