Un horizon sans bulle

Salima Barragan

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David J Eiswert estime que les valorisations des actions ne sont pas excessives.

Lors du classement d’octobre des meilleurs managers de Suisse, Citywire a attribué la deuxième place à un fonds d’actions internationales orientées sur la croissance géré par T. Rowe Price. Ce portefeuille privilégie les valeurs qui sont «du bon côté du changement». Entretien avec son gérant, David J Eiswert.

A quels facteurs attribuez-vous la bonne performance de votre fonds vis-à-vis de son benchmark (MSCI World Index) depuis le début de l’année?

Notre bonne performance est le fruit de notre volonté à rester fidèles à notre stratégie d’investissement et de l’utilisation de notre plateforme de recherche internationale pour nous concentrer sur les actions que nous voulions détenir, au fur et à mesure que la crise se développait, mais aussi une fois passée cette période. Par conséquence, la performance relative a été positive dans tous les secteurs et toutes les régions et, fait encourageant, la sélection des actions a été le principal moteur. Nous cherchons des sociétés dont les activités s’améliorent au fil du temps. En comprenant ce qui entraîne cette amélioration que nous appelons un insight, nous obtenons de meilleurs résultats, quel que soit l’environnement économique.

Les valorisations ne sont pas extrêmes, mais certaines sociétés du spectre
des moyennes et petites capitalisations semblent coûteuses.
Quelle stratégie menez-vous depuis le creux de fin mars?

Si de bonnes raisons justifient la reprise des marchés depuis leur point bas, nous avons réduit des positions dans bon nombre des gagnants de la pandémie du Coronavirus car leur valorisation sont devenues tendues. Pendant une grande partie de l’été, nous avons réinvesti ces montants dans des valeurs cycliques de grande qualité axées sur les produits et l’innovation notamment dans les secteurs financier, industriel et des semi-conducteurs, compte tenu des meilleures perspectives de risque-rendement et de la conviction que les valeurs cycliques accéléreront leurs bénéfices en 2021. Il ne s’agit pas d’un appel à «la valeur», étant donné que le cycle économique sous-jacent est toujours défini par une faible croissance, une faible inflation et des taux d’intérêt bas, mais plutôt d’un ensemble de décisions spécifiques d’investissement compte tenu de nos perspectives de rendement et des caractéristiques de risque du portefeuille.

En général, les valorisations – en particulier celles des actions de croissances - ont-elles atteints des niveaux excessifs?

Les valorisations ne sont pas extrêmes, mais certaines sociétés du spectre des moyennes et petites capitalisations semblent coûteuses.  Si les actions de croissance ont subi une pression à la baisse à la fin du dernier trimestre, cela n’implique pas l’éclatement d’une bulle. Cela dit, l’écart de valorisation entre la croissance et la valeur continue de se creuser, ce qui explique pourquoi nous avons adopté une approche prudente et disciplinée pour réduire les risques de valorisation. Certains gagnants directs ont été réaffecté à des noms de grande qualité à bon prix, comme le service mondial de livraison de colis et de fret FedEx.

Les changements rapides de parts de marché signifient
que les entreprises en croissance sont nombreuses.
Maintenez-vous une forte conviction sur les technologies de l’information?

Oui, car les changements rapides de parts de marché signifient que les entreprises en croissance sont nombreuses, quel que soit l’environnement macroéconomique général. Les puissantes tendances à long terme qui, selon nous, vont stimuler la création de valeur dans le secteur des technologies demeurent et, dans certains cas, ont été accélérées par la pandémie actuelle.

Dans quelles régions êtes-vous actuellement exposés?

Nous investissons dans les marchés émergents, où nous voyons des poches de valeur pour des franchises de croissance de qualité. Les niveaux boursiers et les monnaies de marchés comme l’Inde et l’Indonésie sont adaptés à une crise budgétaire et certains actifs seront très intéressants de l’autre côté de la pandémie. La banque indienne HDFC en est un exemple. Nous avons une exposition surpondérée en Europe, où nos avoirs sont plus idiosyncrasiques et non exposés à l’économie européenne. Nous sommes également surpondérés au Japon. En revanche, notre sous-pondération aux États-Unis est partiellement déterminée par les craintes d’une éventuelle réforme de l’impôt sur les sociétés qui pourrait être perturbatrice.

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