Pictet: pas d’offensive pour attirer les clients de Credit Suisse

AWP

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M. Pictet estime que certains clients de Credit Suisse ne trouveront pas leur compte dans les offres de gestion de fortune discrétionnaire de la banque genevoise.

Pictet a profité comme d’autres banques suisses de la reprise de Credit Suisse (CS) par UBS. L’établissement genevois n’a cependant pas cherché activement à attirer les clients qui quittaient le nouveau géant helvétique, a expliqué l’associé gérant Marc Pictet dans une interview jeudi à Finanz und Wirtschaft.

«Nous n’avons pas lancé d’offensive concrète sur la clientèle de CS. Je sais que certains concurrents visent spécifiquement CS et UBS. Ce n’est pas notre cas», a déclaré le banquier qui deviendra associé gérant sénior le 1er juillet en remplacement de Renaud de Planta.

M. Pictet estime que certains clients de Credit Suisse ne trouveront pas leur compte dans les offres de gestion de fortune discrétionnaire de la banque genevoise, celle-ci se concentrant sur les personnes fortunées avec un ticket d’entrée élevé. «Nous ne sommes ni courtiers, ni actifs dans la banque d’investissement», renchérit le représentant de la neuvième génération de la famille Pictet.

Au premier semestre 2023, la banque de gestion a enregistré des entrées nettes d’argent de plus de 15 milliards de francs. L’effet Credit Suisse a soutenu la collecte d’argent, mais pas uniquement. L’associé gérant précise que les marchés allemand et italien ont tout particulièrement contribué à ces afflux.

Pas de ruée sur les employés de CS

Le recrutement des conseillers clientèle quittant Credit Suisse ne semble pas un objectif en soi pour Pictet, alors que d’autres gestionnaires de fortune comme Julius Bär ou le concurrent genevois Lombard Odier ont fortement étoffé leurs équipes en Suisse dans le sillage de la débâcle de CS. La banque genevoise a engagé une trentaine de conseillers cette année, dans la moyenne des années précédentes.

La réussite de l’intégration de Credit Suisse dans UBS constitue néanmoins un enjeu pour Pictet. Comme le rappelle l’associé gérant, les deux grandes banques sont clientes de l’établissement fondé en 1805, plus précisément de ses fonds d’investissement. La gestion d’actifs est un pilier fondamental de l’activité de maison genevoise.

Interrogé sur d’éventuelles relations d’affaires avec l’investisseur autrichien en difficultés René Benko, Marc Pictet indique qu’il ne peut pas fournir des informations sur les clients mais rappelle que le crédit est une activité annexe pour son groupe bancaire. Le concurrent Julius Bär a dû constituer en novembre une importante provision liée à des prêts accordés à M. Benko dans le cadre de la reprise de l’enseigne Globus en 2019.

Concernant l’amende de 123 millions de dollars (106 millions de francs au cours du jour) annoncée début décembre et destinées à solder le différend fiscal aux Etats-Unis, M. Pictet parle d’une issue «prévisible». «Je ne veux pas dire que c’est une bonne affaire.» La pénalité financière de la banque genevoise est bien inférieure à celles infligées à d’autres établissements helvétiques, dont les montants ont parfois dépassé le demi-milliard de dollars.

Pictet a attendu de longues années la décision des autorités américaines. L’établissement était inscrit en catégorie 1 réservée aux banques faisant l’objet d’une enquête pénale du Département de la Justice (DoJ). C’était la dernière banque sur la liste du différend fiscal américain. Marc Pictet affirme ne pas savoir ce qui a pris autant de temps.

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