Malgré plusieurs jours de discussions techniques sur la frontière irlandaise sans avancée majeure, les deux dirigeants «continuent de croire qu’un accord est dans l’intérêt de tous».
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar ont affirmé jeudi entrevoir un «chemin vers un possible accord» sur le Brexit, sans expliquer comment ils comptaient sortir les négociations de l’impasse à moins de trois semaines de la date prévue du divorce.
Malgré plusieurs jours de discussions techniques sur la frontière irlandaise sans avancée majeure, les deux dirigeants «continuent de croire qu’un accord est dans l’intérêt de tous», selon une déclaration commune publiée à l’issue d’une rencontre dans un manoir à Birkenhead (nord-ouest de l’Angleterre), près de Liverpool.
«Ils ont convenu qu’ils pouvaient voir un chemin vers un possible accord», ajoute la même source.
Avant la rencontre, qui intervient à la veille d’une visite à Bruxelles du ministre britannique du Brexit Steve Barclay, Leo Varadkar avait tweeté plusieurs photos montrant les deux hommes tout sourire.
L’horloge tourne: il ne reste plus qu’une semaine avant un sommet européen crucial pour éviter une sortie de l’UE sans accord aux conséquences douloureuses le 31 octobre.
Dans cette optique, l’UE a donné jusqu’à vendredi au gouvernement britannique pour lui présenter un compromis acceptable sur la frontière et arriver à une séparation à l’amiable plus de trois ans après la victoire du «Leave» au référendum de juin 2016.
L’Irlande est une question clé, Londres et Bruxelles ne parvenant pas à s’accorder sur la manière d’éviter un retour à une frontière physique entre l’Irlande du Nord, province britannique, et la République d’Irlande, qui restera membre de l’UE, et de préserver la paix sur l’île, qui a connu plusieurs décennies de violences.
Les dirigeants britannique et irlandais n’ont pas précisé comment ils comptaient surmonter les points de désaccord persistant ces derniers jours.
Signe de l’espoir suscité malgré tout par cette rencontre dans les milieux financiers qui craignent un «no deal», la livre sterling a profité de la nouvelle, se renforçant face au dollar et à l’euro.
La principale organisation patronale britannique, la CBI, avait exhorté jeudi matin les deux parties à «mettre toute leur énergie dans un compromis».
Jeudi, Emmanuel Macron a estimé que le Brexit est une «crise intérieure britannique, pas européenne». Qu’il y ait un accord pour une sortie de l’UE, pas d’accord ou une annulation du Brexit, «à la fin, c’est une responsabilité britannique», a ajouté le président français.
Depuis la présentation la semaine dernière par Boris Johnson d’un plan de Brexit, rejeté par les Européens, aucun progrès majeur n’a été annoncé.
Le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier avait constaté mercredi devant le Parlement européen que «nous ne sommes pas au point d’envisager et de trouver un accord». Il doit rencontrer vendredi matin le ministre britannique du Brexit Steve Barclay.
Faute d’accord le 19 octobre, une loi impose au Premier ministre de demander un report de trois mois, bien qu’il ait promis un Brexit «coûte que coûte» le 31 octobre.
Cette demande de report devra être approuvée à l’unanimité des autres Etats membres, et devra être motivée par la perspective d’élections anticipées ou d’un nouveau référendum, a souligné mercredi la secrétaire d’Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.
«Donner plus de temps dans les mêmes conditions, on le voit, ne nous donnerait pas énormément d’espoir qu’il se passe des choses différentes», a-t-elle ajouté devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur le Brexit.
Des élections anticipées semblent inévitables vu la profondeur de la crise politique dans laquelle le Brexit a plongé le Royaume-Uni, et tous les partis s’y préparent activement.
Lors d’un discours jeudi à Northampton, Jeremy Corbyn, le chef du principal parti d’opposition, le Labour (gauche), a promis s’il arrivait au pouvoir, de décrocher un accord de Brexit dans les trois mois et de présenter celui-ci au vote des Britanniques, ainsi que l’option de rester au sein du Royaume-Uni.
«Le Labour fait confiance aux gens pour décider», a plaidé M. Corbyn.