Pour Jacques-Etienne Doerr de PGIM Fixed Income, il est plus indispensable que jamais d’orienter ses investissements sur le long terme.
Quelle est aujourd’hui la place des investissements obligataires dans l’allocation d’actifs des grandes institutions de prévoyance? Entretien avec Jacques-Etienne Doerr, responsable des ventes pour la Suisse (Head of Institutional Sales, Switzerland) chez PGIM Fixed Income.
S’il fallait mentionner quelques éléments de différenciation qui caractérisent PGIM Fixed Income, je citerais tout d’abord le long historique de notre groupe et sa grande expérience dans le domaine des investissements à revenu fixe. Cela fait près de cent ans que nous gérons des portefeuilles pour la clientèle institutionnelle et nous avons un haut degré de spécialisation dans ce domaine. Sur quelque mille employés, un tiers sont des professionnels de l’investissement, des gérants de portefeuille, des analystes crédits ou des experts des systèmes d’évaluation des risques.
Ensuite, le fait que notre maison-mère soit une assurance a aussi une grande influence sur notre manière de travailler. D’une part, en raison de la stabilité qu’apporte le fait d’appartenir à un grand groupe d’assurance. D’autre part, cela influe aussi sur notre mode gestion – dès que l’on parle d’assurance, on pense gestion des risques.
institutions de prévoyance ou des assurances.»
Enfin, il y a la grande stabilité de l’entreprise. A mon arrivée chez PGIM Fixed Income, j’ai été frappé de voir à quel point un grand nombre de mes collègues travaillent déjà depuis quinze, vingt voire vingt-cinq ans dans l’entreprise. Tous ces aspects constituent des facteurs de différenciation importants ainsi que nos performances excellentes à long terme.
Nous nous adressons principalement à de grandes institutions de prévoyance ou des assurances. Cette catégorie de clients ne veut pas seulement acheter des produits standards mais souhaite aussi disposer de solutions sur mesure. PGIM Fixed Income ne se considère pas comme un vendeur de produits mais comme un partenaire idéal afin de fournir des solutions spécifiques.
A l’intérieur même du domaine des obligations, il faut distinguer différents sous-segments. D’un côté, il y a les obligations classiques comme les emprunts souverains ou les obligations d’entreprises de niveau investissement («investment grade»). De l’autre, il y a aussi tout un univers de placements constitués par la dette des pays émergents, les emprunts à haut rendement, les prêts sécurisés («securitized loans») ou la dette municipale US. Il y a donc différentes sous-poches à considérer parmi les produits à revenu fixe.
sont orientées à très long terme.»
Dans un environnement de taux toujours très bas, voire négatifs dans certains pays comme la Suisse, les institutions de prévoyance sont soumises à la pression de devoir payer les rentes ce qui les oblige à trouver des solutions de placements autre que les emprunts d’Etat sûrs, ce qui implique une plus grande nécessité de diversification.
A ce sujet, je dirais que l’enjeu en Suisse ne se situe pas au niveau de la réglementation elle-même – qui est très claire au sujet de la part qui peut être allouée à telle ou telle classe d’actifs – mais plutôt au niveau des processus de décision au sein des institutions de prévoyance elles-mêmes. C’est le règlement de la caisse de pension qui détermine combien il est possible d’investir dans telle ou telle classe d’actifs. Maintenant, en dehors de PGIM Fixed Income, PGIM, dans ses autres activités, propose aussi différentes solutions d’investissement dans d’autres domaines comme l’immobilier, les marchés privés ou les infrastructures que nous pouvons aussi proposer à nos clients.
Un premier aspect clé dont il faut tenir compte est celui de l’horizon d’investissement. Les institutions avec lesquelles nous travaillons sont orientées à très long terme. Dans ce contexte, nous pensons que d’organiser son allocation d’actifs en essayant d’anticiper les annonces de la Fed n’est pas la meilleure façon de se positionner stratégiquement. Dans l’ensemble, il faut tenir compte de plusieurs facteurs clés actuellement. Premièrement, il y a les écarts de taux ou «spreads» entre les emprunts sûrs et ceux qui sont plus risqués qui restent actuellement plutôt bas en comparaison historique. Cela ne restera pas forcément toujours ainsi.
d’un pic momentané plutôt que d’une hausse durable.»
Deuxièmement, il y a bien sûr l’inflation – à ce sujet, nous pensons qu’il s’agit davantage d’un pic momentané plutôt que d’une hausse durable. Troisièmement, il faut tenir compte, ou du moins anticiper, les hausses de taux qui seront effectuées par la Fed aux Etats-Unis. Quatrièmement, il y a l’ampleur de la reprise économique post-pandémie qui apparaît très forte actuellement mais qui est encore difficile à anticiper au-delà de cette première phase de reprise. Il faut intégrer l’ensemble de ces facteurs dans nos décisions d’investissement. Toutefois, en ce qui nous concerne, notre approche est avant tout orientée sur le long terme, comme je l’ai déjà évoqué. Nous n’essayons en revanche pas de procéder à des allocations tactiques de courte durée.
Nous avons, d’un côté, deux personnes à Zurich actives dans les activités «Wholesale» qui s’occupent de la distribution de fonds. S’y ajoutent deux autres personnes aussi à Zurich en charge de toutes les autres activités. En ce qui me concerne, je suis responsable de PGIM Fixed Income à partir de Zurich pour la clientèle suisse. Dès septembre, une autre personne viendra m’appuyer dans cette fonction. En termes de répartition géographique, je dirais que les activités du cœur de métier de PGIM Fixed Income sont à peu près les mêmes en Suisse romande et en Suisse alémanique, avec dans les deux régions des clients existants de très longue date.