Une banque en pleine mutation

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Crédit Agricole next bank est l’une des rares banques de détail étrangères en Suisse. Rencontre avec sa directrice, Catherine Galvez.

Née comme entité dédiée au crédit hypothécaire sous le nom de Crédit Agricole Financements, Crédit Agricole next bank changeait de nom en novembre dernier. Cette nouvelle image est la dernière étape en date de la réorientation de fond initié en 2009, date à laquelle la banque est sortie d’une stratégie monoproduit pour élargir son champ d’activité à la banque de détail. Arrivée à la direction de la banque en 2014, Catherine Galvez est responsable du repositionnement complet opéré depuis 2015.

Comment la banque s’est-elle repositionnée?

En 2015, nous avons consulté Deloitte et l’EPFL pour comprendre où nous devions nous placer sur le marché suisse sans dupliquer un modèle étranger qui n’aurait pas été adapté au contexte. C’est d’abord notre clientèle que nous avons essayé de bien comprendre. L’approche de l’équipe du professeur Christopher Tucci*, consultée à ce propos, s’est montrée extrêmement pragmatique. Elle a mené plus de 150 interviews de clients – les nôtres et ceux d’autres établissements – pour diagnostiquer leurs besoins et nous permettre d’identifier des leviers de différentiation.

«Deloitte et l’EPFL nous ont aidé à comprendre où nous placer
sur le marché suisse sans dupliquer un modèle étranger.»
Quelles conclusions avez-vous tiré de ces études?

Nous nous sommes positionnés sur trois univers: le logement, la banque des particuliers au quotidien et la constitution du patrimoine. Notre volonté était, certes, d’être différents pour affirmer notre place dans le paysage suisse, mais en premier lieu d’être utiles. Nous n’offrons pas une immense palette de produits mais essayons de choisir les meilleurs.

Quelle est votre cible?

Notre clientèle est active, mobile et internationale. Elle comprend aussi bien des Suisses que des citoyens de l’Union européenne. En cela, travailler dans un pays aussi ouvert que la Suisse est un réel avantage. C’est une clientèle transfrontalière et urbaine, raison pour laquelle nous sommes implantés à Genève, à Lausanne, à Fribourg, à Yverdon et à la Chaux-de-Fonds mais également à Zurich et à Bâle. Crédit Agricole next bank opère aussi, sur la frontière avec le Jura, une agence mobile qui permet à nos clients de rencontrer un conseiller hors des agences.  Nous pensons en ouvrir une seconde à la frontière alsacienne. Pour l’heure, nous comptons 44'000 clients et notre objectif est d’élever ce chiffre à 100'000 d’ici 2023.

Quels produits leur offrez-vous?

La gestion des comptes, les hypothèques – nous sommes spécialisés dans le financement des résidences secondaires en France (amortissables ou non, selon le modèle suisse) et le change, tant pour les transferts de salaires que pour le tourisme. A ce titre, nous sommes l’un des trois premiers acteurs de la place sur les virements SEPA avec UBS et PostFinance.  A partir de cette année, nous mettrons également à disposition de notre clientèle une dizaine de fonds de placement Amundi dont plusieurs portefeuilles thématiques, sur l’alimentation et sur l’allongement de durée de vue, entre autres.

«Travailler dans un pays aussi ouvert que la Suisse est un réel avantage.
C’est une clientèle transfrontalière et urbaine.»
Comment interagissez-vous avec votre clientèle?

Par les canaux traditionnels et par tous ceux que la technologie met à disposition : agences fixes et mobiles, e-banking, chat ou téléphone. Les 25 collaborateurs de nos agences online, situées à Genève et à Bâle, offrent le même niveau d’expertise que celui de notre personnel d’agence et peuvent répondre aussi bien en français qu’en allemand ou en anglais.

Ces canaux demandent une informatique solide. Qui l’assure?

Tous nos systèmes sont construits et mis à jour par la filiale de sous-traitance des back-offices et de l'informatique de CA Private Banking Services. Nos projets pour le futur comptent, dans ce domaine, l’ouverture des comptes à distance et l’agrégation des comptes interbanques avec, pour commencer, l’intégration des principales banques françaises au sein d’une application mobile fondée sur le savoir-faire de la fintech française Linxo.

Pourquoi avoir choisi un nom à résonnance anglaise?

Next traduit en un mot la proximité relationnelle et l’avenir. Et le terme est compréhensible par la clientèle alémanique très importante pour nous et que nous comptons développer rapidement.

Il existe peu de banques de détail étrangères en Suisse.

A ma connaissance, il n’y en a que cinq sur la place. L’une de nos forces est de nous appuyer sur l’un groupes bancaires les mieux capitalisé du monde.

Le groupe Crédit Agricole est coopératif et mutualiste. Quel est votre statut?

Crédit Agricole next bank est une banque de droit privé suisse réglementée par la Finma. Ce qui est peut-être exceptionnel est que son capital est détenu par des caisses régionales françaises (Savoie, Centre-Est, Franche-Comté, Alsace) ainsi que, pour 5%, par CA Indosuez. A ce titre, elle obéit simultanément aux contraintes suisses imposées par son statut et aux contraintes européennes prescrites par le groupe.

* Christopher Tucci tient la chaire de Corporate Strategy & Innovation à l’EPFL