Visée par une offre d’achat hostile de BBVA, la banque Sabadell a annoncé jeudi une nouvelle hausse de la rémunération de ses actionnaires après avoir engrangé des résultats en forte hausse au premier trimestre, confirmant selon elle la «solidité» de son «projet en solitaire».
La quatrième banque d’Espagne, qui espère encore faire dérailler le projet d’acquisition présenté par sa concurrente originaire du pays basque, a dégagé au total 489 millions d’euros entre janvier et mars, soit 59% de plus qu’au premier trimestre de 2024. Ce résultat a été atteint notamment grâce à une légère progression des revenus générés par ses commissions (+1%) et à une forte baisse de ses provisions (-29%), qui ont compensé l’impact sur son activité de la baisse des taux d’intérêts dans la zone euro.
«Les résultats obtenus» au premier trimestre «sont alignés avec les objectifs financiers fixés pour 2025», souligne dans un communiqué Sabadell, pour qui cette dynamique confirme «la solidilité de son projet en solitaire». Au vu de ces résultats, le groupe bancaire prévoit une hausse de 100 millions d’euros de la rémunération des actionnaires sur les résultats de 2025, à 1,3 milliard d’euros. Sur les années 2024-2025, cette rémunération atteindra 3,4 milliards d’euros.
«Nous avons un modèle d’entreprise clair, qui fonctionne avec un rendement croissant et nous donne une grande capacité de génération de capital pour nos actionnaires», souligne dans le communiqué le directeur de Sabadell, César González-Bueno. La publication de ces résultats survient alors que le gendarme de la concurrence espagnol (CNMC) a donné mercredi dernier son feu vert à l’OPA, estimant que les mesures annoncées pour «résoudre les problèmes» posés en termes de concurrence étaient «suffisantes».
Cette décision a suscité les critiques de Sabadell mais aussi des syndicats de salariés, qui s’inquiètent de l’impact de l’OPA sur l’emploi et le réseau d’agences des deux entités, mais aussi du patronat catalan, attaché au maintien d’une banque 100% catalane. Face à ces réticences, le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a lancé mardi une consultation publique, destinée à recueillir l’avis des organisations professionnelles et des associations concernées, et qui doit prendre fin le 16 mai.
L’exécutif, qui avait promis lors de l’annonce de l’OPA voilà un an d’»avoir le dernier mot», doit en effet se prononcer à son tour sur l’opération. S’il ne peut pas à proprement parler la bloquer, il pourrait décider de renforcer les conditions fixées par la CNMC, pour pousser BBVA à jeter l’éponge.