Une reprise basée sur la complémentarité

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

«Dynagest apportera à Banque Profil de Gestion une solide clientèle institutionnelle», explique Silvana Cavanna, CEO de BPDG.

 

La Banque Profil de Gestion (BPDG) reprend Dynagest. Un rachat qui s'inscrit dans la volonté de croissance exprimée dans le plan triennal 2017-2019 du groupe italien Banca Profilo dont BPDG est la filiale suisse. Objectif de ce plan? Une augmentation de 16% des actifs du groupe à 6,6 milliards d’euros sous gestion en banque privée et 9 milliards de masse totale. Point de situation avec la très discrète Silvana Cavanna, CEO de BPDG et unique femme à la tête d’une banque cotée en Suisse.

BPDG a considérablement amélioré ses résultats en 2017 avec un résultat opérationnel multiplié par quatre. Quelles sont les explications qui sous-tendent ces résultats?

Notre masse sous gestion a presque doublé sur deux ans, passant de 650 millions à 950 millions de francs suisses, sur la base d’une structure opérationnelle qui avait été complètement optimisée au cours de années précédentes. Autrement dit, notre organisation nous permet aujourd’hui d’accroître les actifs gérés sans alourdir proportionnellement les coûts. Fin 2016, nous avions renforcé nos équipes avec l’arrivée de Karel Gaultier, nouveau responsable du private banking, et la formation d’une équipe de fusion-acquisition dirigée par Pierre-André Montjovet. L’un des facteurs qui nous différencie – et attire la clientèle – est notre excellent niveau de capitalisation : 60 millions de fonds propres, soit un ratio de 55%. C’est d’ailleurs une caractéristique du groupe. Avec un ratio de fonds propres de 25,5%, notre maison-mère, Banca Profilo est l’une des mieux capitalisée d’Europe et certainement d’Italie. D’autres facteurs jouent en notre faveur, BPDG est cotée auprès de SIX Swiss Exchange, ce qui lui confère une grande transparence. De plus, nous ne prenons aucun risque de crédit puisqu’en majorité nous ne consentons que des crédits Lombard.

La banque ne gère pas de produits-maison
ce qui évite les conflits d’intérêt.
Quelle est votre clientèle?

La clientèle de BPDG est exclusivement privée, constituée de personnes fortunées; en majorité des Européens avec un fort contingent d’étrangers installés en Suisse. De plus, la banque ne gère pas de produits-maison ce qui évite les conflits d’intérêt et rassure nos clients. Nous entretenons avec nos clients un vrai rapport personnalisé pour comprendre leurs besoins et interpréter leur niveau de risque. La présence de BPDG en Suisse offre aussi aux clients italiens de Banca Profilo une diversification en Suisse où le risque pays est particulièrement bas.

Quelles seront les évolutions avec l’acquisition de Dynagest?

Outre l’apport d’une masse sous gestion non négligeable puisque le total des actifs gérés passera à 3 milliards de francs, l’acquisition de Dynagest amène une clientèle institutionnelle importante d’acteurs de taille – caisses de pension, fondations et organisations internationales – qui lui sont attachés depuis longtemps. Elle apporte également une expertise complémentaire. Aux spécialités de BPDG – produits de taux, fusions et acquisitions –, l’équipe de Dynagest va ajouter ses compétences dans les marchés equity / option forex, de gestion de fonds ainsi qu’une société de gestion de fonds de droit luxembourgeois qui offre une ouverture sur le marché européen.

Comment est prévue l’intégration des deux sociétés?

Aux 30 collaborateurs de BPDG viendront s’ajouter les 15 employés de Dynagest, tous réunis sous le même toit à Genève, avec au sein du management Alexandre Kuhn, co-fondateur, et Patrick Cramer, partner de Dynagest. La communauté de valeurs entre les deux sociétés facilite la transition. La compatibilité des systèmes informatiques aussi.

La compatibilité de valeurs
est incontournable.
Pourquoi avoir jeté votre dévolu sur Dynagest?

A la demande de notre actionnaire majoritaire, notre plan triennal est très ambitieux et comprend une composante de croissance externe. Dans ce contexte, nous avons étudié plusieurs dossiers mais n’avions pas trouvé jusque-là de solutions compatibles. Beaucoup de structures ont des clients indésirables et toutes ne sont pas rentables. En ce qui nous concerne, la compatibilité de valeurs est incontournable. Il faut savoir quelle clientèle on veut acheter.

Chercherez-vous d’autres opportunités?

Nous gardons nos antennes ouvertes.

Etes-vous actifs dans le domaine de la digitalisation?

Oui, Banca Profilo est en partenariat exclusif avec Tinaba, créateur d’une application de services bancaires multifonctionnelle en pair-à-pair unique au monde.

Vous êtes l’une des rares femmes dirigeant une banque en Suisse. Vous a-t-il été difficile de vous imposer?

J’avais déjà une longue expérience à mon arrivée. Elle a aidé à asseoir mon autorité.

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