La chronique des marchés de Vontobel au 21 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,07%, SPX -0,30%, Dow -0,55%, Russell -0,76%, SOX -1,02%, Eurostoxx -1,07%, SMI -0,66%.

 

Wall-Street écoute religieusement ce que la Fed a à dire et se réjouit d’apprendre que les taux d‘intérêts ne vont pas monter cette année, ni en 2021 et probablement une seule fois en 2020. Le vote des gouverneurs de la Fed est unanime (10 – 0), c’est important et le marché célèbre la nouvelle comme il se doit…53 minutes durant, pour ensuite repartir vers le sud et clôturer autour de l’équilibre. L’indice S&P500 (SPX) reste confortablement installé au-dessus des 2800 points ainsi que de sa moyenne mobile à 200 jours et une «golden cross» se profile à l’horizon, qui représente bien souvent un signal d’achat. Mais le comportement de la bourse hier soir est symptomatique d’un marché qui n’a plus de raison valable d’aller plus haut. La Fed est intégrée dans les prix et son annonce d’hier a été réellement très accommodante. N’imaginons même pas ce qui se serait passé si le ton avait été plus «faucon» (hawkish). Pour citer Hendrik Groenendijk à nouveau, c’est la Fed et son approche désormais franchement «colombe» qui tient ce marché. Les deux dernières heures de trading sur le NYSE ont été une belle illustration de son propos.

Quid de la Fed donc? La banque centrale américaine a maintenu comme prévu ses taux directeurs à 2,25%-2,50% hier soir. Mais surtout, dans ses nouvelles projections, elle a révisé à la baisse son objectif de taux des Fed Funds pour la fin 2019, de 2,9% à 2,4%, ce qui signifie qu'elle ne prévoit désormais plus aucune hausse de taux cette année, ce qu'espéraient les marchés financiers compte-tenu du ralentissement de la croissance mondiale. De plus, les prévisions de croissance du PIB pour 2019 aux Etats-Unis ont été revues à la baisse à 2,1% contre 2,3% en décembre. Enfin, la Fed a indiqué qu'elle mettra fin en septembre à son programme de réduction du bilan, ce qui revient à assouplir encore sa politique monétaire. Plus «cool» que ça tu meurs…

Il y en a un qui ne trouve pas cela du tout cool, c’est Mr Greenback. Le dollar se prend les pieds dans le tapis avec le Dollar Index (DXY) qui perd 0,6% à 95,98. L’euro remonte à 1,1413 contre le billet vert et le rendement de l’emprunt US à 10 ans se casse la figure pour traiter à 2,51% ce matin. La courbe des taux s’aplatit à nouveau et envoie les financières dans les cordes alors que les secteurs sensibles aux mouvements de taux d’intérêts passent une fort belle journée (immobilier et constructeurs notamment). Les automobiles souffrent des déboires de leurs consoeurs européennes (avertissement sur bénéfices chez Daimler et BMW), les transports (TRAN -1,3%) sont pénalisés par les compagnies aériennes et les industrielles boudent. Au sujet de ces dernières, il faut dire que les marchés s'inquiètent d'informations faisant état d'un regain de tension dans les négociations entre les Etats-Unis et la Chine. Cette dernière serait revenue en arrière ces derniers jours sur des concessions qu'elle avait faites, notamment en matière de respect de la propriété intellectuelle. Pékin réclame désormais, comme préalable à sa signature d'un accord, une levée des droits de douane sur les biens chinois exportés vers les Etats-Unis. En outre, Pékin chercherait à faire inclure dans le texte que les éléments de l'accord devront être compatibles avec les lois chinoises. Mais, Donald Trump ne semble pas prêt à de telles concessions, et compte bien maintenir la pression sur la Chine grâce aux droits douaniers imposés à quelque 250 milliards de dollars de marchandises chinoises depuis 2018.

La volatilité gagne encore un peu de terrain, l’indice VIX en hausse de 4% à 14,14, les intervenants se remettent donc à acheter de la protection. La faiblesse du dollar profite aux matières premières et notamment au pétrole, le WTI Light Crude repassant au-dessus des 60 dollars le baril. L’or est de la fête, l’once décollant à 1318 dollars, il était temps.

Aujourd’hui sera une journée chargée avec les résultats de Tencent, après la clôture de Hong-Kong, la décision de la Banque d’Angleterre sur les taux d’intérêts (bonne chance Mr Carney avec le brouillard généré par le Brexit), la réunion à Bruxelles des dirigeants européens qui vont discuter du Brexit et de la demande de Theresa May de repousser l’implémentation de ce dernier au 30 juin (la date initiale est prévue au 29 mars). On peut donc penser que juin pourrait être la fin de May…Le président chinois Xi Jinping est en visite d’Etat à Rome, aux Etats-Unis on suivra les demandes hebdomadaires d’allocations chômage et l’indice Philly Fed. En zone euro la confiance des consommateurs sera publiée. En Suisse, la BNS annoncera sa décision sur les taux d’intérêts à 9h30.

Ce matin les places financières européennes ouvrent en baisse, seul le secteur de l’énergie progresse vers le haut. Le future S&P500 recule de 4 points, les bulls (taureaux, haussiers) n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. De là à annoncer le retour triomphal des bears (ours, baissiers), il y un pas…

Ford va accroître sa production de véhicules électriques en convertissant une seconde usine nord-américaine. La BCE a lancé en janvier un audit sur la Banca Monte dei Paschi pour évaluer les risques opérationnels et juridiques de l'établissement. Uniper négocie la vente de ses parts dans un terminal GNL italien au fonds First State. Lion Air plancherait sur une entrée en bourse. Givaudan prend une participation au capital du coréen Bio FD&C. SGS est dégradée à Sell par Goldman, le titre abandonne 1,8%.

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