Gonet: l'actualité des marchés au 25 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +8,1%, SPX +9,4%, Dow +11,4%, Russell +9,4%, SOX +11,2%, Eurostoxx +9,24%, SMI +7,02%.

Wall Street repart violemment à la hausse. On retiendra de la séance d'hier que le Dow Jones réalise sa plus forte progression depuis 1933. L'optimisme prévaut dans les salles de marchés que le plan de soutien à l'économie des Etats-Unis sera voté par le Congrès (c'est désormais chose faite, l'administration Trump a conclu un accord avec les démocrates et les républicains du Sénat sur un plan de sauvetage de plus de 2000 milliards de dollars de dépenses et d'allégements fiscaux pour soutenir l'économie américaine et financer un effort national pour endiguer le coronavirus) et les annonces récentes de la Fed font également effet. Notons par ailleurs que les nouvelles en provenance d'Italie sont relativement encourageantes. La mortalité y reste élevée mais la hausse des contagions continue de ralentir, sans s'infléchir pour autant pour le moment. Aux Etats-Unis le nombre de cas augmente à une vitesse folle, le pays devrait devenir l'épicentre de la pandémie dans les prochains jours avec un nombre de contaminations supérieur à ceux de l'Italie et de la Chine. Tout personne quittant la ville de New York doit désormais se mettre en quarantaine. Et pendant ce temps, au royaume du «make business great again», Donald Trump veut rouvrir l'économie de son pays d'ici Pâques au plus tard...

Pour en revenir au marché, les indices clôturent au plus haut du jour dans des volumes d'échanges soutenus. Les secteurs qui avaient été le plus massacrés sont particulièrement recherchés (cartes de crédit, compagnies aériennes, immobilier, énergie, assurances vie, voyagistes, automobiles, restaurants, parmi d'autres), l'indice S&P500 (SPX) repasse au-dessus de son plus bas de 2018 et de son niveau de retracement Fibonacci de 38,2% de la hausse de 2009 à 2020. Les chartistes apprécieront. Cela dit, le SPX n'est jamais parvenu à monter deux séances de suite depuis le 12 février. C'est une belle hausse que celle d'hier donc. Ceci dit ne nous emballons pas, la fin du mois/trimestre approche à grand pas et on estime que les fonds de pension vont devoir acheter entre 250 et 300 milliards de dollars d'actions pour le rebalancement de cette fin de mois, auraient-ils déjà commencé leur shopping au vu des soldes actuelles? On note par ailleurs que les shorts (les vendeurs d'actions à découvert) ont massivement couvert leurs positions hier. Au registre du baromètre de la peur, l'indice VIX (volatilité du SPX) fait du surplace ce qui, dans le contexte d'une journée de forte hausse comme celle d'hier, peut paraitre illogique. On peut en conclure que de nombreux intervenants sont comme des chats échaudés et continuent d'acheter de la protection. C'est une relative bonne nouvelle, le boxeur ne baisse pas complètement sa garde, ça diminue le risque d'uppercut à court terme.

Respect à Tom Demark, qui lors d'une interview hier matin prédisait une hausse de 11% du marché des actions américaines. Cela dit je ne me souviens pas qu'il ait ajouté que cela se produirait en une seule séance...

Boeing (BA US +20,8% et +8% après la clôture) bondit dans l'espoir de l'adoption du plan de soutien à l'économie, qui comporte un volet important en faveur du secteur aéronautique. Ce soutien sera le bienvenu alors que l'agence de notation financière Fitch a abaissé de deux crans, hier, la note de la dette du constructeur d'avions américain, à «BBB», à seulement deux crans de la catégorie «junk bond». Il se murmure par ailleurs dans les salles de marchés que la production du 737 Max pourrait reprendre au mois de mai. Chevron (CVX US +22,7%) Le groupe a pris des mesures pour préserver sa trésorerie. Intel (INTC US +5,7%) suspend son programme de rachat d'actions. Face à la pandémie de coronavirus, la firme californienne a en revanche décidé de maintenir le versement de son dividende. Gilead (GILD US +1,8%) Le Remdesivir, un potentiel traitement de la maladie causée par le coronavirus, a obtenu le statut de médicament orphelin par l'agence américaine du médicament offrant une exclusivité commerciale de sept ans et autres avantages fiscaux au laboratoire américain. Après la clôture de Wall Street, Nike publie ses résultats et décolle de 11%, la compagnie surprend par sa robustesse, aidée principalement par les ventes en ligne. Notons par ailleurs que Nike indique voir une stabilisation et un retour à la normale en Chine, au Japon et en Corée du Sud. Facebook recule de 1.8% dans les échanges après-bourse, le géant des réseaux sociaux encaisse moins de revenus publicitaires.

Hier les bourses européennes ne sont pas en reste avec l'indice Eurostoxx qui est propulsé de près de 10% d'un coup, porté en premier lieu par les valeurs de l'énergie et les financières. Le CAC40 français réalise sa plus belle séance depuis décembre 2008. Et que dire du DAX allemand qui réalise un swing de 17% en moins de 17 heures, pour s'adjuger 11% à la cloche. Là aussi les valeurs financières mènent la danse mais pas l'énergie, remplacée par les titres de la consommation. C'est également la chasse aux ours (bears) en Suisse où l'on recherche principalement Swiss Re, Swiss Life et Crédit Suisse. Nestlé, Novartis et Roche progressent dans une moindre mesure, elles ont joué leur rôle de valeurs refuges et rentrent momentanément dans le rang.

La pause du dollar se confirme après plus d'une semaine d'ascension fulgurante, les investisseurs ayant fui les autres devises, notamment celles des marchés émergents, pour se réfugier dans le billet vert. Le dollar index DXY à 101,44, la paire eur/usd à 1,0822. Les cours du pétrole rebondissent eux aussi dans l'espoir du plan de relance aux Etats-Unis. Le WTI Light Crude à 24,73 dollars le baril ce matin. L'or repart fortement à la hausse avec l'once qui est de retour à 1667 dollars. On parle d'assèchement de l'offre dû la pandémie, additionné à un retour massif des investisseurs dans cette valeur refuge.

Les indicateurs économiques d'hier sont tous très mauvais. Le déclin global de l'activité est le plus fort enregistré depuis octobre 2009 et reflète une baisse généralisée de l'activité dans l'ensemble des secteurs manufacturier et des services. Ce n'est une surprise pour personne et le marché ignore cela superbement, on verra ça plus tard...Aujourd'hui nous suivrons notamment l'indice IFO de confiance des milieux d'affaires allemands et les commandes de biens durables aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices poursuivent leur forte hausse d'hier avec notamment Tokyo qui récupère 8% supplémentaires. Le future SPX progresse de 0,5% alors que l'Europe est indiquée en hausse de 2,7%. C'est impressionnant après la forte hausse d'hier et cela reflète probablement un retour timide du FOMO (Fear Of Missing Out), la peur crasse de ne pas en être lorsque tout cela repartira. Encore une fois, gardons la tête froide, les marchés n'évoluent en rien sur des bases rationnelles actuellement.

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