Gonet: l'actualité des marchés au 20 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,96%, S&P 500 -0,97%, Nasdaq -1,15%, Russell 2000 -1,60%, SOX -3,09%, Eurostoxx +0,25%, SMI -0,03%.

Wall Street le rebond, première prise, on la refait! C’est un joli «dead cat bounce» que réalise le marché américain des actions hier, les hausses de taux à venir de la Fed sont encore en phase d’acceptation dans la psyché de tout un chacun sur les parquets de trading. L’Europe en revanche fait nettement mieux, portée notamment par ses valeurs du luxe, merci Richemont, qui dit merci à Burberry, ce qui fait dire à Antoine Bondain (zonebourse) que luxe a plus d’un tour dans son sac…Nulle surprise donc de constater que l’indice CAC40 fait mieux que ses pairs, lui qui est lesté en LVMH, Hermes et Kering, qui disent merci à Richemont, etc…

Revenons à Wall Street, qui passe une plutôt belle journée jusqu’à la dernière heure de trading où elle se prend les pieds dans le tapis de fort jolie façon et glisse pour terminer sa séance aux plus bas du jour. On observe des intérêts vendeurs pour 1 milliard de dollars à la cloche, difficile de réaliser une belle clôture dans ce contexte. Qu’est-ce qui a donc piqué les intervenants pour que cela se produise? Et bien pas grand-chose, voire rien de nouveau. Le marché manque tout simplement de profondeur et la purge se poursuit dans les valeurs technologiques, dont bon nombre pèsent tellement lourd dans les indices qu’elles ont les moyens d’emporter toute la cote avec elles dans leurs escapades haussières comme baissières. L’indice Nasdaq100 (NDX) a désormais perdu 10,2% depuis son record de novembre, il est donc entré officiellement en territoire de correction, ce qui ne veut pas dire grand-chose finalement. En revanche, si l’on observe sa configuration technique, on réalise que le NDX est revenu très près de sa moyenne mobile à 200 jours, qui constitue un important support pour cet indice. Il n’est pas encore survendu mais son indicateur de volatilité, le VXN (petit cousin du VIX), est remonté à 29. À savoir que 30 est un niveau de résistance alors que, idéalement et pour sonner la charge des taureaux, il faudrait un retour à 36,64, mais rien n’est jamais parfait dans le monde, encore moins dans celui de la finance. On connait les niveaux à suivre, suivons-les donc.

Du côté de l’indice S&P500 (SPX), la situation est quelque peu différente. Le SPX casse sa moyenne mobile à 100 jours en clôture, ce qui demande confirmation et revêt une importance certaine, cette moyenne tient toujours depuis deux ans, épisode covid de février 2020 mis à part. Je note par ailleurs que le SPX s’approche de près de son territoire survendu, territoire où il n’est plus allé depuis le 12 mars 2020 soit 468 jours, c’est assez fou et à suivre, les traders de tous bords ne manqueront pas de le remarquer si cela se produit. Le VIX grimpe de 4,5% supplémentaires et s’approche des 24. La zone 25 – 30 semble propice à un retournement, à suivre de près également.

Une chose me dérange, la baisse des marchés actions d’hier ne peut être attribuée aux rendements obligataires. Sur  la partie US, le 2 ans et le 10 ans reculent tous deux légèrement, le 10 ans évolue ce matin à 1,85%. Ce recul des indices pourrait donc être dû à une détérioration du sentiment général de marché, ce qui nous propulserait un peu plus dans l’émotionnel, au détriment du rationnel. Dans un tel contexte, on assiste souvent à de l’exagération, dans les deux sens ceci dit. Sur le front des secteurs, les poids morts d’hier sont à chercher du côté des banques, des automobiles, des constructeurs immobiliers, des semi-conducteurs (ils prennent cher ces jours), et des médias (ils prennent cher tous les jours). Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) reste plutôt déplorable mais s’améliore avec 23% de positif pour le SPX et 35% pour le NDX. Le pétrole reste demandé, le baril de WTI Light Crude traite à 87 dollars, l’or casse sa résistance horizontale de 1834 dollars par once et traite à 1840 dollars ce matin, prochaine étape 1848 – 1850 dollars. Du côté du billet vert, pas grand-chose à signaler si ce n’est qu’il se replie quelque peu contre l’euro, la paire EUR/USD évolue à 1,1366.

