La BCVs résiste à la crise et va tourner la page Perruchoud

AWP

3 minutes de lecture

Au premier semestre, le bénéfice net s’est établi à 51,9 millions de francs, en hausse de 0,2% sur un an. Le résultat opérationnel a grappillé 0,4% à 60,3 millions.

Les turbulences du coronavirus n’ont eu qu’une faible emprise sur la Banque cantonale du Valais (BCVs), qui a stabilisé ses recettes et les résultats au premier semestre. Après 30 ans d’engagement dont huit comme directeur général, Pascal Perruchoud va quitter le groupe en mars prochain.

Oliver Schynder prendra les rênes de la BCVs en janvier, a indiqué cette dernière mercredi. Ce Haut-Valaisan - le premier à diriger la banque en 103 ans d’histoire - arrivera à la tête d’un établissement en bonne santé, à en croire les chiffres contenus dans le rapport intermédiaire.

Entre janvier et juin, le bénéfice net de la banque s’est établi à 51,9 millions de francs, en hausse de 0,2% sur un an. Le résultat opérationnel a grappillé 0,4% à 60,3 millions.

Le résultat net des opérations d’intérêt, principale source de revenus de la banque, s’est établi à 86,2 millions de francs. La hausse de 2,5% a été obtenue malgré la dégradation du contexte économique et la pression constante sur les marges.

Le portefeuille de crédits de la banque est sain, a expliqué Pascal Perruchoud en conférence de presse. Les correctifs de valeurs destinés à couvrir le risque de défaillance clientèle ne devraient ainsi pas prendre l’ascenseur. «Je suis confiant sur la seconde partie d’année, sous réserve d’une deuxième vague (du coronavirus) très forte qui toucherait l’ensemble des entreprises.»

En termes de couverture du risque de crédit, la banque ne constitue pas des correctifs de valeur «forfaitaires» mais procède à un passage en revue des positions avant de prendre des mesures au cas par cas. La pandémie de Covid-19 et son impact potentiel sur l’économie valaisanne incitent la direction à la prudence. «Nous allons renforcer cette surveillance», a souligné Pascal Perruchoud.

Pascal Perruchoud pas candidat au conseil

Les activités de négoce et celles de gestion ont également généré davantage de revenus. Le produit d’exploitation total a grappillé 0,3% à 123,6 millions de francs.

Les dépenses ont été alourdies de 2,1% à 58,4 millions de francs, selon les indications fournies par la BCVs.

Au bilan, les créances hypothécaires ont gonflé de 3,2% sur six mois à 10,68 milliards de francs, tandis que les dépôts clientèle se sont envolés de 9,3% à 10,51 milliards. La somme au bilan s’est inscrite à 17,84 milliards (+7,7%).

Pour 2020, la direction table sur un résultat opérationnel dans la moyenne des trois dernières années, alors qu’elle s’attendait jusqu’ici à dégager des résultats au niveau de 2019.

Parallèlement à ces chiffres, la banque a donc annoncé le départ de M. Perruchoud. Questionné au sujet de son avenir professionnel, l’actuel patron de la banque a simplement affirmé qu’il comptait rester «actif». Une candidature au conseil d’administration de la BCVs n’est pas à l’ordre du jour. «Je ne crois pas que ce soit un thème.»

Son successeur veut améliorer l’agilité de la BCVs, une banque universelle, en favorisant encore davantage les ventes croisées entre divisions, a-t-il confié à AWP.

La gestion de fortune doit notamment devenir un solide relais de croissance. «Nous sommes un canton touristique. Sur ces sites, il y a beaucoup de gens fortunés qui ont des résidences secondaires. Là, nous avons un potentiel qui n’est pas encore exploité», selon Oliver Schnyder. Ce dernier a confirmé l’objectif de croissance annualisée des afflux nets d’argent de 3% à 5%.

Agé de 45 ans et titulaire d’un doctorat en droit, M. Schnyder siège au comité exécutif de la BCVs depuis 2014 en qualité de responsable de la division marchés. Il a travaillé pour Credit Suisse avant d’être nommé associé dans une étude d’avocats à Berne. Avant son arrivée à la direction générale, le responsable avait siégé une année au conseil d’administration de l’établissement.

A la clôture de la Bourse suisse, la nominative BCVs s’est figée en hausse de 2,0% à 103 francs, dans un SPI en très légère perte de vitesse (-0,06%).
 

Le bras de fer se poursuit dans le dossier Alkopharma
En marge de la publication de ses résultats semestriels, la Banque cantonale du Valais (BCVs) fournit mercredi un point de situation sur l’épineux dossier Alkopharma, dans lequel l’établissement s’est retourné contre son ancien directeur général et ex-président Jean-Daniel Pappilloud. La prochaine étape n’est pas attendue avant le quatrième trimestre.
Dans cette affaire où la banque a été lésée à hauteur de 21,6 millions de francs, la BCVs a pris toutes les mesures utiles pour défendre ses intérêts ainsi que ceux de ses actionnaires, affirme-t-elle dans un communiqué. Les coûts de la procédure ne peuvent pas être déterminés à l’heure actuelle.
Le calendrier reste également flou. Les dirigeants de la banque s’attendent à recevoir le mémoire réponse de la partie adverse - donc des avocats de Jean-Daniel Pappilloud - dans le courant du quatrième trimestre 2020.
L’établissement cantonal a annoncé à fin 2018 l’engagement d’une procédure civile à l’encontre de l’ancien homme fort de la BCVs, qui a dirigé celle-ci durant vingt ans (1992-2012) avant d’en prendre la présidence entre 2013 et 2018. Jean-Daniel Pappilloud a quitté la banque après de multiples révélations dans la presse autour de cette affaire Alkopharma.
En 2009, la BCVs avait prêté plus de 85 millions de dollars au laboratoire Alkopharma, qui souhaitait acheter des molécules brevetées au géant pharmaceutique Novartis. Cet emprunt ne sera jamais totalement remboursé, le créancier ayant fait faillite. Jean-Daniel Pappilloud et l’ancien directeur d’Alkopharma étaient supposément des amis proches.
Les conditions d’octroi de ce crédit controversé ont fait l’objet d’une «enquête approfondie» menée par la société d’audit Ernst & Young, sur mandat de la banque. Les faits recueillis ont permis de mettre en cause la responsabilité civile de Jean-Daniel Pappilloud, souligne la BCVs.

A lire aussi...