EPI, nouveau service de paiement paneuropéen d’ici 2022

AWP

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L’European payment initiative vise à devenir un nouveau standard de paiement pour les consommateurs et les commerçants européens.

«EPI», tel est le nom d’un nouveau service de paiement paneuropéen promis pour 2022 par seize banques du Vieux-Continent en vue de faciliter la vie des consommateurs et commerçants, mais aussi proposer une alternative aux Visa, Mastercard et autres acteurs étrangers.

Acronyme de l’anglais «European payment initiative», ce mécanisme «vise à devenir un nouveau standard de paiement pour les consommateurs et les commerçants européens pour tous les types de transactions, y compris en magasin, en ligne, pour les retraits d’espèces» et les transactions entre particuliers, a annoncé ce consortium bancaire, où figurent les six principaux établissements français.

Le tout via des transactions instantanées entre comptes bancaires.

«La grande innovation ce sera de permettre de régler quelqu’un partout en Europe, sept jours sur sept, de manière instantanée avec par exemple le numéro de téléphone du bénéficiaire», explique à l’AFP Thierry Laborde, directeur général adjoint du groupe BNP Paribas.

Ce nouveau dispositif sera aussi «un soutien pour les institutions publiques européennes et les autorités nationales. Les solutions de paiement numérique existantes en Europe sont fragmentées et les citoyens européens ne sont pas encore en mesure de payer digitalement partout», font valoir les participants, invitant d’autres prestataires de services de paiement à les rejoindre.

Avec un coût estimé à plusieurs milliards d’euros, ce mécanisme vise gros : au moins 60% des paiements électroniques en Europe à terme.

«Un bon projet»

Voilà des mois que ces banques planchaient en coulisse sur ce projet - initialement baptisé «PEPSI» pour Pan European Payment System Initiative - devenu hautement stratégique avec la montée des tensions commerciales au niveau mondial.

Autrefois cantonné aux discussions cryptiques entre spécialistes de la tuyauterie financière, le sujet du paiement est désormais jugé crucial par des décideurs européens soucieux de préserver l’indépendance du Vieux continent face aux géants américains et chinois.

«C’est un très bon projet, ça correspond à une attente des autorités politiques», confie à l’AFP une source à Bercy.

La Banque centrale européenne ne faisait pas non plus mystère de sa sympathie pour cette initiative, au moment où de plus en plus d’observateurs européens s’inquiètent de la mainmise des géants américains Visa et Mastercard sur les services de paiement en Europe.

Et c’est sans compter l’influence grandissante des réseaux chinois Alipay, UnionPay et WeChat Pay, ou encore des solutions de paiement mobile américaine Apple Pay et sud-coréenne Samsung Pay, qui voient dans l’Europe un jardin verdoyant pour prendre racine à l’international.

Le Covid, accélérateur du paiement en ligne

Actuellement «la majorité des paiements électronique passent en Europe par des plateformes technologiques et des systèmes de cartes internationaux. Les évolutions actuelles des comportements et la progression rapide de la numérisation contribueront à amplifier ce phénomène à l’avenir, ce qui posera de multiples défis à l’ensemble des sociétés européennes ainsi qu’aux régulateurs et aux autorités», pointent dans une tribune publiée jeudi Burkhard Balz, membre du directoire de la Bundesbank, et Sylvie Goulard, sous-gouverneure de Banque de France.

«À mesure que les acteurs mondiaux de la technologie (les bigtechs) accroissent leurs parts de marché et renforcent leur position dominante, en offrant un éventail complet de services à une clientèle devenue mondiale, les consommateurs voient leurs possibilités de choix se réduire voire courent le risque de devenir captifs de ce type d’entreprises», ajoutent les deux signataires.

Le projet EPI s’inscrit en outre dans une époque où les consommateurs se détournent désormais massivement des pièces et billets, utilisant davantage leurs cartes de paiement, mais aussi leurs téléphones.

Cette tendance s’est d’ailleurs très fortement renforcée avec la crise du Covid-19, son lot de confinements et ses magasins fermés, lesquels ont poussé les consommateurs dans les bras du commerce en ligne, faisant logiquement exploser les paiements électroniques.

Ce phénomène «renforce tous les acteurs dans le développement des moyens de paiement numériques», souligne dans un communiqué la «Kreditwirtschaft», le lobby qui regroupe les piliers du secteur bancaire allemand.

À terme, EPI pourrait même être tenté de dépasser les frontières de l’Europe : «si ce schéma est très compétitif, pourquoi ne pas essayer de sortir d’Europe, mais ça c’est plutôt une phase ultérieure», affirme Thierry Laborde.

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