Les craintes de récession économique en Europe et aux USA plombent les marchés européens

AWP

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Paris décroche de 2,21%, Francfort de 1,89% et Milan de 2,06%. Londres fléchit pour sa part de seulement 0,34%. A Zurich, le SMI recule de 0,46%.

Les marchés boursiers reculaient fortement mercredi, anticipant une récession économique aux Etats-Unis, du fait d’un resserrement monétaire, mais aussi en Europe si un embargo sur le gaz russe est prononcé.

Les Bourses européennes, qui ont creusé leurs pertes tout au long de la journée, ont clôturé en forte baisse: Paris a perdu 2,21%, Francfort 1,89%, Milan 2,06%. Les places française et italienne ont même lâché très brièvement 3%. Londres a pour sa part perdu 0,34%. A Zurich, le SMI a cédé 0,46%.

La Bourse de New York se repliait également: vers 16H10 GMT, le Dow Jones cédait 0,60%, le S&P 500 1,16% et le Nasdaq, à forte coloration technologique, 2,41%.

Après les propos plus durs que prévu d’une gouverneure de la Réserve fédérale, réputée accommodante, Lael Brainard, mardi, les marchés anticipent un durcissement encore plus sévère que prévu de la banque centrale américaine.

Lael Brainard a assuré que la Fed était prête à «agir plus fortement» contre l’inflation, notamment par la vente d’actifs financiers, dès sa prochaine réunion monétaire de mai.

Cette perspective d’un resserrement monétaire agressif fait craindre aux analystes de la Deutsche Bank une récession économique aux Etats-Unis d’ici à la fin de l’année. «Et ils ne sont pas les seuls, de nombreux économistes ont cette vision», affirme Philippe Cohen, gérant de portefeuille de Kiplink Finance.

Le compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de l’institution, attendu après la clôture des marchés européens, permettra aux acteurs du marché d’en savoir plus.

Du côté de la Banque centrale européenne (BCE), un membre du directoire a prévenu mercredi qu’un resserrement de la politique monétaire en zone euro risquerait de plomber l’activité économique déjà fragilisée.

Les opérateurs européens sont d’autant plus inquiets des discussions actuelles entre les pays de l’Union européenne sur de nouvelles sanctions contre la Russie, concernant le charbon et les investissements dans le pays. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont annoncé de nouvelles mesures économiques et financières.

C’est surtout un arrêt des importations de gaz et de pétrole russe qui inquiète les marchés, «ce serait insupportable pour l’économie», selon Philippe Cohen.

Mais pour Michael Hewson, «ce n’est qu’une question de temps avant que la pression ne devienne trop forte» et que les pays encore réticents à cette mesure ne cèdent, surtout si de «nouvelles preuves d’atrocités commises par les Russes» surviennent. La Russie est accusée d’exactions sur les populations civiles, notamment dans la ville de Boutcha, près de Kiev.

Le président du Conseil européen Charles Michel a estimé mercredi que l’UE devrait «tôt ou tard» prendre des sanctions sur le pétrole et le gaz russes.

Hausse des taux et baisse des Tech

Sur le marché obligataire, les taux d’intérêt réagissaient à tout ce contexte en grimpant: celui pour l’emprunt américain à 10 ans s’établissait à 2,599%, au plus haut depuis 2019. Ceux en Europe se tendaient également nettement, le 10 ans allemand montant à 0,644%.

Les valeurs de la technologie, qui ont besoin de taux bas pour financer leur croissance et pour la valorisation de leurs bénéfices à long terme, reculaient.

A New York, des géants tels que Meta (-2,65%) ou Amazon (-2,92%) étaient tous dans le rouge. En Europe, Teleperformance (-4,53%), Darktrace (-1,55%) ou encore HelloFresh (-9,46%) ont aussi souffert.

Encore plus exposés, les fabricants de semi-conducteurs souffraient des tensions internationales et des mesures de restriction en Chine. Infineon a reculé de 3,78%, STMicroelectronics de 2,77%. Nvidia perdait 6,12% et AMD 3,39%.

Le rouble efface ses pertes

Les prix du pétrole baissaient nettement, après une hausse sensible et surprise des stocks de brut américains.

Le baril de WTI à échéance mai repassait sous les 100 dollars: perdant 2,88% à 98,98 dollars. Le Brent de mer de Nord, la référence européenne, pour livraison mai cédait 2,20% à 104,29 dollars vers 16H00 GMT.

Sur le marché des devises, le rouble est temporairement revenu au niveau auquel il avait clôturé le 23 février (81,16 roubles pour un dollar), avant l’invasion russe de l’Ukraine. Vers 16H00 GMT, il s’échangeait à 82,1933 roubles pour un dollar.

L’euro restait faible (+0,07% à 1,0912 dollars), face au billet vert, galvanisé cette semaine par la politique de la Fed.

Le bitcoin reculait de 3,62% à 44.215 dollars.

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