Approche inédite de la gestion

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Stratégie long/short, neutre marchés et longue dividendes: entretien avec Christophe Rault et Frédéric Pillet-Will, fondateurs de Capital One Partners.

Frédéric Pillet-Will et Christophe Rault

L’asset management romand compte une nouvelle venue. Fondée en début d’année par Christophe Rault et Frédéric Pillet-Will, la société Capital One Partners propose une approche inédite de la gestion qui se concrétise dans les fonds K1P. Rencontre avec les associés.

Quel est le principal thème de votre stratégie?

Nous avons constaté que, depuis une vingtaine d’années, le rythme auquel les sociétés renouvelaient leur direction s’est accéléré, avec une fréquence de l’ordre de cinq ans. Notre approche est de cibler un certain nombre d’entreprises en bonne santé mais sous-valorisées dont les nouveaux managers nous paraissent susceptibles de proposer une stratégie de développement porteuse, soutenue par leur conseil d’administration, leurs actionnaires et leurs employés. En observant ces entreprises, nous avons constaté que leur régénération s’opérait sur trois phases: l’audit, la planification puis la mise en place. En entrant sur les titres avant l’accélération de leur activité, il devient possible d’en recueillir les fruits avant que le marché ne les perçoive. En d’autres termes, nous privilégions donc la gouvernance sur tout autre critère, dans une perspective de performance absolue.

La sélection implique une veille assistée d’outils quantitatifs
ainsi qu’un système de notation de la gouvernance.
Sur quel univers porte votre sélection et comment procédez-vous?

Notre sélection porte sur les actions européennes et implique une veille assistée d’outils quantitatifs destinés à déceler les signaux déclencheurs, ainsi qu’un système de notation de la gouvernance. Ce que nous avons initié est un nouveau type de stratégie long/short, neutre marchés et longue dividendes, dont le carry est positif; ce qui n’est généralement pas le cas en raison du poids de la retenue sur les dividendes (withholding tax). L’autre aspect que nous privilégions est la préservation de la performance acquise. 

Que voulez-vous dire?

Dès que nous nous rapprochons de la performance cible – disons 4% sur l’année -, nous dérisquons le portefeuille afin de ne pas perdre l’acquis, notre objectif étant une performance absolue avec 4 à 5% de volatilité.

Une telle prudence, n’est-elle pas la raison pour laquelle une grande partie des hedge funds a perdu la faveur des investisseurs?

Pour qui cherche une performance plus élevée, nous plaçons la barre plus haut avec une volatilité supérieure, par exemple 15%. L’approche de performance absolue sécurisée au fil de l’eau reste identique mais accompagnée d’un niveau de risque comparable aux marchés actions. Tout dépend de l’appétit au risque de l’investisseur. 

«Nos objectifs d’actifs sous gestion
sont de l’ordre du milliard de francs à fin 2019.»
Quelle est votre clientèle et quels sont vos objectifs?

Nous sommes parrainés par une grande société d’investissement familiale spécialiste de la gouvernance et recevons beaucoup de sollicitations et intérêts de grands investisseurs institutionnels, de family offices et de fonds souverains. Nos objectifs d’actifs sous gestion sont de l’ordre du milliard de francs à fin 2019. Nous aimerions attirer d’autres talents et étoffer notre offre, en étendant notre philosophie aux actions US et asiatiques, puis en travaillant sur le retour de la volatilité et de l’inflation. 

Quel est votre statut actuel?

Nous sommes enregistrés comme advisors et affiliés à l’ARIF1. Nous demandons aussi à la Finma une licence de gérant de fonds et de distribution des OPCVM suisses et étrangers. 

Il est beaucoup question du développement de l’asset management en Suisse. Qu’en est-il?

Les clients sont très demandeurs car les asset managers locaux apportent une proximité rare à l’heure actuelle. Il y a aussi beaucoup de talents en Suisse et de la place pour les nouvelles idées. Mais, pour l’instant, il existe encore peu de sociétés de gestion de fonds indépendantes. Les barrières à l’entrée, tant sur le plan administratif, que réglementaire sont encore hautes. 

L’absence de passeport européen ne pose-t-elle pas problème?

Pour la distribution en Union européenne, il est nécessaire de passer par le Luxembourg mais ce n’est pas si problématique qu’on l’imagine.