Le socialiste fribourgeois ne se représentera pas à la fin de l’année. Au bilan, il aura réussi à faire aboutir la réforme de l’AVS et le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans.
Clap de fin pour le benjamin et doyen du Conseil fédéral Alain Berset. Après douze ans au gouvernement, le socialiste quittera la Berne fédérale à la fin de l’année. Au bilan, il aura réussi à faire aboutir la réforme de l’AVS et le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Mais les affaires ont terni son image.
Rarement un ministre suisse aura fait la une des médias pour autant d’«affaires». La dernière en date est la plus grave. Elle concerne des fuites du Département fédéral de l’Intérieur (DFI) à l’éditeur Ringier sur des décisions du Conseil fédéral durant la crise du coronavirus.
Si son ancien chef de la communication Peter Lauener a été en première ligne, Alain Berset s’est très vite aussi retrouvé en point de mire. L’affaire est remontée jusqu’au Conseil fédéral devant lequel il a répété n’être pas au courant. Mais le soupçon d’une présumée collusion avec les médias a lourdement pesé.
Cette affaire faisait suite à deux autres qui ont aussi suscité l’émoi dans le landerneau politique. Il y a eu l’escapade en avion en France en 2022, interrompue par des avions de chasse français. Aucune poursuite n’a été initiée.
Et il y a encore eu la maîtresse qui a tenté de soutirer 100’000 francs à Alain Berset après une ancienne liaison. L’affaire avait été révélée par la Weltwoche en novembre 2020. Le ministre a toujours invoqué une affaire privée. Il a été blanchi par les commissions de gestion du Parlement.
Face à ces scandales, le Fribourgeois, 51 ans, a toujours fait preuve d’une résistance hors du commun. S’il a bénéficié d’un bon capital de sympathie dans la population, sous la Coupole à Berne, l’ambiance était devenue moins bienveillante ces derniers temps.
En décembre 2022, l’Assemblée fédérale l’a élu à la présidence sur un score médiocre de 140 voix sur 181 bulletins valables. En comparaison, il avait engrangé 190 voix sur 210 bulletins valables pour sa première présidence en 2018. A l’interne au DFI, l’homme est décrit comme très exigeant voire cassant.
Son bilan est plutôt contrasté. Alain Berset restera surtout le ministre qui a réussi à réviser l’AVS, une première depuis 1997. Les femmes travailleront jusqu’à 65 ans, une décision historique avalisée le 25 septembre 2022 par le peuple, mais de justesse.
En revanche, le sort de la prévoyance vieillesse reste encore très incertain. Le Parlement a terminé ses travaux sur la réforme du 2e pilier. Mais la gauche et le Conseil fédéral estiment que les propositions pour compenser les pertes de rentes de la génération transitoire sont insuffisantes. Le référendum est en route.
Les multiples projets pour freiner la hausse des coûts de la santé et l’augmentation constante des primes d’assurance maladie restent aussi une épine dans le pied du ministre de la santé. Cette année étant plus douloureuse que toutes les précédentes avec une hausse de 6,6% en moyenne.
«Nous arrivons au bout de ce que le Conseil fédéral peut faire de lui-même», a déclaré le conseiller fédéral à plusieurs reprises. C’est au Parlement d’agir. Mais celui-ci tarde. Il a reporté plusieurs dossiers et rejeté certaines mesures phares, notamment le prix de référence des génériques.
Les années précédentes n’ont pas non plus été de tout repos pour le chef du DFI. La crise du coronavirus a frappé la Suisse comme le reste du monde en mars 2020.
Propulsé sur le devant de la scène, Alain Berset s’est d’abord présenté en homme d’Etat sûr de lui lors de la première vague. Mais son piédestal s’est quelque peu effrité lors de la deuxième vague en automne 2020.
Ayant choisi une voie médiane pour faire face à la crise, le Fribourgeois a toutefois obtenu le soutien de la population lors des trois votations sur le sujet, la dernière en date remontant à dimanche. La maxime du ministre «il faut agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire» restera dans les annales.
Dans un registre people pas très éloigné, Alain Berset a aussi frappé les esprits en 2018 lors de sa visite au siège de l’ONU à New York. Une photo du «Swiss president», assis sur le trottoir en train d’étudier ses documents, a fait le tour du monde.
Alain Berset est marié et père de trois enfants.