Le Brésil, première économie d’Amérique latine, a enregistré une croissance de 0,9% au troisième trimestre, légèrement supérieure aux attentes, une bonne nouvelle pour le gouvernement Lula face à la méfiance des milieux d’affaires.
Le Produit intérieur brut (PIB) n’a pas autant progressé qu’au premier (+1,1%) et au deuxième trimestres (+1,4%), mais le résultat est au-dessus de la médiane des prévisions des institutions financières consultées par le quotidien économique Valor (+0,8%), enquête qui fait référence.
«Le PIB continue de croître, créant des emplois et générant des revenus pour les Brésiliens», s’est félicité sur le réseau social X le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, revenu au pouvoir il y a près de deux ans.
Le ministère des Finances a célébré dans un communiqué un «rythme de croissance robuste» et a estimé que sa prévision de progression de 3,3% du PIB cette année «devrait être revue à la hausse».
Mais le gouvernement continue par ailleurs à susciter des inquiétudes quant à sa capacité à maintenir l’équilibre budgétaire, et la monnaie brésilienne s’est fortement dépréciée ces derniers jours.
Les chiffres publiés mardi par l’institut de statistiques IBGE confirment le rebond du PIB cette année après une croissance quasi nulle au second semestre 2023.
La progression du PIB s’élève à 4% par rapport au troisième trimestre de l’année dernière.
«L’activité économique continue de montrer des signes de résilience à court terme», constate l’économiste André Perfeito, consultant indépendant.
La croissance brésilienne de juillet à septembre a été tirée par les services (+0,9%) et l’industrie (+0,6%), qui ont compensé un nouveau recul de l’agriculture (-0,9%), confrontée cette année à des événements climatiques extrêmes, comme une sécheresse record dans de nombreuses régions et de terribles inondations en avril-mai dans le Sud.
Par ailleurs, la consommation des ménages a augmenté de 1,5%, tandis que le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis 2012 sur la période allant d’août à octobre (6,2%).
Pression sur le dollar et inflation
Malgré ces bons indicateurs, le gouvernement Lula suscite l’inquiétude des investisseurs quant à sa capacité à respecter son objectif de déficit primaire (avant paiement du service de la dette) zéro pour 2024, avec une marge de tolérance de 0,25 point de pourcentage du PIB.
La semaine dernière, le ministre des Finances, Fernando Haddad, a annoncé une réduction des dépenses publiques de 70 milliards de réais (environ 11 milliards d’euros) d’ici 2026.
Mais il a également indiqué que le plafond de l’exonération de l’impôt serait relevé, pour bénéficier à une frange des classes moyennes. Une baisse des recettes fiscales mal reçue par les investisseurs, même si le gouvernement assure qu’elle sera compensée par une augmentation de l’imposition des plus fortunés.
Résultat: la monnaie brésilienne s’est fortement dépréciée après l’annonce de ces mesures, passant pour la première fois la barre des 6 réais pour un dollar. La cotation du billet vert demeurait au-dessus des 6 réais mardi.
La hausse de la consommation et la baisse du chômage suscitent enfin des inquiétudes au sujet de l’inflation, qui s’est élevée à 4,76% sur un an en octobre, au-dessus de la fourchette - entre 1,5% et 4,5% - visée par la Banque centrale et le gouvernement.
Le comité monétaire de la Banque centrale (Copom) va se réunir pour la dernière fois de l’année la semaine prochaine, et la plupart des experts estiment qu’il relèvera pour la troisième fois consécutive son taux directeur, qui est déjà l’un des plus hauts au monde, à 11,25%.