La volonté d’un durcissement monétaire continue de frapper les marchés – Flash boursier Bonhôte

Karine Patron, Julien Staehli et Pierre-François Donzé, Banque Bonhôte & Cie SA

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Taux de chômage en hausse et ralentissement des créations de postes aux Etats-Unis.

Les marchés ont poursuivi la baisse entamée la semaine dernière à la suite du Symposium de Jackson Hole et face à la volonté affichée par le président de la Réserve Fédérale (Fed) de poursuivre le durcissement monétaire visant à juguler l’inflation.

Le rapport mensuel sur l’emploi publié aux Etats-Unis vendredi dernier est apparu contrasté, avec un taux de chômage en hausse à 3,7% et un ralentissement des créations de postes. Cependant, cela ne semble pas en mesure d’infléchir la trajectoire haussière de la politique monétaire américaine. Toutefois, la hausse du taux de participation constitue une bonne nouvelle pour la Fed car cela pourrait conduire à un ralentissement de la hausse des salaires, synonyme de moindre pression inflationniste.

Ainsi, le mois dernier les Etats-Unis ont créé 315’000 emplois dans le secteur non agricole, soit un peu plus que les 298’000 attendus par le consensus, mais bien moins que les 528’000 du mois de juillet. Le taux de chômage a quant à lui progressé de 0,2 point à 3,7%, contre une stabilité anticipée, mais les salaires n’ont pas flambé. En base annuelle, ils enregistrent une hausse de 5,2%.

Dans ce contexte, l’indice du S&P 500 a cédé 3,19% tandis que l’indice technologique du Nasdaq, plus sensible aux anticipations de taux, a perdu 3,92%.

Du côté des marchés obligataires, les rendements ont légèrement progressé, le taux 10 ans US atteignant 3,19% alors que la partie courte de la courbe a quant à elle enregistrée une légère détente.

En Europe, la persistance de l’inflation et la crise énergétique continuent d’impacter fortement le sentiment de marché et fragilisent les perspectives économiques. Ainsi, l’Allemagne s’est engagée à verser environ 65 milliards d’euros pour aider les ménages à régler leurs factures d’énergie en instaurant une taxe exceptionnelle sur les profits des sociétés du secteur de l’énergie. La Suède apportera des garantis de crédit aux compagnies d’électricité nordiques d’un montant de 250 milliards de couronnes (23 milliards de dollars).

La BCE annoncera ce jeudi sa décision concernant l’ampleur de la hausse des taux. A ce stade, une hausse de 50 points de base parait probable.

L’essentiel en bref

 

Les marchés financiers ne sont pas l’économie

En période de forte inflation et d’anticipation de récession, il n’est pas aisé de faire preuve de sang-froid. Nombre d’investisseurs néophytes choisissent de purement et simplement vendre leurs titres en attendant que le paysage économique retrouve de son éclat.

Premièrement, il faut toujours garder à l’esprit que la bourse anticipe les éléments futurs. La hausse des prix, la possible récession, les tensions géopolitiques et leurs implications sur l’approvisionnement énergétique sont déjà pris en compte et « pricés » par le marché. Ainsi, ces éléments n’influenceront plus le cours des actions, sauf si un nouvel élément, jusqu’ici ignoré des investisseurs, ne vienne subitement perturber l’évolution de ces composantes.

La littérature est riche en études qui démontrent la caractéristique prédictive du marché financier sur l’économie réelle. Les actions chutent avant un ralentissement économique et rebondissent avant la reprise. Sortir du marché par anticipation d’une récession, c’est potentiellement se priver d’opportunités futures. D’autant plus que l’histoire a démontré que récession n’est pas forcément synonyme de baisse des marchés, et inversement. Par exemple, en 2001 les marchés ont continué de baisser encore une année après la fin de la récession. En 2008, les marchés ont chuté avant le resserrement de l’activité économique suite à la médiatisation de la crise des « subprimes ».

Ainsi, identifier une corrélation entre les variations des marchés financiers et celles de l’économie réelle est une gageure. C’est pourquoi, en période d’incertitude, les investisseurs avertis se replient sur des actions de compagnies qu’ils jugent être de qualité. En effet, ces entreprises cherchent l’efficience dans l’exécution de leur activité (gouvernance, transparence des comptes, risques environnementaux, etc). De cette façon elles minimisent les risques qui leur sont propres et ne sont plus que partiellement impactées par les risques systémiques qui sont communs à l’ensemble du marché. Ce sont donc souvent les entreprises qui s’en sortent le mieux sur le long terme.

Enfin, diversifier son exposition, notamment dans différents secteurs qui devraient connaître une croissance significative, semble être la meilleure alternative actuelle.

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