Diversifier, décorréler. Protéger. Mode d’emploi.

Anne Barrat

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Selon David Elms de Janus Henderson, seule une vraie diversification peut offrir des rendements positifs indépendants du marché. 

Penser alternatif, tel est le credo de l’équipe internationale (Denver, Londres, Sydney) de gestion du fonds Global Multi-Strategy, le dernier né de la gamme de Janus Henderson qui, s’il a été conçu en amont de la crise liée au COVID-19, répond aux enjeux qu’elle soulève: comment générer de la performance au-delà des rebonds incontrôlables et sans fondement dans l’économie réelle tout en protégeant les investisseurs.

«Notre stratégie d’investissement obéit moins
à un biais économique qu’à une approche bottom-up.»
Quelle vision macro-économique sous-tend votre stratégie d’investissement?

Notre stratégie d’investissement obéit moins à un biais économique qu’à une approche bottom-up qui alimente une centaine de lignes d’investissements directs dans le monde entier. Cela étant dit, notre analyse de l’environnement économique actuel est intégrée dans le choix de nos positions, en particulier sur trois points. Nous sommes en territoire inconnu, ce qui implique une forte volatilité des marchés, donc un haut niveau de risque. Ensuite, nous vivons une totale déconnexion entre le niveau des activités économiques, qui viennent de connaitre un déclin aussi rapide que vertigineux, et celui des marchés, qui ont rebondi avec une vitesse et une vigueur hors de tout contrôle. Toute la question aujourd’hui est de savoir si la courbe de reprise de l’économie suivra un modèle en U, plus lent, ou en V, plus rapide. Si le premier était avéré, les marchés seraient déçus. Un contexte dangereux donc, qui nous a conduit à nous montrer conservateurs en avril et en mai.

Comment définiriez-vous votre stratégie d’investissement pour ce nouveau fonds?

Nous n’avons pas une mais six stratégies d’investissement pour ce fonds UCITS que nous avons lancé le 3 juin dernier pour des investisseurs qualifiés en Europe. Les six sont toutes classes d’actifs confondues. Cinq d’entre elle visent un haut niveau de performance – les stratégies d’arbitrage sur les obligations convertibles, «event-driven», «equity market neutral», «risk transfer» et «price pressure» –, la 6e étant focalisée sur la protection contre les risques baissiers. Ces principes permettent de suivre, voire de battre, les tendances des marchés lorsqu’ils sont orientés à la hausse, sans les suivre lorsqu’ils sont baissiers. Nous visons une volatilité faible à modérée ainsi qu’une corrélation réduite avec les classes d'actifs traditionnelles. Nous avons retenu une approche de niche, en occupant l’espace délaissé par les banques, contraintes de réduire la taille de leur bilan après la crise de 2008, donc de renoncer à des opérations génératrices de rendements absolus positifs.

«Le futur à court terme est encore moins prévisible que d’habitude.»
Diversification ou protection: quelle est selon vous la priorité pour les investisseurs dans le contexte du COVID-19?

Commençons par dire que le futur à court terme est encore moins prévisible que d’habitude. Il est difficile de penser que le rebond spectaculaire des marchés, largement imputable aux politiques des banques centrales, soit pérenne tant il est décorrélé de l’économie réelle, des performances des entreprises et de leur ratio de PE. Que ce soit pour les marchés actions ou pour l’obligataire, les perspectives sont au mieux incertaines, au pire contrariantes. Cela étant dit, il ne s’agit pas de choisir entre diversification et protection mais de combiner les deux en suivant un maitre mot: la décorrélation organisée et réfléchie. Celle qui permet de contrer l’«effet de compassion» lié à la diversification: si une classe d’actif baisse, les gestionnaires des risques conseillent de vendre toutes les classes d’actifs. Celle qui permet également de protéger le portefeuille.

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