Le brésilien Itaú prêt à se renforcer en Suisse

Anne Barrat

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Croissance externe, concentration sur les clients brésiliens, transformation digitale, les trois axes de la stratégie d’Itaú, avec Stefan Jenni.

Itaú Private Bank Zurich est la filiale helvétique du groupe bancaire brésilien Itaú Unibanco. Très discret en Suisse, Itaú Unibanco, qui est né de la fusion entre les deux banques brésiliennes Itaú et Unibanco en 2008, est la plus grande banque privée en Amérique latine. Un leadership que le groupe, aimerait exporter hors du sous-continent sud-américain pour devenir n°1 auprès de la diaspora de clients privés brésiliens. Pour atteindre cet objectif, trois leviers: croissance organique, concentration sur cette clientèle cible, et croissance externe. Entretien avec Stefan Jenni, CEO d’Itaú Private Bank Zurich.

La réputation d’Itaú n’est-elle pas trop locale pour permettre son expansion?

Tout dépend de ce qu’on entend par local. Itaú est présente dans 19 pays en tant que banque universelle forte d’un robuste réseau d’agences de proximité, ou banque privée. Elle jouit d’une réputation quasi centenaire dans ces pays, où elle a une part de marché importante sinon majoritaire. Cette forte présence dans le sous-continent sud-américain est prolongée en Amérique du Nord par une filiale à New-York dédiée à la banque d’investissement, sans oublier un booking center à Miami qui sert tous les avoirs off-shore des clients privés brésiliens du continent américain, soit quelque 20 milliards de dollars.

«La diaspora brésilienne connait la marque Itaú. Et pour cause: ses origines remontent aux années 1930.»

Itaú a donc une forte empreinte locale, qui lui a permis d’acquérir une réputation que je qualifierais de bien établie, sinon unique chez les high net worth individuals brésiliens, au Brésil comme à l’étranger. La diaspora brésilienne connait la marque Itaú. Et pour cause: ses origines remontent aux années 1930, donc plus de 90 ans d’existence, ce qui en fait le plus ancien acteur bancaire au Brésil.

Votre objectif est donc de vous rapprocher des clients brésiliens, et non de tout client privé en Suisse et en Europe?

Notre objectif est de capitaliser sur la puissance de notre marque et sur notre savoir-faire pour servir toute la clientèle privée brésilienne implantée en Europe, à laquelle nous offrons à la fois une unité linguistique et une allocation d’actifs diversifiée. Sans oublier, c’est capital, la vitesse avec laquelle nous ouvrons des comptes, sans pour autant rien sacrifier aux exigences de conformité. Une «compliance» 100% est l’un des piliers de notre politique d’entreprise et est au cœur de notre ADN. Et ce, parce ce que, j’ose le dire, nous connaissons le marché, le profil, les besoins des clients, mieux que personne. Il ne s’agit donc pas de nous disperser, mais bien de nous concentrer sur notre clientèle naturelle.

Comment comptez-vous atteindre cet objectif de croissance en Suisse et en Europe?

Nous privilégions deux axes. Le premier est d’ordre technologique: nous avons beaucoup investi dans notre plate-forme, basée sur le Cloud, qui nous a mobilisés ces trois dernières années. Elle donne notamment accès aux marchés US jusqu’à leur fermeture à 22h CET. Un avantage dont bénéficient les parties prenantes de la plateforme, notamment les gérants indépendants suisses, en plus de la capacité de gérer toute la relation avec des clients sud-américains. Depuis l’ouverture de compte jusqu’au reporting en passant par la gestion des actifs et du risque. Le second passe par une ouverture à des équipes spécialisées sur la clientèle privée brésilienne ou encore d’accords avec des gérants indépendants. Toutes les formules sont possibles. Elles incluent aussi des accords, commerciaux, stratégiques ou capitalistiques ou les trois, avec des fintechs. Et ce, parce qu’il est essentiel pour nous, et complémentaire de notre stratégie de croissance, d’améliorer au fil des avancées technologiques, l’expérience digitale de nos clients.

En parlant d’entrepreneur à entrepreneur?

Le groupe Itaú Unibanco est en effet majoritairement aux mains d’entrepreneurs. Les familles fondatrices continuent d’être impliquées dans le destin du groupe et détiennent la majorité actions en circulation, le flottant étant coté sur NYSE (ITUB).

Finalement la Suisse est centrale dans la stratégie de conquête d’Itaú?

Nous avons écouté nos clients, qui apprécient notre implantation en Suisse. Ils recherchent une exposition de leurs avoirs en Suisse, synonyme à leurs yeux de sécurité. Ce choix, nous l’avons fait alors que nous aurions pu choisir de centraliser nos opérations ailleurs en Europe. Tout comme nous l’avons fait avec succès à Miami, nous mobilisons beaucoup de ressources et investissements pour faire de Zurich notre flagship en Europe.

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