L’économie parasitaire – Rentes, privilèges et pouvoir: freins à la croissance

Présélection prix Turgot

1 minute de lecture

Beat Bürgenmeier, Editions Mardaga.

Beat Bürgenmeier est professeur émérite d’économie de l’Université de Genève. Il a été président du comité scientifique de Fondaterra (fondation européenne pour des territoires durables), et du Conseil de l’Association allemande des professionnels de l’environnement. Il préside en Suisse l’organe consultatif de l’Office fédéral de l’environnement pour la recherche fondamentale.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Alain Brunet

L’hypothèse que la croissance économique serait solution universelle à la lutte contre les inégalités n’est pas tenable tant il existe de sources d’imperfections préjudiciables au bon fonctionnement des marchés: acteurs dépourvus de rationalité, moyens de paiement sous-optimaux, absence de lien direct entre épargnants et investisseurs. Ces imperfections qui se trouvent à l’origine de ce que l’auteur qualifie d’«économie parasitaire» sont analysées en détail. Beat Bürgenmeier montre d’abord comment la bureaucratisation issue de la mutation de l’entrepreneur en gestionnaire agit sur les coûts de transaction et augmente la friction des échanges sans pour autant créer de la valeur. Par sa critique des différents courants de pensée qui se sont agrégés à cette bureaucratie, on ne doit pas être dupe de la véritable capacité du change management à laisser se développer des techniques parasitaires. La réplique de Tancrède à Don Fabrizio Corbera dans Le Guépard en illustre parfaitement les limites: «tout doit changer pour que rien ne change». Enfin, à l’opposé des promesses qui sont affichées, les technologies de l’information et de la communication constituent une opportunité de faire émerger de nouveaux monopoles sans réduire la complexité bureaucratique. Pire encore, leurs effets collatéraux impactent l’environnement. Le risque majeur est une rupture de confiance annonciatrice de graves crises sociales. Les remèdes proposés par l’auteur ne sont pas toujours simples à mettre en œuvre. Par exemple, la société civile doit exiger que la finance change son modèle en profondeur. Rien de moins.