Confrontés à des horizons incertains, les marchés européens rechutent

AWP

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Paris lâche 2,83%, Francfort 2,93% et Milan 4,20%, alors que les investisseurs s’attendaient à un ton plus souple de la BCE. Londres termine en baisse de 1,54% et Zurich fléchit de 0,89%.

Le rebond de la veille aura été de courte durée: les Bourses occidentales ont piqué à nouveau du nez jeudi devant l’absence de progrès diplomatique sur un cessez-le-feu en Ukraine, l’accélération de l’inflation américaine et la normalisation de la politique monétaire en zone euro.

Après un répit éphémère mercredi qui faisait suite à une période prolongée de repli, les indices européens ont de nouveau flanché: Paris a perdu 2,83%, Francfort 2,93% et Milan 4,20%, alors que les investisseurs s’attendaient à un ton plus souple de la Banque centrale européenne (BCE). Londres a terminé en baisse de 1,54%. A Zurich, le SMI a cédé 0,89%.

L’échec des chefs de la diplomatie russe et ukrainienne à s’accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine pesait sur le moral des investisseurs.

Au moment de la clôture européenne, le Dow Jones cédait 1,22%, l’indice Nasdaq, à majorité technologique, lâchait 1,99% et l’indice élargi S&P 500, abandonnait 1,52%.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré jeudi que les Etats-Unis et ses alliés européens pourraient imposer des sanctions supplémentaires à la Russie, évoquant les «atrocités» contre les civils qui «semblent s’intensifier».

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a prévenu que les sanctions occidentales visant son pays en lien avec l’Ukraine allaient aggraver la crise énergétique et l’inflation des prix alimentaires à l’échelle mondiale.

En zone euro, alors que les investisseurs s’attendaient à un adoucissement du discours monétaire, la BCE a décidé d’accélérer le retrait progressif de ses rachats de dette face à l’envolée de l’inflation, tout en se laissant le temps d’agir sur les taux.

Autre surprise: la BCE n’affirme plus, contrairement à ce qu’elle a fait jusqu’ici, qu’un arrêt de ces achats de dette sera automatiquement suivi d’une hausse des taux directeurs, qui serait la première depuis 2011.

La hausse pourrait, selon la présidente de l’institution Christine Lagarde, aussi bien survenir «la semaine suivante» que «des mois plus tard» en fonction des données économiques.

L’exercice était délicat alors que la guerre en Ukraine a donné une nouvelle impulsion à l’inflation et pousser la banque centrale à réviser à la baisse ses anticipations de croissance à 3,7% pour 2022, contre 4,2% auparavant.

Les experts de la BCE ont fortement revu à la hausse les prévisions d’inflation pour cette année, à 5,1% contre 3,2%, puis à 2,1% en 2023 et 1,9% en 2024.

De quoi dégrader le marché des emprunts souverains, où les rendements se tendaient fortement.

«Le dilemme auquel la BCE est maintenant confrontée est de contrôler la hausse de l’inflation et de la ramener à l’objectif, tout en veillant à ce qu’elle n’exacerbe pas l’impact probable de la crise ukrainienne» sur la reprise économique, souligne Lale Akoner, stratégiste chez BNY Mellon Investment Management.

Les valeurs minières étaient globalement en forte hausse à la Bourse de Londres, à l’exception des entreprises exposées à la Russie comme Polymetal International, qui a reculé de 2,86% à 151,25 pence, ou le géant de l’acier Evraz, dont le milliardaire russe Roman Abramovitch, visé par des sanctions du gouvernement britannique, est le principal actionnaire. Le titre a été suspendu en milieu de séance, alors qu’il affichait une baisse de 12,6% (à 80,89 pence) et de 76% depuis le début de l’année.

A Francfort, BMW a dévissé de 5,51% à 72,00 euros. Le constructeur a vu ses ventes baisser de 14% sur un an au quatrième trimestre.

Du côté du pétrole, de l’euro et du bitcoin

Les cours du pétrole se stabilisaient jeudi, Vladimir Poutine ayant assuré que la Russie maintenait toutes ses livraisons d’hydrocarbures, malgré les sanctions occidentales.

Vers 17H20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, référence de l’or noir en Europe, pour livraison en mai décélérait (+0,70%) à 111,90 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril grappillait 0,18%, à 108,90 dollars.

Le gaz naturel européen se détendait aussi après un record à près de 350 euros le mégawattheure lundi.

L’euro cédait 0,68% à 1,1001 dollar.

Le bitcoin (-6,23% à 39.248 dollars) cédait une grande partie des gains de la veille, acquis après le lancement du chantier d’un «dollar numérique».

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