L’escalade entre Washington et Pékin fait trembler les marchés

AWP

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Donald Trump a mis le feu aux poudres en déclarant que son administration allait infliger des droits de douane supplémentaires sur les produits chinois jusque-là épargnés.

Accablés par la reprise du conflit commercial sino-américain, relancé sans crier gare par Donald Trump, les indices boursiers ont fortement dévissé vendredi, tandis que les valeurs refuge, comme l’or ou la dette allemande, ont flambé.

«C’est un nouveau mauvais jour pour les marchés européens (...) après que le président Trump a jeté en l’air les pièces de l’échiquier commercial», a observé Michael Hewson, un analyste de CMC Markets. «La nervosité liée au commerce sino-américain a mis les investisseurs sur la défensive.» 

Alors que les investisseurs se remettaient à peine de la réunion de la Réserve fédérale américaine, pas assez accommodante à leur goût, le président américain a mis le feu aux poudres jeudi soir en déclarant que son administration allait infliger, à compter du 1er septembre, des droits de douane supplémentaires de 10% sur les 300 milliards de dollars d’importations chinoises jusque-là épargnées.

Ces déclarations ont d’abord touché de plein fouet Wall Street, encore ouverte, avant de se propager vendredi à l’Asie, où Tokyo a notamment chuté de 2,1%, puis aux marchés européens.

Vendredi, la Bourse de New York a poursuivi son repli: le Dow Jones a cédé 0,37%, le Nasdaq 1,32,% et le S&P 500 0,73%.

En Europe, tous les marchés y ont laissé des plumes: la Bourse de Paris a dégringolé de 3,57%, celle de Francfort de 3,11% et celle de Londres de 2,34%. Zurich a relativement mieux résisté, avec un recul de 1,17% du SMI.

En première ligne, les matières premières, à l’instar d’ArcelorMittal à Paris ou Glencore à Londres, ont été très affectées. Les semi-conducteurs également, comme STMicroelectronics sur le CAC 40 ou Infineon sur le Dax.

«C’est à nouveau une escalade» des tensions commerciales sino-américaines, qui «montre l’absence de cohérence de la communication de Trump», alors qu’il y a seulement quelques jours, l’administration américaine indiquait que «les discussions se passaient bien», a souligné auprès de l’AFP Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

La réplique chinoise ne s’est pas fait attendre, Pékin menaçant vendredi de prendre des mesures de représailles.

«Il n’est pas difficile de comprendre à quel point cette brusque escalade a pris les marchés de court», alors même qu’ils espéraient que «la reprise de négociations déboucherait a minima sur une courte période de cessez-le-feu», a ajouté M. Hewson.

«Il est difficile de comprendre ce que le président a à l’esprit, a-t-il analysé, étant donné que ces taxes vont probablement surtout toucher sa base, puisque les produits concernés incluent des basiques de la consommation américaine comme les jouets, l’habillement ou les appareils électroménagers».

La dette allemande dans les abysses

En tout cas, son geste pourrait affaiblir davantage le dollar, ainsi qu’il le souhaite, selon l’expert. 

Le billet vert a clairement perdu du terrain face à l’euro depuis jeudi soir. Vendredi vers 22H00 (18H00 GMT), la devise européenne grimpait à 1,1105 dollars contre 1,1085 à 21H00 GMT la veille.

«Les nouveaux droits de douane pourraient être un coup rendu à la Fed de la part de Donald Trump, qui estimait» que sa politique «n’était pas assez accommodante», et la pousser ainsi «à baisser davantage ses taux lors de la prochaine réunion», a observé Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

La Banque centrale américaine a baissé ses taux d’un quart de point de pourcentage mercredi mais Donald Trump, qui avait réclamé une baisse «forte», a rapidement fait part de sa déception.

Les actifs considérés comme des refuges, à l’inverse, ont été largement privilégiés par des investisseurs anxieux.

Le yen s’est apprécié fortement, tout comme l’or, qui a atteint un plus haut depuis 2013 à 1.450,30 dollars l’once.

Sur le marché obligataire, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis restait sous la barre des 2%, à 1,850% vers 18H00 GMT, après être tombé au plus bas depuis novembre 2016.

En Europe, celui de l’Allemagne, le «Bund», qui sert de référence au marché, s’est enfoncé en territoire négatif, tombant jusqu’à -0,504%, avant de remonter à -0,497% à la clôture, entraînant dans son sillage le taux allemand à trente ans, qui est brièvement passé en territoire négatif.

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