Les sources d’alpha

Salima Barragan

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«Cinq thèmes façonnent notre monde actuel», estime Katherine Magee de J.P. Morgan AM.

Selon une enquête réalisée par J.P. Morgan AM avec des professionnels de la finance sur le réseau LinkedIn, 43% des sondés prévoient des rendements supérieurs aux attentes pour la fin de l’année. Près du tiers des interrogés s’attend tout de même à des performances en-dessous de ces mêmes attentes. Les données macro-économiques sont bien orientées, dans le vert, mais les valorisations des actions sont historiquement élevées, ce qui complique la répartition des titres mondiaux. Pour générer de l’alpha, les spécialistes de J.P. Morgan identifient les thèmes porteurs à long terme. Entretien avec Katherine Magee, Investment Specialist.

Les bonnes nouvelles sont-elles déjà toutes intégrées dans les prix du marché?

Sur une perspective de rendement à long terme, les valorisations actuelles sont élevées, un handicap car le bêta en sera challengé. Cependant, toutes les bonnes nouvelles ne sont pas encore intégrées dans les prix. Prenez par exemple les EPS (revenus par action): ils ont surpris à la hausse. Les analystes sont en train de réviser leur prévision sur les profits des sociétés dont certaines vont utiliser leurs revenus excédentaires pour payer des dividendes plus généreux à leurs actionnaires. La classe d’actifs maintient donc son attrait.

Comment approchez-vous les opportunités d’actions mondiales de croissance?

Nous avons identifié cinq thèmes qui façonnent notre monde actuel: la digitalisation, l’énergie verte, la consommation responsable, l’innovation de la santé ainsi qui l’inclusion. Ces thématiques d’actualité nous permettent de déterminer la valeur intrinsèque d’une action vis-à-vis de sa valorisation par le marché. Par le passé, les investisseurs avaient systématiquement sous-évalué la valeur d’Amazon, qui est sur un trend de croissance séculaire. Et dont le prix nous parait toujours abordable.

La digitalisation dont nous parlions
aurait été impossible sans le cloud.
La numérisation concerne-t-elle d’autres valeurs que les sociétés technologiques?

Oui, la révolution digitale ne comprend pas que les sociétés de secteur, mais chevauche des domaines d’activité inattendus. Prenons Nike qui a intégré la digitalisation dans ses processus de production. Cela lui permettra d’augmenter sa rentabilité, ce que le marché n’a pas encore intégré dans le prix du titre du fabricant d’articles de sport.

L’immobilier est aussi un de vos thèmes d’investissement. La tendance à la numérisation ne lui nuit pas?

En ces temps de télétravail, nous recommandons une exposition diversifiée. La digitalisation dont nous parlions aurait été impossible sans le cloud. Face à cette révolution, les agences immobilières ont été mises sous pression. Mais en regardant de plus près, l’essor de l’e-commerce requiert des entrepôts et engendre donc de nouveaux besoins; une diversification reflétée dans des produits comme des REITS (Real Estate Investment Trusts) qui offrent également de la liquidité, ce qui n’est pas le cas des investissements directs.

Vous préparez vos portefeuilles d’actions pour la transition climatique. Comment procédez-vous?

Il y a maintes façons d’accéder à ce thème. Soit en investissant dans les fournisseurs d’énergie propre, soit en se désinvestissant des énergies fossiles. Selon notre philosophie d’investissement, le changement climatique aura un impact réel sur les portefeuilles. La température a augmenté de 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Les réponses politiques face au réchauffement vont impacter la marche des affaires car les programmes de réduction des énergies fossiles passeront par des taxes qui amenuiseront les marges des sociétés énergétiques, alors que les subsides bénéficieront à celles qui vont dans la bonne direction. Lorsque nous concevons les portefeuilles, nous prenons aussi en compte le fait que d’autres secteurs que l’électricité et le chauffage seront impactés d’une façon ou d’une autre, comme par exemple l’agriculture et la production.