Accompagner les jeunes pousses

Salima Barragan

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Beaucoup de véhicules d’investissement privés deviennent de piètres soutiens après l’IPO, affirme Robert Natzler de Baillie Gifford.

Lorsque les start-ups se lancent à la conquête d’une place boursière, le travail des fonds de capital investissement qui les accompagnent durant leur parcours se termine souvent après l’introduction en bourse. Or, cette pratique peut affecter la valeur à long terme des sociétés fraichement listées. Entretien avec Robert Natzler, gérant chez Baillie Gifford.

Baillie Gifford est spécialisée dans l'investissement dans les entreprises non cotées qui se trouvent à un stade avancé de leur développement. Vous continuez à les accompagner après leur entrée en bourse, une phase dont on entend moins parler…

J’ai toujours été frappé de constater que la plupart des investisseurs actifs sur les marchés privés utilisent des véhicules dont la durée de vie est limitée à dix ans. De plus, ils sont forcés de vendre leurs participations dans les entreprises privées lors de l'introduction en bourse de ces dernières. Leurs intérêts ne sont donc pas alignés avec ceux des entreprises. Leur préoccupation première concerne le court terme et le prix des actions au moment de l’introduction en bourse, alors que l’objectif primordial des entreprises est de se développer à long terme. Cette divergence d’intérêts limite la capacité de ces investisseurs à fournir des conseils avisés.

Les analystes sont obsédés par les deux prochains trimestres, une préoccupation qui se fait au détriment d'une réflexion sérieuse sur les années à venir.
Qu’en est-il des investisseurs actifs à la bourse?

Ils ont souvent une vision à très court terme et ne détiennent parfois les titres que durant quelques jours ou quelques semaines. Les analystes sont obsédés par les deux prochains trimestres, une préoccupation qui se fait au détriment d'une réflexion sérieuse sur les années à venir.

Quels sont les avantages d’un positionnement à long terme pour les investisseurs?

Le premier est que les créateurs d’entreprises qui souhaitent être accompagnés par des alliés engagés sur la durée vont privilégier les gérants réputés pour investir à long terme. Le deuxième concerne la capacité à comprendre les entreprises: elle s’accroît lorsque l’on travaille à la fois dans le monde du capital-investissement et dans celui des marchés cotés. Le troisième est d’ordre structurel: les grandes institutions sont tenues de placer leurs capitaux dans des entreprises cotées ou non, mais elles ne sont souvent pas en mesure d’adopter des stratégies qui investissent à la fois avant et après les IPO. Cette contrainte représente donc une véritable opportunité pour ceux qui n’y sont pas soumis.

Vous avez investi dans la société d’Elon Musk, Space-X. Pouvez-vous partager avec nous votre enthousiasme sur les voyages dans l’espace?

Nous sommes effectivement très optimistes sur l’économie de l’espace, qui inclut le tourisme spatial, la fourniture de données par le biais de Starlink, la production dans l’espace ainsi que les voyages terrestres à longue distance qui utilisent l’espace. SpaceX occupe une position très forte au niveau du contrôle de l'accès à l'économie de l’espace, laquelle pourrait représenter l'un des développements majeurs de ce siècle.

Mais l'espace n'est pas le seul domaine qui nous intéresse. Nous investissons également dans les technologies de production, dans celles liées à la capture du carbone, dans la finance et dans la santé.

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