Wall Street s’alarme de la soudaine montée des taux d’emprunt

AWP

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Le Dow Jones clôture en baisse de 0,75%, à 26’627,48 points et le Nasdaq s’enfonce sous les 8'000.

La Bourse de New York s’est nettement repliée jeudi, déstabilisée par la forte et soudaine montée des taux d’emprunt sur le marché obligataire.

L’indice vedette de la place new-yorkaise, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 0,75%, à 26’627,48 points, après cinq séances consécutives de hausse.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a reculé de 1,81%, à 7’879,51 points.

L’indice élargi S&P 500 a cédé 0,82%, à 2’901,61 points.

Le taux d’emprunt sur la dette à 10 ans des États-Unis, après avoir déjà fortement grimpé mercredi, a continué sur sa lancée jeudi, montant jusqu’à plus de 3,2% pour la première fois depuis 2011. Il évoluait vers 20H20 GMT à 3,188%.

De même le taux d’emprunt sur la dette à 30 ans s’est hissé jusqu’à 3,39% jeudi, son plus haut niveau depuis 2014. Il évoluait à 3,345% vers 20H20 GMT.

Cette progression accompagne logiquement la remontée en cours des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale américaine (Fed) au vu de la bonne santé de l’économie des Etats-Unis.

Les indicateurs du jour ont conforté cette perspective: les demandes d’allocations chômage ont baissé plus que prévu lors de la semaine close le 29 septembre tandis que les commandes industrielles ont progressé plus qu’attendu en août.

Mais certains s’inquiètent de voir le marché obligataire se tendre aussi soudainement.

La montée des taux d’intérêt augmente en effet les coûts d’emprunt pour les investisseurs, qui ont largement profité ces dernières années de l’argent peu cher de la Fed pour financer leurs placements.

Elle renchérit également les crédits à la consommation et les emprunts immobiliers effectués par les particuliers ainsi que les dépenses d’investissement effectuées par les entreprises.

Du coup, «on se demande d’où vont venir les dépenses si les gens deviennent réticents à souscrire de nouveaux emprunts», souligne JJ Kinahan, de TD Ameritrade.

La hausse des taux d’intérêt rend par ailleurs plus attractifs les placements sur le marché obligataire, éventuellement au détriment du marché des actions.

Toutefois, rappelle Karl Haeling, de LBBW, la remontée des taux d’intérêt est le reflet d’une économie en forme. «Ce qui trouble les investisseurs, c’est la rapidité à laquelle elle se produit», estime-t-il.

«Guerre froide»

Le marché a aussi été, selon lui, fragilisé jeudi par un regain de tensions entre Washington et Pékin.

Entre les révélations de l’agence Bloomberg, selon lesquelles la Chine a utilisé de minuscules puces informatiques insérées dans des ordinateurs fabriqués en Chine pour tenter de voler des secrets technologiques américains, et le discours très dur du vice-président, Mike Pence, accusant entre autre Pékin de vouloir influencer les élections législatives en novembre, «on a un petit côté guerre froide» qui alimente la nervosité des courtiers, estime-t-il.

Apple (-1,76%) et Amazon (-2,22%), concernés, selon Bloomberg, par l’opération chinoise d’espionnage industriel, ont assuré n’avoir pas été touchés. Mais l’ensemble du secteur technologique a été affecté jeudi par l’accès de faiblesse de Wall Street.

Les banques, qui profitent en général de la remontée des taux, sont parvenues en revanche à tirer leur épingle du jeu: JPMorgan Chase a gagné 0,94%, Citigroup 0,35% et Wells Fargo 1,65%.

La chaîne de librairie Barnes and Noble a bondi de 21,79% après avoir indiqué qu’elle faisait l’objet de plusieurs offres de rachat, dont une de la part du président de son conseil d’administration.

Les sociétés spécialisées dans les logiciels pour gestion de données, Hortonworks et Cloudera, se sont respectivement appréciées de 11,88% et 11,53% après l’annonce de leur fusion en une entreprise valant 5,2 milliards de dollars.

Le groupe de boissons alcoolisées Constellation Brands a grimpé de 5,38% après avoir fait part de résultats trimestriels supérieurs aux attentes.

Le laboratoire pharmaceutique Eli Lilly s’est adjugé 4,02% après avoir rendu publics les résultats positifs d’essais clinique sur un médicament destiné à lutter contre le diabète de type 2.

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