On le constate, le marché ne se rue pas du tout dans les valeurs refuges telles que notamment le dollar. Nous nous trouvons en plein dans une phase de rotation sectorielle plutôt logique, vu la direction que les taux prennent, qui voit des sorties massives du secteur technologique US. En parallèle, les entrées de fonds dans le marché des actions la semaine passée se sont concentrées sur le marché européen, selon Bank of America. Depuis le début de l’année, ce sont les valeurs financières qui sont privilégiées, surtout les bancaires. Bank of America nous apprend aussi que la surpondération dans le secteur technologique est à 1%, on n’avait plus vu niveau aussi bas depuis 2008…l’appétit pour les banques est quelque peu tempéré par les résultats de JP Morgan et Goldman Sachs, dont les dépenses décollent. Ceci dit ce sont des banques d’affaires et non de détail, à suivre donc. Information intéressante que nous livre Bank of America par ailleurs, l’écart de performance entre les titres dits de valeur et ceux de croissance atteint 30% cette année, un gap plus observé depuis 1992.

Vite avant que ça monte! Goldman vend 12 milliards de dollars d'obligations en six tranches, la partie la plus longue de l'offre – un titre de 21 ans – rapportant 1,2 point de pourcentage de plus que les bons du Trésor, selon l’agence Bloomberg. Morgan Stanley vend pour 6 milliards de dollars d'obligations en trois tranches.

Les cas quotidiens en Allemagne ont atteint un nouveau record. Le variant omicron suggère que la pandémie pourrait se transformer en une endémie plus facile à gérer, ouvrant la voie à une croissance plus rapide dans les grandes économies et à une forte demande de services, selon Nomura. La Chine intensifie les tests après avoir établi un lien entre au moins deux cas de la variante omicron et des colis internationaux. Hong Kong arrêtera les cours en personne dans les écoles secondaires à partir de lundi.

L'inflation européenne de décembre (11h00) précèdera plusieurs statistiques américaines. Les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires et l'indice Philly Fed de janvier (14h30), les ventes dans l'immobilier ancien de décembre (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE (16h30).

Richemont: Goldman Sachs relève son objectif de 158 à 167 francs. UBS relève son objectif de 169 à 184 francs. Danone: Berenberg reste à la vente avec un objectif réduit de 55 à 54 euros. Geberit: Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 553 à 549 francs. LVMH: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 725 à 830 euros. Nestlé: Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 130 à 140 francs. SGS: Crédit Suisse passe de neutre à sousperformance en visant 2700 francs. Unilever n'augmentera pas son offre sur GlaxoSmithKline Consumer Healthcare. Google crée une division blockchain. Les pertes de United Airlines sont moins lourdes que prévu au quatrième trimestre. La Chine dément vouloir un droit de regard sur les investissements des géants de l'internet. La boutique en ligne suisse zurrose-shop.ch de Zur Rose, spécialiste en produits cosmétiques et en soins corporels en vente libre, victime d'un vol de données.

Ce matin le marché se réveille de meilleure humeur qu’il ne s’est couché, merci à la banque centrale chinoise (PBoC) qui a réduit deux de ses taux directeurs, ce qui vient s'ajouter aux deux abaissements déjà annoncés en début de semaine sur d'autres lignes de prêts. L'objectif est de soutenir l'économie à un moment charnières. Sur le front géopolitique, il faut aussi noter ce qui ressemble à une bourde de Joe Biden sur l'Ukraine, puisque le président américain a évoqué publiquement deux scénarios, une invasion et «incursion mineure» de la Russie. Le rétropédalage de ses conseilleurs n'a pas suffi à faire taire les critiques, reprochant à Biden d'avoir renoncé à empêcher Vladimir Poutine de mener ses menaces à exécution.

Quoi qu’il en soit, les marchés asiatiques sont en hausse aujourd’hui, Tokyo gagne 1,11% à la cloche, Hong Kong décolle de 3,30%, Shanghai fait du surplace et Séoul progresse de 0,72%. Le future SPX et son alter ego européen avancent de 0,4%. Wall Street le rebond, deuxième?

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