Tendance des rémunérations dans la finance

Salima Barragan

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Selon Page Executive, les salaires étaient en hausse en 2021. Mais cette année ne sera pas aussi faste. Avec Stephan Surber.

Après une année 2021 partagée entre une vigilance sur les recrutements et la reprise du marché de l’emploi, la dernière étude de Page Executive sur les rémunérations dans l’industrie de la finance, indique que les bonus des cadres de la banque privée et de la gestion d'actifs ont augmenté en raison de la bonne tenue des marchés boursiers. Les explications de Stephan Surber, Senior Partner chez Page Executive.

Comment les salaires dans l’industrie ont-ils évolué durant la crise du COVID?

Après une année 2020 sans tendance, nous avons constaté une augmentation des bonus vers les mois de février et de mars, notamment une forte demande de profils dans le marché privé et de profils technologiques. Nous avons également constaté une plus grande demande dans le domaine de la gestion d'actifs institutionnels et de la banque privée, en raison de l'évolution positive du marché boursier qui a augmenté les revenus et les actifs sous gestion pour les banques. De plus, ces augmentations sur les parties variables de la rémunération étaient indépendantes de la performance individuelle.

Qu’en est-il de la composante fixe des rémunérations?

Dans des segments de niche, comme le private equity, le package (qui comprend le fixe et le variable) a augmenté d’environ 20%. Sinon, nous avons constaté une élévation de 10% sur les conditions de recrutement des cadres dans le private banking, également influencé par la hausse des bourses. Afin d’enrôler des talents hors de la Suisse en raison d’une pénurie de profils pointus sur le marché local, les établissements sont obligés de proposer des salaires très attractifs pour les attirer.

Maintenant que les marchés boursiers évoluent dans l’autre sens, quelles tendances anticipez-vous?

A voir comment les marchés évoluent d’ici la fin du second semestre, mais la volatilité qui impacte les ratios de revenus des banques n’est jamais un bon signe pour les bonus. Nous n’attendons pas de hausses des rémunérations significatives, cependant l’inflation qui est une nouvelle composante à prendre en compte, pourrait entrainer un très léger rehaussement général des salaires.

Après avoir intensifié les recrutements de collaborateurs durant les 18 derniers mois, les établissements ne devraient pas procéder à des licenciements du fait des incertitudes conjoncturelles. Depuis huit ans, les banques ont drastiquement diminué les coûts pour parer aux aléas des marchés. Nous n’escomptons donc aucune mauvaise surprise.

Comment les rétributions des services financiers se différencient-elles des autres secteurs d’activité?

Le bonus y joue un rôle clé. Les rémunérations au sein des autres industries sont restées stables; rien de comparable avec le secteur financier qui reste une activité hautement lucrative. Enfin, du fait que les entreprises technologiques tentent d’attirer les talents de la finance en leur proposant des conditions de rétribution avantageuses, le secteur a aussi connu une évolution positive, à l'instar de l'industrie pharmaceutique.

Les différences salariales entre les genres sont-elles toujours d’actualité?

Les initiatives en faveur de la diversité et de l'inclusion ont permis de sensibiliser le public aux écarts de rémunération entre les sexes et à la nécessité d'une certaine équité. C'est pourquoi les écarts de salaires se réduisent, surtout avec les nouvelles nominations. Le chiffre de 15% est souvent avancé, mais à mon avis, l'écart salarial global entre les sexes est plus proche de 10%, bien que statistiquement nous ne l'ayons pas mesuré.

Comment le travail hybride durant la pandémie a-t-il affecté les tendances de marché?

La flexibilité, le choix de l’employeur, la confiance ainsi que l’équilibre entre la vie privée et le travail sont devenus des facteurs de motivation plus importants que la composante salariale. Mais dans un environnement de télétravail, la société a davantage de difficulté pour imprégner son ADN sur ses collaborateurs et certains candidats n’étaient plus en phase avec leur employeur. Pour retenir les talents, il est important d'avoir un mélange embrassant aussi le travail de bureau pour l'échange interculturel et construire des appartenances à l'entreprise. Le leadership et la communication ouverte avec un objectif et un but clair, qui devenaient primordiaux dans une structure décentralisée, se sont aussi intensifiés.