Le plancher n’a pas encore été atteint

Yves Hulmann

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L'indicateur quantitatif de Parsumo avait émis un signal d'avertissement fin février, souligne son directeur Jacques E. Stauffer.

Après le décrochage spectaculaire des marchés boursiers entre la fin février et la mi-mars, les principaux indices boursiers ont regagné du terrain de part et d’autre de l’Atlantique au cours des dernières semaines. Comment peut-on évaluer la situation actuelle sur les marchés en termes d’analyse des risques? Le point avec Jacques E. Stauffer, directeur de la société Parsumo Capital, spécialisée dans les techniques quantitatives.

Parsumo a développé son propre indicateur servant à évaluer les risques sur les marchés appelé Risk Regime Investing (RRI). Comment cet outil fonctionne-t-il et qu’indiquait-il au moment où la crise du coronavirus a fait basculer les marchés fin février?

L’indicateur Risk Regime Investing (RRI) est un outil de mesure du risque systémique global sur les marchés. Pour l’essentiel, il indique, selon les situations, soit que le niveau de risque est trop élevé et que les risques encourus par les investisseurs ne sont pas correctement rétribués. Soit, au contraire, que le niveau de risque est faible. C’est un peu un outil qui prend la température sur les marchés, pour utiliser une image.

«Les trois fonds gérés par Parsumo
fonctionnent selon une approche strictement quantitative.»
Et que disait-il fin février?

Le 28 février, le RRI a adressé un signal d’avertissement. Nous avons alors immédiatement placé la fortune que nous gérons de manière discrétionnaire en mode protection, ce qui nous a permis d’éviter les fortes corrections survenues sur les marchés début mars. Il faut aussi préciser que les trois fonds gérés par Parsumo fonctionnent selon une approche strictement quantitative – ils ne sont pas gérés en fonction des émotions des gestionnaires mais d’après une analyse très factuelle.

Lorsque les marchés décrochent si fortement et dans un intervalle aussi court qu’entre fin février et début mars, est-il possible de réagir de manière adéquate?

En fonction du niveau de risque systémique global indiqué par le RRI, nous avons alors massivement réduit la part en actions dans les trois fonds que nous gérons. Par exemple, notre fonds de stratégie dynamique sur les actions mondiales - dont la proportion investie en actions peut varier de 30% au minimum à 100% au maximum - a vu sa part en actions être ramenée de 70% en date du 29 février à seulement 30% le 2 mars. Grâce à cet ajustement rapide, notre fonds a limité sa perte à 6,6% au cours des trois premières semaines de mars (jusqu’au 23 mars) en pleine phase de turbulences sur les marchés. En comparaison, l’indice MSCI World avait, lui, chuté de 23,9% durant la même période. Cela représente un écart de performance de plus de 17% durant cet intervalle. Si l’on étend cette comparaison jusqu’au jeudi qui a précédé Pâques, notre fonds de stratégie dynamique sur les actions mondiales affichait en francs depuis le début de l’année une performance de -10,1% jusqu’au 9 avril 2020, comparé à -16,2% pour l’indice MSCI World durant le même intervalle. 

«La devise "Don’t catch a falling knife" reste d’actualité.»

La même tendance a pu être observée aussi pour notre fonds tactique de stratégie dynamique, dont la part en actions (maximum théorique de 63%) a été divisée par trois en seulement une semaine, passant de 38% le 29 février à 12% le 2 mars.

Durant la phase de turbulences sur les marchés, la méthode RRI est ainsi parvenue à générer non seulement un rendement avantageux en matière absolue mais aussi un résultat ajusté des risques unique. C’est ce qui fait une bonne approche de gestion des risques et ce qui rend fier Parsumo.

Et maintenant, est-il à nouveau temps de réinvestir sur les marchés des actions - ou faut-il mieux rester prudent?

En se basant sur l’évolution de notre indicateur, nous pensons que le plancher n’a pas encore été atteint. La devise «Don’t catch a falling knife» reste d’actualité. Les marchés vont certainement encore tester de nouveaux plus bas.