Les ambitions helvétiques d'ODDO BHF AM

Yves Hulmann

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Bertrand Levavasseur d’ODDO BHF AM décrit le développement de la société en Suisse.

 

Présente depuis 2010 en Suisse, ODDO BHF Asset Management, l’unité de gestion d’actifs du groupe franco-allemand ODDO BHF, poursuit son développement en Suisse. Entretien avec Bertrand Levavasseur, responsable du marché suisse chez ODDO BHF Asset Management (ODDO BHF AM). 

ODDO BHF AM, l’unité de gestion d’actifs du groupe ODDO BHF, poursuit son développement en Suisse. Quels sont vos objectifs pour le marché helvétique?

Actuellement, nos actifs sous gestion pour la clientèle suisse atteignent 1,5 milliard de francs. Notre objectif est d’atteindre 2,5 milliards de francs d’actifs sous gestion d’ici trois ans. L’équipe d’ODDO BHF AM, qui compte actuellement trois collaborateurs à Genève, sera bientôt complétée par une quatrième personne de niveau senior qui sera, elle, basée à Zurich. A noter que dans ses activités de gestion de fortune, ODDO BHF Banque Privée emploie quelque 50 collaborateurs répartis entre Zurich et Genève. 

«Nous mettons l’accent sur des stratégies de niches.»
Les solutions d’investissement que vous proposez portent souvent sur des domaines très spécifiques. A qui s’adressent-elles? 

Notre approche d’investissement, qui reflète notre structure d’origine familiale, est axée sur le long terme. En matière de gestion d’actifs, nous mettons l’accent sur des stratégies de niches, à l’exemple de nos fonds consacrés aux petites et moyennes entreprises européennes. Notre priorité est de parvenir à créer de l’alpha et de se différencier de l’offre déjà existante sur le marché. Les clients qui s’intéressent à nos solutions sont notamment des gérants de fortunes et family office à la recherche d’une expertise particulière dans un segment précis. S’y ajoutent des banques privées et des institutionnels. Pour la partie institutionnelle, nous avons obtenu la confiance de certains d’entre eux et il est important de travailler plus encore notre proximité en Suisse.

Est-ce aussi pourquoi vous renforcez votre présence à Zurich? 

Oui, en plus des banques privées nous voulons nous faire connaître davantage auprès de la clientèle institutionnelle alémanique. En termes de taille, il ne faut pas oublier que la Suisse représente le troisième marché institutionnel le plus important en Europe avec 920 milliards de francs d’actifs sous gestion.

Parmi les domaines d’expertise d’ODDO BHF AM, vous avez mentionné les petites et moyennes capitalisations en Europe. Y en a-t-il d’autres? 

Il y notamment des fonds en actions thématiques. Ici, l’idée est de proposer des angles thématiques en matière d’investissement permettant de générer une performance additionnelle à celle du marché. Il s’agit par exemple des sociétés cotées en bourse contrôlées par des familles. S’y ajoute aussi les fonds datés obligataires, ou «target maturity funds» en anglais, qui visent à atteindre un certain niveau de rendement annualisé à une certaine échéance. Dans les produits à revenus fixe, nous proposons des fonds à très courte échéance «short duration credit » ou « unconstrained », moins sensible à un environnement de taux haussier. L’objectif est ici de générer un peu de rendement mais avec une prise de risque très limitée. Nous proposons aussi des solutions basées sur les approches smart beta et la gestion quantitative gérées par nos équipes de Francfort et de Düsseldorf. Par ailleurs, nous avons aussi une expertise dans le domaine des placements qui tiennent compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG) et qui s’appuie notamment sur une méthode d’évaluation («scoring») développée en interne. Enfin nous travaillons à l’établissement d’une plateforme de gestion sur les actifs non cotés.

«Tout doit être en adéquation
avec la réglementation locale.»
Vous prévoyez d’atteindre des actifs sous gestion de 2,5 milliards de francs d’ici trois ans en Suisse, un montant qui reste modeste par rapport aux 60 milliards que vous gérez en France et en Allemagne. Vaut-il la peine de déployer beaucoup d’efforts pour un petit marché comme la Suisse?

Nous distinguons entre nos deux marchés domestiques, la France et l’Allemagne, et d’autres marchés stratégiques que sont la Suisse et l’Italie. Quel que soit le marché où nous sommes présents, tout doit être en adéquation avec la réglementation locale. En Suisse, nous suivons la réglementation en tenant compte de certaines spécificités comme les parts de fonds libellées en francs, parts sans rétrocessions. Il y a un effort un peu plus élevé à faire en Suisse et les coûts de représentation y sont aussi un peu supérieurs. Mais si la Suisse représente un coût, c’est aussi un investissement essentiel pour ODDO BHF AM.

La gestion passive a constamment gagné en importance au cours de ces dernières années, soutenue aussi par la bonne performance des marchés dans un contexte de faible volatilité. La correction survenue début février est-elle une bonne nouvelle pour la gestion active? 

Il ne faut pas forcément opposer gestion passive et gestion active – qui sont aussi complémentaires. La gestion passive permet une exposition à différentes classes d’actifs ou régions à des coûts très faibles. La gestion active permet, elle, d’être exposé à d’autres classes d’actifs dans des segments de niche ou la génération d’alpha est possible grâce a une bonne analyse fondamentale. Quant à la gestion multi facteurs quantitatives elle peut être porteuse aussi d’alpha régulier à un coût raisonnable et a donc toute sa place dans les allocations.