La BoE relève ses prévisions de croissance

AWP

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L’institution a par ailleurs laissé comme attendu à l’unanimité sa politique monétaire inchangée, à l’issue de sa réunion.

La Banque d’Angleterre (BoE) a relevé jeudi ses prévisions de croissance pour le Royaume-Uni et prévenu d’un resserrement monétaire peut-être plus marqué si l’économie continue de s’améliorer.

L’institution a par ailleurs laissé, comme attendu, à l’unanimité sa politique monétaire inchangée lors de la première réunion de l’année de son Comité de politique monétaire (CPM).

Selon son dernier rapport trimestriel sur l’inflation et la croissance publié ce jeudi, la banque centrale britannique a relevé ses prévisions de hausse du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni à 1,8% pour 2018, contre 1,6% estimé il y a trois mois, et à 1,8% pour 2019, contre 1,7% dans le rapport de novembre. Elle a maintenu en revanche ses prévisions pour l’inflation à fin 2018 et 2019, à respectivement 2,4% et 2,2%.

Ces révisions à la hausse de la croissance sont justifiées principalement par le fait que «l’économie mondiale croît à son rythme le plus rapide en sept ans» et que les conditions financières mondiales restent favorables malgré la récente volatilité observée sur les marchés, a expliqué la BoE.

«Le Comité estime que si l’économie progresse globalement et conformément aux projections du rapport sur l’inflation de février, la politique monétaire aurait besoin d’être resserrée (sur les trois ans à venir) un peu plus tôt et de façon plus marquée» qu’attendu il y a trois mois, dit la BoE dans un communiqué accompagnant la décision monétaire et le rapport.

Et ce même si les projections basées sur les attentes du marché et contenues dans le rapport publié jeudi ne prévoient pas de nouvelle hausse de taux avant le troisième trimestre 2018.

Mais pour Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics, les commentaires de la BoE «mettent la possibilité d’une hausse en mai sur la table».

«En se montrant plus confiante, la Banque d’Angleterre a pris le marché par surprise», a commenté James Smith, analyste chez ING.

Avant jeudi, la probabilité accordée par le marché à une hausse de taux en mai était de 50%.

Dans ce contexte, la livre britannique, stable face au dollar et à l’euro jusqu’à la publication de cette décision, s’affichait désormais en nette hausse jeudi. Une hausse de taux rend une devise plus rémunératrice et donc plus attractive pour les investisseurs.

En novembre, la BoE avait relevé son taux directeur pour la première fois depuis juillet 2007, à 0,50%, afin de tenter de contrer une hausse des prix à la consommation dépassant largement le niveau cible de 2% établi par le gouvernement britannique.

Le taux directeur avait été abaissé au niveau historiquement bas de 0,25% en août 2016 pour soutenir une économie britannique déjà à la peine et dont les perspectives étaient troublées par l’impact de la décision, quelques semaines auparavant, des Britanniques de quitter l’Union européenne (UE).

Un bémol: le Brexit

Un des principaux effets de cette décision a été une dégringolade de la livre britannique qui, à son tour, a entraîné une accélération de l’inflation, pour atteindre plus de 3% fin 2017.

La hausse des prix a aussi été récemment alimentée par une remontée des cours du pétrole et, pour le CPM, «ces forces externes vont se dissiper lentement sur la période (de trois ans étudiée dans ses projections, ndlr) tandis que les pressions inflationnistes internes devraient monter».

En effet, la BoE s’attend à ce que la hausse des salaires, poussive ces dernières années, s’accélère, profitant d’un resserrement du marché du travail. D’ailleurs, la banque centrale a abaissé le niveau de taux de chômage auquel elle estime que le marché du travail est à l’équilibre, de 4,5% à 4,25%, suivant ainsi la baisse effective de ce taux ces derniers mois.

Le renforcement de l’économie britannique implique que la BoE devrait désormais se concentrer plus sur la lutte contre une inflation trop élevée que sur le soutien à l’économie, deux forces opposées qui lui avaient compliqué la tâche monétaire ces dernières années.

Mais l’institution a tout de même assorti ses commentaires plus confiants sur l’économie britannique d’un bémol: les négociations sur le Brexit et sur la relation future entre le Royaume-Uni et l’UE restent les facteurs influents les plus significatifs «et la principale source d’incertitudes pour les perspectives économiques».