Brexit: Johnson menace de retirer du Parlement sa loi sur l’accord

AWP

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Le chef du gouvernement fait planer l’argument des élections anticipées si les députés «refusent de laisser le Brexit se faire et décident de tout repousser à janvier».

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a menacé mardi de retirer le projet de loi sur son accord de Brexit et de demander des élections anticipées si les députés refusaient la marche forcée qu’il tente de leur imposer.

A neuf jours seulement de la date prévue du divorce, le dirigeant conservateur a mis la pression sur les parlementaires, les appelant à travailler «jour et nuit» pour adopter le compromis négocié à l’arraché avec les 27 autres pays membres de l’Union européenne.

Les députés ayant refusé samedi de se prononcer sur l’accord dans son ensemble, leur feu vert dépend désormais de l’adoption de la législation technique nécessaire à sa mise en oeuvre, un processus bien plus complexe.

«Si le Parlement refuse de laisser le Brexit se faire et décide de tout repousser à janvier ou même plus tard (...), le texte devra être retiré et nous devrons aller vers des élections anticipées», a déclaré Boris Johnson devant la Chambre des communes.

Deux votes sont prévus mardi en fin de journée. L’un a pour objet d’apporter un soutien initial au texte qui traduit dans la loi britannique l’accord de retrait. L’autre porte sur le calendrier de son examen.

C’est ce dernier vote qui s’annonce le plus délicat. Le gouvernement souhaite un processus législatif au pas de charge, espérant finir jeudi. Ce délai très court pour voter un projet de 110 pages (assorties de notes explicatives encore plus longues) irrite les députés.

En cas de rejet, les chances d’adoption finale de la loi avant la fin du mois seraient fortement compromises, renforçant les chances d’un «no deal» dans un peu plus d’une semaine, susceptible de provoquer un chaos à la frontière et des pénuries. Cela pourrait également encourager les Européens à accorder un nouveau report à Londres, qui s’est retrouvé contraint de demander une nouvelle prolongation samedi faute de feu vert du Parlement.

D’où la menace brandie par le Premier ministre pour obtenir des votes positifs mardi, qui marqueraient un net progrès vers une sortie en douceur à la fin du mois sans pour autant la garantir.

Cela permettrait au Royaume-Uni de «tourner la page» et au Parlement de commencer à «guérir et s’unir», a insisté M. Johnson devant les députés.

L’UE a «tout fait»

Boris Johnson est arrivé au pouvoir fin juillet avec la promesse de sortir son pays de l’UE le 31 octobre, plus de trois ans après le choc du référendum de juin 2016. Il ne cesse de marteler son opposition à un nouveau report du Brexit, qu’il a été obligé par la loi de demander samedi.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a affirmé sur Twitter qu’il consultait les leaders européens sur «la manière de répondre» à cette demande de report et a indiqué qu’il avait clairement fait savoir à Boris Johnson qu’un Brexit sans accord ne serait «jamais» la décision des Européens.

Devant le Parlement européen réuni à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré mardi matin qu’il «regretterai(t) toujours la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne». «Mais au moins nous pouvons nous regarder en face et dire que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour s’assurer que ce départ est ordonné».

Le Parlement européen sera la dernière instance à voter sur l’accord de Brexit, après les députés britanniques. Dans l’hypothèse où tout serait prêt d’ici là à Londres, une session extraordinaire pourrait être organisée la semaine prochaine à Bruxelles, selon le porte-parole de l’institution.

Mais à Westminster, l’opposition est en embuscade, prête à dégainer dans les prochains jours des amendements qui, s’ils étaient adoptés, modifieraient radicalement l’accord de sortie. Un amendement des travaillistes porte sur une union douanière avec l’UE, un autre introduirait un nouveau référendum.

Les travaillistes «saisiront toutes les occasions» pour «sauvegarder les droits des salariés, protéger notre économie et s’assurer que le peuple pourra avoir le dernier mot», a écrit John McDonnell, chargé des questions d’économie au sein du Labour, dans une tribune publiée dans le Daily Mirror.

Selon lui, les députés ont «l’opportunité de rejeter le choix factice entre le mauvais accord de Boris Johnson et une sortie sans accord, et soutenir à la place un accord qui vaille pour tout le monde».

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